SPIDER-MAN : Homecoming

Les folles journées de Peter Parker

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Penny : Spider-man, get him Spider-man.

Sheldon : Amazing Spider-man, Ultimate Spider-man, Spectacular Spider-man, Marvel Adventures Spider-man, Spider-man 2099 ?

The Big Bang Theory, saison 2, épisode 20

L’arachnide domestique est décidément un animal bien difficile à écraser. Surgissant toujours au moment où l’on s’y attend le moins, il se faufile dans les recoins les plus inaccessibles. Et alors qu’on pense en être enfin débarrassé, il réapparaît un peu plus loin, toujours aussi fringant. Au cinéma, c’est un peu la même chose. Après avoir longtemps mariné dans les tiroirs obscurs d’Hollywood, l’homme-araignée a fini par tisser sa toile sur écran large et dans le cœur du grand public. Et après avoir fait ses mues dans un studio adoptif, le voici de retour au bercail pour un « Spider-Man : Homecoming » orchestré joyeusement par un dénommé Jon Watts.

La tâche n’était pourtant pas des plus aisées pour ce jeune réalisateur venu du ciné indé. Il fallait qu’il marche en équilibre sur un fil tendu entre deux tours (Sony et Marvel), solidement fixé d’un côté par une trilogie signée Sam Raimi, mais sérieusement usé à mi-parcours pour cause de reboot inutile. L’« amazing » héros s’est alors retrouvé suspendu au-dessus du vide en fâcheuse position jusqu’à ce que les décideurs de la « Maison aux Idées » ne lui tendent la main pour le convier à une « Civil War » qui n’était pas la sienne. C’est avec un costume bardé de technologie dernier cri que le héros réintègre ainsi ses foyers pour nous servir une story signée Peter Parker (immédiatement publiée sur le web, naturellement).

« Hey ho, Let’s go ! » C’est au son d’une fanfare rock’n’roll éminemment scorsesienne qu’on se retrouve donc à New York (« can’t you hear me knocking ? » hurle Mick Jagger avant que les faux frères Ramones ne balancent leur « Blitzkrieg bop »), une Grosse Pomme encore abîmée par la récente invasion extra-terrestre contrée par les « Avengers ». Passé ce bref retour en arrière, on s’en va fêter la fin du lycée dans une ambiance de teen comedy débridée inscrite au « Breakfast Club » de John Hugues, puisant accessoirement son humour dans les « Big Bang Theory » de l’univers geek. Plus turbulent et bondissant que jamais, le jeunot Tom Holland confirme les attentes suscitées par son bout d’essai réussi (mais hors-sujet) dans la dernière affaire « Captain America » (par ailleurs gentiment brocardé dans une série de caméos désopilants). Watts se plait à faire faire « le Clown » à ce gymnaste et danseur accompli, qui a non seulement les mensurations idéales pour enfiler le costume du plus populaire des super-héros Marvel, mais également la fraîcheur juvénile qu’on attend du personnage imaginé par Stan Lee. Mais alors, Watts up pour Spidey ?

Le scénario balaie pour l’instant les soucis existentiels de Peter Parker dans la BD (la disparition des parents, le deuil de l’oncle Ben), met en sourdine sa situation sociale compliquée (il vit seul et modestement avec sa tante May), et évacue la question des origines en quelques dialogues de transition (ah la fameuse piqûre d’araignée radioactive, « ça doit faire super mal » se dit son copain Ned). Son profil de Nerd (très cool tout de même, et sans lunettes) fait toujours de lui la tête de turc de l’indispensable Flash Thompson, mais ce dernier, avec sa tête de groom du « Grand Budapest Hotel », n’a rien du Jock de la version originale puisqu’il est intégré dans l’équipe de l’Academic Decathlon. Pour lui servir de faire-valoir, Peter Parker pourra compter sur le physique plus ingrat de son buddy Ned (Jacob Batalon qui pourrait tout aussi bien chasser les « Strangers Things »), un des premiers à être dans la confidence et qui n’aspire modestement qu’à jouer les « Geeks dans le fauteuil ».

Bien sûr, il y a toujours la fille dont Peter est secrètement amoureux, moteur essentiel et principal de la comédie romantique à travers laquelle Watts va pouvoir se fendre d’un joli clin d’œil (à tête renversée) au premier film de Sam Raimi. Celle-ci se prénomme Liz, mais la jolie mannequin Laura Harrier qui l’interprète doit cependant partager l’affiche avec une camarade issue de la pouponnière Disney Channel, la dénommée Zendaya qui campe ici une élève brillante mais farouchement indépendante. Deux profils qui cachent bien leur jeu et promettent pour l’avenir car, en ce qui concerne cet épisode, Spider-man va se voir accaparé par ses nouvelles responsabilités super-héroïques hautement périlleuses.

Pour mieux l’intégrer confortablement dans le cadre de sa nouvelle maison (et le préparer à ses éventuelles fonctions « avengeresques »), les scénaristes Marvel ont choisi de le placer sous l’aile du riche homme d’affaire Tony Stark (« du calme, je te fais pas un câlin, on n’en est pas encore là » lui dit l’impayable Robert Downey jr) et de le faire chaperonner par son chauffeur incarné par Jon Favreau (par ailleurs artisan principal de la mise en orbite du Vengeur rouge et or). Ce petit coup de push s’avérera nécessaire pour hisser le jeune héros à la hauteur de nos attentes. L’araignée Spidey monte à la gouttière mais quand voilà les plumes, Spidey tombe par terre. Car se dresse face à lui un Vautour de la pire espèce, un antagoniste bien connu des clients du rayon comics mais encore inédit à l’écran. C’est Michael Keaton, ex-chauve-souris burtonienne et « Birdman » de sinistre mémoire, qui déploie à nouveau ses ailes mécaniques pour incarner cet oiseau de malheur faisant son beurre dans les poubelles des Avengers. Associé à un Shocker à identité remplaçable et à un Bricoleur de génie, ce petit patron arbore le visage de l’Amérique amère, animée par l’envie de se venger de ses Vengeurs. Le réalisateur en fait un volatile redoutable, visuellement impressionnant, prenant toute son envergure lors de ses expéditions nocturnes.

Pas impressionné plus que ça par l’importance du budget, Watts offre au spectateur son content de scènes spectaculaires (sans qu’elles ne soient pour autant mémorables) et évite soigneusement l’émeute chez les fans. Et puisqu’on sait bien que de toute façon Peter Parker ne perd jamais, il aura suffi de quelques pirouettes humoristiques réussies pour que ce « Homecoming » célèbre dignement le retour du Spider-Man dans la maison mère.

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36 réflexions sur “SPIDER-MAN : Homecoming

  1. J’accorde mon tuba et rejoins avec toi la fanfare pour le thème d’origine réorchestré pour l’intro ! Bien vu l’allusion à Sheldon (utile ressource critique en matière super-héroïque !). Joli aussi la métaphore du fil entre deux tours !

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  2. Je rectifie, corrige, m’insurge, comme tu veux : « Birdman » de grande mémoire 🙂

    Une jolie revisite qui commence par la musique du générique télé de mon enfance… J’ai bien apprécié cette nouvelle version même si j’ai toujours eu un faible pour Kirsten Dunst. Les sauts de gymnaste de l’araignée sont bondissants et le tout fort attrayant (je n’ai pas encore vu le spider Garfield, le ferait à l’occasion). Du grand spectacle, drôle sans pourtant en mettre plein la vue.

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  3. Sympathique en effet ce nouvel épisode de Spiderman que j’ai bien aimé aussi (et c’est chouette de retrouver le thème de l’homme-araignée en ouverture en effet). Le côté teenage movie colle très bien à ce héros de proximité, même si les interrogations existentielles du personnage dans les premières BD de Stan Lee (il ratait tout ce qu’il entreprenait) sont un peu passées sous silence. Dommage que le succès soit un peu mitigé au box office US où les spectateurs préfèrent à l’heure actuelle des produits davantage calibrés et peu attrayants comme Les Avengers ou les Gardiens de la galaxie.

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    • Je préfère toute une volière de ce Charognard retors qu’une minute de plus à subir ce plan-séquence interminable et agaçant.

      C’est vrai qu’il passe drôlement bien le test le nouveau Peter. Et pourtant franchement c’était pas fait.

      Et puis une chose dont je n’ai pas parlé mais qu’Ornelune décrit très bien dans sa Kinopitheque, c’est ce jeu très marrant sur le relief new-yorkais, sur l’identité du quartier de Spiderman, son attachement (dans tous les sens du terme) à Manhattan. Le moment où on voit la petite araignée obligée de galoper dans le Queens est assez savoureux. Homecoming est donc une sympathique visite de New York en quelque sorte.

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      • Je dirais plus que Parker est attaché au Queens, quartier populaire, et non à la cossue Manhattan où trône la tour des Avengers. D’ailleurs, ici quand il monte trop haut, il a le vertige (voir la scène à Washington). Son choix à la fin du film scelle cet attachement au Queens.

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        • Oui je m’embrouille un peu dans les quartiers de New York. Parker est en effet de Forest Hills mais par contre, on le sent bien embarrassé lorsqu’il doit traverser le parc de Flushing Meadows (si je ne me trompe) dont l’arborescence contrarie ses points d’accroche habituels. Scène très drôle au passage.

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  4. Charognard c’est Inaritu ??? Ben dis donc. Moi je pourrais le voir et le revoir ce plan séquence fascinant.

    Oui c’était pas gagné. J’y allais presque à reculons. Mais se débarrasser de l’acteur à brushing était déjà un bon point gagnant.

    Belle visite de New York en effet.

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  5. Vu et revu, incapable de se sortir du giron des Avengers, un héros sans origin story mais sans aucun trauma aussi et surtout un film qui s’oublie à vitesse grand v tant finalement il ne raconte pas grand chose. Reste le méchant et l’aspect teen movie sympathique. Pour le reste, on peut repasser puisque le film reprend des choses venant de Sam Raimi.

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  6. Même si le film semble plutôt réussi (notamment les personnages de méchants), Spidey n’est pas mon personnage préféré du lot. Le film est aussi fait pour relancer le personnage et la franchise dont la Marvel avait perdu les droits.

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    • Marvel avait déjà réussi à débaucher Spidey dans « Civil war ». C’est quand même un personnage emblématique de la firme et il était normal qu’il revienne au bercail. Les 4F seront peut-être les suivants à rejoindre la grande famille, qui sait ?

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  7. Salut,
    J’ai trouvé que Spider-Man: Homecoming était un film très fun et moderne. Tom Holland s’est glissé parfaitement dans la peau de ce super héros. Néanmoins, les scènes de combats étaient parfois difficiles à suivre.

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