The LOST CITY of Z

Ivre de la jungle

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« A-t-on des nouvelles de Monsieur de Lapérouse ? »

dernière phrase qu’aurait prononcé le roi Louis XVI sur l’échafaud.

Les grands voyageurs, depuis toujours fascinent, même les têtes couronnées prêtes à tomber. Faisant route, à voile ou à vapeur, vers les endroits les plus reculés du globe, ils nous promettent, à nous pauvres sédentaires, de l’évasion, rêvant de monts et de merveilles. Au mépris du danger, narguant la mort elle-même (« le sel de la vie » paraît-il), ils vont, sans savoir s’ils en reviendront, comme s’ils espéraient, tout au fond d’eux-mêmes, découvrir vraiment quelque chose dont ils ne reviendraient pas. Livingstone, Lapérouse, Percy Fawcett les avaient-ils en mémoire lorsqu’il partit à l’aube du siècle précédent à la recherche de ce mythique El Dorado précolombien, sur la piste d’un Atlantide qu’il avait rebaptisé « The lost city of Z » ?

James Gray, qui en adapte l’histoire à travers le récit qu’en fit David Grann dans son livre éponyme, n’y répond que par énigme (« so much of life is mystery, my boy » dit Fawcett à son fils). Jamais il n’abat ses cartes sinon pour en montrer les lignes périmées, approximatives, sans doute tracées par quelque Conquistador enfiévré, ou par un géographe teuton mort depuis près d’un demi-siècle au moment des faits. Les cartes, c’est la grande affaire de notre civilisation. Elles tracent les limites entre les uns et les autres, entre l’ici et l’ailleurs, voire entre l’ici-bas et l’au-delà. Elles s’étendent également à la sphère sociale, délimitant aussi le cercle des fréquentations, hiérarchisant les confidences, et malheur à qui voudrait ébruiter les secrets qui pourraient déséquilibrer la balance du grand monde !

Dès notre entrée dans le récit, invités au bal viscontien du gouverneur d’Irlande, Gray nous montre que certains espaces se prétendent infranchissables à ceux qui ne montrent pas patte blanche, à ceux qui sont trop loin dans le rang. « Impossible de passer par là ! » crie un officier supérieur au fougueux Major Fawcett, fringant Charlie Hunnam ex-« fils de l’anarchie » devenu chasseur dans l’âme, qui compte pourtant bien offrir la tête de ce cerf en trophée au monarque des lieux. Tout commence par un sacrilège donc, un sanctuaire violé à l’ombre d’un sous-bois irlandais, un sacrifice sanglant qui ouvrira comme un passage vers un monde plus vaste, insoupçonné, formidable. C’est une porte qui s’ouvre sur des cabinets réservés où l’on ne l’attendait pas, où on le considère peu, où l’on espère même qu’il se perde. C’est d’ailleurs ce qui va se produire, progressivement, au fil des années, un pas appelant l’autre dans une direction dont James Gray laisse à chacun libre choix de dire si elle est bonne ou mauvaise.

Fawcett succombe ainsi à l’appel de la forêt interdite, sublimement enluminé en tableaux au teint mat saisis par ce grand peintre de l’image qu’est Darius Khondji (qui avait déjà « assombri » superbement le voyage de Marion Cotillard dans « the Immigrant »). Le récit qu’en fait James Gray se refuse en effet à briller inutilement, à jouer sur la splendeur des lieux découverts, comme si montrer cet interdit bafoué par l’explorateur pouvait aussi nous faire du tort (ou faire du tort à son film). Pas d’étincelantes cités d’or à l’horizon donc, mais une jungle épaisse et étouffante, irriguée par un long serpent d’eau douce dont Fawcett tient au tout prix à voir la queue.

Pour ce faire, Percy Fawcett abandonne derrière lui femme et enfants nés ou proches de l’être (après « American sniper », Sienna Miller serait-elle abonnée au rôle d’épouse de tireur d’élite qui déserte le foyer pour assouvir leur passion lointaine ?). S’il le fait, c’est dans un premier temps par devoir militaire, for king and country. Mais après un premier voyage, qui pourtant lui en fait voir de toutes les couleurs, ce sont d’autres motivations, plus essentielles, plus irrationnelles aussi sans doute, qui le poussent à toujours revenir sur ses pas. Ceux qui furent soumis à « l’emprise des ténèbres » de Wes Craven savent bien que, au tréfonds des forêts les plus denses du continent sud-américain, il est des dieux félins capables de s’emparer de votre âme. Joseph Conrad lui en a décrit le « cœur » dans un livre qu’adapta bien plus tard l’ogre Francis Ford Coppola (père spirituel du cinéaste qui le considère comme un « trésor national »). A l’instar de Ben Willard (ou Charles Marlow dans le livre), Fawcett et ses compagnons remonteront ainsi le fleuve des âges jusqu’à sa source, sur les traces d’Aguirre, faisant étape chez un caoutchouteux baron bolivien aux grands airs de Fitzcarrald (Franco Nero baignant dans un jus décrépit pareil à celui qui suintait aux abords de la plantation Candyland où on le croisa naguère). « La jungle a ses propres règles. Nous y sommes des envahisseurs dans un monde régi par les insectes et les serpents » constate James Gray évoquant le tournage difficile. Il confesse aussi volontiers que dans ce film l’esprit d’Herzog rôde derrière les frondaisons, prêt à souffler ses flèches empoisonnées en direction des immigrants impudents qui pensent que la jungle leur appartient. Peut-être dans cette embarcation que les explorateurs britanniques trouvent échouée sur les rives du fleuve ? A moins qu’il n’ait été dévoré par cette tribu qui se nourrit de ses anciens afin qu’ils restent conservés « en eux » (James Gray, cinéaste cannibale ?)

Mais ce Styx amazonien n’est pas le seul lieu que le réalisateur a choisi pour montrer des humains qui s’entredévorent. Le bourbier de la Première Guerre Mondiale dans lequel Fawcett sera bientôt jeté n’est-il pas lui aussi le théâtre d’une humanité qui s’entretue sauvagement afin de régler les contentieux de quelques têtes couronnées ? « La jungle est un enfer mais on s’y fait » déclare Henry Costin son aide de camp (Robert Pattinson en second rôle génialement méconnaissable sous une barbe épaisse et de petites lunettes). Dante représentait l’enfer sous forme de cercles concentriques, à chaque fois plus étroits. Chaque voyage que Fawcett entreprend lui ouvre la porte d’un milieu plus restreint, lui offre la possibilité de monter en grade, sur le plan militaire comme sur le front de la célébrité. James Gray montre qu’il n’est jamais autre chose que « a stranger in a strange land », une sorte de curiosité que ces diables savants observent avec le même étonnement que celui des Indiens des tribus amazoniennes.

Puisque le vieux monde se meurt d’orgueil, James Gray nous invite à travers cette impressionnante et magistrale odyssée à retrouver la voie de la Nature, à nous laisser avaler par elle. Il se dit qu’il est peut-être temps d’aller voir plus loin, d’aller voir ailleurs si on y est. C’est ce que firent jadis ses aïeux en route vers leur Z à eux, une cité en forme de N(ew York). « Go and look behind the Ranges — Something lost behind the Ranges. Lost and waiting for you. Go ! » disent les vers de Kipling.

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48 réflexions sur “The LOST CITY of Z

  1. C’est TOUT ???
    Et rien sur le fils ?
    Sinon, tu as tout bon ! Même s’il faut découvrir entre les lignes que ce film est une splendeur. Et je me mets l’eau à la bouche toute seule et l’envie d’y retourner me faire dévorer par Charlie… oups, par les moustiques !
    Bob Patt’ m’épate.

    Quant à la Miller… je trouve cette actrice d’une fadeur abyssale !!! Elle doit avoir un agent du feu de Dieu qui la fourgue partout au bras des plus beaux gosses de la planète. J’ai vu qu’elle s’était rendue à l’avant-première du film en culotte. Grande classe. Et je trouve son visage… comment dire, trafiqué non ? Bref, elle n’a rien à faire là qu’à sourire et pondre. Alors que j’ai lu certains critiques qui disent que ça c’est de la meuf au tempérament !!! Ah bon !
    Bref, elle n’enlève rien au film heureusement. Elle est transparente.

    Percival non mais quand j’y pense, ses parents devraient avoir le Prix Nobel du trouvage de prénom pour un fils par ordinaire. Remarque ils auraient pu l’appeler Lancelot !

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    • Le fils ce sera dans le chapitre 2. 😉
      T’es dure avec Miller. Et le sachant, j’ai passé le film à regarder les défauts de son jeu qui, soyons honnête, ne sont pas plus rédhibitoires que ceux de Marion Cotillard dans un autre film du réalisateur. Je la trouve assez digne dans son rôle ingrat d’épouse qui reste à la maison, « the cornerstone of a civilization » comme dit Fawcett dans le film, ce qui rend tout à fait paradoxal cet explorateur qui veut dépasser le sentiment de supériorité européenne tout en restant ancré en privé dans des us archaïques.

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      • Tu t’adresses à une (la seule ????) qui aime Marion Cotillard. Je trouve que cette fille ferait pleurer un caillou. Et tu sais (ou pas) que je ne suis pas un caillou mais que j’aime pleurer au cinéma.
        Et dans le dernier film (pas bon) de son chéri, je la trouve exceptionnelle : drôle, belle, touchante !

        Tu m’étonnes qu’il veut pas l’emmener dans SA jungle la fadasse 🙂

        En fait la Miller, je ne la reconnais JAMAIS. Je l’ai vue récemment dans un autre film et je me disais : mais c’est qui cette mochtronne vulgaire qui joue comme une patate ??? Ah oui le film de Ben Affleck (que j’aime aussi contre l’avis de tout le monde).

        Mais bon, elle a dû se retrouver dans le rôle de la pondeuse.

        Donc, j’aime changer d’avis mais sur la Sienna (mouarf le prénom !) tu as du boulot.

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    • Dans le rôle de Fawcett, le premier choix de James Gray était je crois Brad Pitt. trop vieux finalement pour le rôle, il passe à la prod et conseille Benedict Cumberbatch. Mais visiblement, ce dernier ne veut pas partir dans la jungle purulente tandis que sa bien-aimée accouche au pays dans la douleur (tiens ce dilemme me rappelle quelqu’un). Du coup, Gray est planté jusqu’à ce que Pitt lui mette dans l’oreille le nom de Hunnam, que Gray trouve d’abord trop ricain (bicoz « Sons of Anarchy ») avant de découvrir qu’il est… Briton. Du coup, il fait l’affaire. « Je l’ai trouvé fringant comme Errol Flynn » dit-il maintenant.

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      • Ta lecture m’a donné une sérieuse envie d’aller visionner ce film. D’ailleurs, la thématique du film m’a fait penser à cet ethnologue-photographe français; Pierre Verger qui écrivait: « la sensation qu’il existait un monde vaste ne me quittait pas, et le désir de le voir, me levait vers d’autres horizons ». 🙂

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        • Mes connaissances en ethnologie se limitent hélas à Lévi-Strauss et je n’ai pas l’honneur de connaître ce Pierre Verger. Mais son propos illustre à merveille la philosophie du parcours de Percy Fawcett.
          Merci de ton passage Vincimus ! 🙂

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      • Oui donc, quand je dis « tu sais tout », tu sais VRAIMENT tout.

        C’est quand même dingo limousine qu’ils font les affiches avec le Ben Crum’ dessus alors qu’il va pas tourner le film non ?
        Tu sais quelque chose sur cette étrangeté ?

        Et m’étonne pas que le Ben reste auprès de sa Sophie quand elle pond. Elle est autrement plus craquante que la Miller !

        Mais bon sang que oui, j’ai vu Brad au générique dis donc.

        Fringant ??? Il parle bizarre le James. Mais dégoté le Charlie, c’est un coup de génie !

        Raconte moi encore des trucs. Tu me ravis, tu m’enchantes, tu éclaires mes jours sans lune !

        PS. : et dis bien à ta femme qu’elle ne risque rien. Je suis amoureuse à tout jamais et depuis toujours d’un seul homme.

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        • Pas plus d’infos hélas sur cette histoire d’affiches, mais ça ne m’étonnerait pas qu’ils aient édité des affiches avec Cumberbatch puisque je crois qu’il a lâché l’affaire en cours de route.
          Si tu es sage je te dirai ce que pense James Gray de Sienna Miller…
          Je préviens ma femme au cas où… 😉

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          • Je ne voulais pas plus d’infos sur l’affiche mais en général…

            Non je ne veux pas savoir ce que James pense de la Sienna. Mais j’imagine que s’il l »a choisie pour le seul rôle féminin… j’ai du souci à le faire.

            Oui c’est préférable je veux pas d’ennui avec la police.

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  2. Il y avait longtemps que la B.A d’un film récent ne m’avait pas autant donné l’envie de le voir !
    Après avoir été éblouie par la superbe photographie de Darius Khondji (dont je citerai « la cité des enfants perdus » et se7en ») en plus de la lecture de ton article, pas de doute, mon âme d’aventurière s’est bien réveillée 🙂

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    • Je crois savoir que Fincher compte parmi les amis proches de James Gray, et le fait qu’ils partagent une même admiration pour ce chef opérateur de grand talent (franco-iranien rappelons-le !), n’est sans doute pas le fruit d’une coïncidence. Il a travaillé pour Jeunet, c’est vrai, mais ce n’est pas ce que je retiendrai de mieux dans son œuvre. J’ai en mémoire ses récentes participations aux films de Woody Allen, notamment la très belle lumière de « Magic in the Moonlight ». J’aime à croire qu’il est le meilleur pour nous faire partager ces atmosphères tamisées de début de siècle.

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  3. Sacré voyage que celui proposé par James Gray. J’en reviens à l’instant (mais en revient-on vraiment) et le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est un film qui va rester dans ma tête (réduite).
    Ca me donne très envie de me pencher plus attentivement sur la filmo de ce réalisateur.
    Très bel article, Prince, comme toujours 🙂

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  4. La Miller, je ne la connais pas vraiment. J’ai pas du la voir souvent, pourtant je découvre qu’elle a joué dans pleins de films – que je n’ai pas vu…

    Par contre James Gray, C’est Little Odessa, c’est The Yards, c’est La nuit nous appartient, c’est Two Lovers. Que des films que j’ai adoré, et plus il avançait dans sa filmo, plus je l’aimais ce réalisateur (bon, j’oublie de parler volontairement de The Immigrant avec la Marion qu’au final j’aime bien – mais pas dans ce film).

    Alors quand j’ai vu que le film était signé de lui, ce Gray dans une nature verte et luxuriante pour un grand moment d’aventures et de beauté de Dame Nature… j’ai foutrement envie moi aussi de me mettre torse nu et une ficelle dans le cul.

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  5. Une critique joliment tournée. J’ai moi aussi beaucoup aimé. Ce qui m’a plu en particulier, c’est que Gray fait de ce récit d’aventure un voyage intérieur. Il ne s’adapte pas au cadre du film d’aventure, c’est lui qui adapte ce cadre à son style et ses obsessions. On reconnait ses thèmes dans le film, et notamment l’importance de la relation père-fils qui se déplace au cours du récit (au début, Fawcett part pour laver le déshonneur de son nom suite à la déchéance de son père ; à la fin, son propre fils le rejoint dans sa chimère). Je développe cela chez moi de même que l’autre thème du film : la poursuite d’une chimère à la manière d’un récit d’Henry James, ce qui fait de The Lost City of Z un film très différent d’Aguirre ou Apocalypse Now.

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    • Contre toute attente, Gray parvient en effet à détourner le fleuve du romanesque vers ses thèmes de prédilection. Le versant familial (que j’ai quelque peu négligé dans mon propos je le reconnais) est effectivement bien présent, même si le versant expéditionnaire prend le pas largement. Bien moins connaisseur que tu ne l’es de l’oeuvre de James, je n’ai pas fait ce rapprochement.
      Quant aux deux références cinématographiques qui viennent forcément à l’esprit, elles constituent j’en conviens deux affluents distincts de la source profonde qui irrigue le propos de « The lost city of Z ».

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  6. Impossible pour moi de m’immerger là dedans, un Gray académique, soporifique & interminable ..
    Fawcett chez les Arumbayas dont j’attendais sans doute trop m’a carrément fait Ch…
    Il était temps que je rapplique, pitin chuis en forme là 😉

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  7. Pour être précis Prince, Brad Pitt devait l’incarner au tout début du projet quand James Gray devait en faire son film d’après Two lovers. Les fonds n’étant jamais venus correctement, Pitt est resté producteur et James Gray a fait The immigrant. Gray a ensuite réussi à relancer le projet.
    Pour le reste j’en ressors et c’est vraiment un beau film d’aventure au sens exploratif du terme. Il y a des faux airs d’Apocalypse now avec ce personnage se perdant progressivement dans la jungle au point de chercher inlassablement son but. En tous cas bien meilleur que The immigrant qui était horriblement fade et peu intéressant (Cotillard ne peut pas être un défaut aussi évident à chaque fois ;)).

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  8. Un point intéressant du film est de voir à quel point Fawcett essayer de se dégager de ses origines douteuses, des contraintes sociales et hiérarchiques de la société édouardienne (qui le bloquent dans ses ambitions), en épousant finalement une quête humaniste bien plus grande que lui et qui démontrerait la non supériorité de l’homme blanc sur l’indigène. Ceci dit, cela ne l’empêche pas de reproduire les contraintes de genre dans son propre couple, empêchant sa femme de l’accompagner et la contraignant à garder sa place, celle de gardienne de foyer et de génitrice. Elle est son point d’ancrage mais aussi celle qui attend, qui n’est qu’un lieu de passage, ou de transition, entre deux voyages. Pour ma part, je trouvais que l’actrice s’en sortait plutôt bien dans ce rôle difficile, car assez transparent. Et je trouvais qu’elle arrivait à lui donner une certaine profondeur. Pour en revenir à Fawcett, qu’il soit « chez les siens » ou chez les indigènes, on sent bien qu’il n’est jamais vraiment à sa place : il est soit « l’étranger » soit « le déplacé », dans le sens pas sur le même pied d’égalité que les autres. Sa liberté, c’est seulement dans la jungle qu’il la trouve, dans laquelle ils sont tous égaux face aux dangers qui les guettent. C’est tout de même un drame qui se joue, un peu shakespearien finalement : on n’échappe à sa famille, car il y a quelque chose qui se joue presque malgré soi et qui se transmet à la génération suivante. Il a vécu en trouvant un sens à sa vie mais le prix est très cher payé, il y a quelque chose comme de la tragédie dans l’air, mais la partition est tellement jouée en mezza voce qu’on peut passer à côté.

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    • Je suis bien d’accord : Fawcett n’est pas le même dans la jungle et chez lui. C’est un type qui cherche sa place, celle qu’on lui refuse derrière la porte lors du premier bal, celle qu’on lui conteste à la tribune de l’Académie. La finesse de l’écriture de Gray permet, à travers ces voyages allers et retours, de montrer chemin parcouru par cet homme qui peu à peu, mentalement abandonne ses origines pour une destination inconnue (celle entrevue brièvement dans le halo du générique).

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  9. Je suis tombé hier sur cet article, par hasard. Je vérifie sur Amazon Prime, et le film y est. On décide donc de le voir ce soir. Et nous n’avons pas regretté. Une superbe histoire, des thématiques que l’on retrouve plusieurs fois chez Gray (qu’est-ce qu’un père… qu’est-ce qu’un homme… ), et cette jungle… Un fort joli film, avec certains dialogues extrêmement beaux, puissants, évocateurs. Le seul point noir pour moi (c’est subjectif), c’est l’acteur principal… assez fade. J’aurais préféré Pattinson en premier rôle.

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    • Voilà qui me fait bien plaisir.
      J’ai volontairement glissé le lien vers cette chronique dans mon article sur le désopilant « Terrible Jungle » actuellement sur les écrans. Bien entendu, si l’exploration de l’Amazonie les rapproche, ils ne partagent ni les mêmes enjeux, ni la même tonalité.
      « Lost City of Z » est un grand projet, très ambitieux, qui s’éclaire davantage encore à la lueur du film suivant (le cosmique « Ad Astra ») dans lequel Gray assume pleinement s’être inspiré de Conrad. « Do not go gentle into that good night » : les vers de Dylan Thomas pourraient bien réunir l’esprit des deux films (Christopher Nolan s’en est également servi je crois pour « Interstellar »). C’est vrai que Pattinson y est formidable au coté de Charlie Hunnam, sans doute trop massif et athlétique pour l’idée que l’on se voudrait se faire du personnage. Je trouve néanmoins qu’il s’est bien approprié le rôle de Fawcett.

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  10. Oui il y a aussi cette idée d’odyssée, ce voyage qui nous embrasse/consume/embrase/dépasse… Qu’est-ce qui est important finalement ? Le trésor enfoui ou le chemin parcouru pour éventuellement y parvenir ? J’ai adoré AD ASTRA d’ailleurs. Une phrase de CITY OF Z, parmi d’autres, qui m’a beaucoup parlé : « A man’s reach should exceed his grasp ».

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