La GRANDE VADROUILLE

Drôles de guerre

« « La Grande Vadrouille » autorise l’amateur de cinéma sortir du « ghetto » des films de recherche, et à se mêler à tous les publics pour son bon plaisir naïf, innocent. C’est un fait qui pourrait modifier beaucoup de choses dans les conditions de production du cinéma français, écartelé entre la gaudriole de service et le risque du sublime. Souhaitons que les obstinés de la doctrine « pure et dure » le comprennent à temps : « La Grande Vadrouille » est au cinéma de divertissement ce que « Pierrot le Fou » est au cinéma d’art et d’essai. »

Henry Chapier

« Mon plus grand désir d’acteur, c’est de faire des films destinés à faire rire les enfants et les parents à la fois dans ce monde trop triste. »

 Louis De Funès

Ach, la France ! Quel beau pays. Ses grands poètes, ses peintres illustres, ses compositeurs de génie. Ses paysages à couper le souffle, ses monuments de prestige, et puis Paris ! Quelle belle prise pour les Allemands qui, durant « la Grande Vadrouille » vers l’Atlantique, purent faire réquisition de ce merveilleux patrimoine. Mais alors que se font entendre les hauts cris de ceux qui à Oury ne disent pas hourrah, les arcboutés de la critique qui hurlent au sacrilège devant une guerre où l’on ne meurt pas, monte le rire kolossal d’un public qui ne se lasse pas, et ce depuis plusieurs générations.

Bien sûr, tout n’est pas très subtil, un brin naïf, quand ce n’est pas hautement improbable. Ça saute, ça pétarade, ça ronfle un peu sous la couverture, ça se déguise en feldgendarme, ça parle fort avec l’accent, et ça saute sur des chaises à l’Hôtel du Globe. Qu’ils soient paras britons dans le ciel de Paris, ou bien bidas teutons en uniforme d’Occupation, tous apprécient la bonne chair et gouttent voir si le vin est bon. « Ach, so… Marché noir, Groβe filou ! » que ce Kapellmeister de Stanislas Lefort. Il est bien moins habile à planquer le saucisson (peut-être fourni par ce Jambier, sis 49 rue Poliveau) qu’à diriger un opéra de Berlioz. « Lorsque Louis baisse les bras et que s’éteint le prélude, l’orchestre se lève et applaudit à sa façon : en tapant archets contre violons, flûtes contre pupitre. De Funès se tourne vers moi. Il a les larmes aux yeux. Moi aussi. » clame l’écho de la mémoire du réalisateur.

Il est vrai qu’il connaît la musique De Funès, il a le sens du gag et du rythme, lui qui a commencé pianiste dans des rades interlopes. Mais le vrai maître de ballet ici c’est George Auric, qui mène la valse des péripéties avec force violons et un accordéon. Il s’agite plus qu’il ne danse le petit chef d’orchestre, il s’agace, s’emporte et vocifère, jusqu’à éveiller les soupçons même chez les plus benêts de la Wehrmacht. Mais il peut compter sur un allié de taille, un peintre en bâtiment qui chausse large mais a le cœur sur la main, même avec ce petit bonhomme qui le prend de haut et que la force des choses a voulu qu’il ait sur le dos. « Are you ? you are… » Bourvil et De Funès ne mettent pas longtemps à se retrouver (même s’ils n’ont pas de « Big Moustaches »), reformant avec bonheur le tandem acclamé dans « le Corniaud ».  Après dix-sept millions d’entrées en salle et vingt-sept diffusions à la télé, le plus célèbre duo fait encore recette ; Oury a dû pactiser avec le diable. Alors quel meilleur passeur que Méphistophélès pour leur ouvrir une échappée souterraine vers la Ligne de Démarcation ?

On en visite des monuments durant cette « Grande Vadrouille » : de l’Opéra Garnier jusqu’aux Hospices de Beaune, on distingue même la Tour Eiffel et pas très loin, le Sacré Cœur. Le diable cèdera bien vite la place aux anges à cornettes qui trimballent à l’arrière de leur camion non pas « cent mille dollars au soleil » (comme pourrait le suggérer Andréa Parisy qui cette fois tient le volant) mais un lot de coloquintes qui renverra les vert-de-gris dans leurs foyers. « [Mon père] ne voulait pas qu’il y ait de morts, il voulait que les enfants voient le film. » se souvient Danièle Thompson, une des complices du scénario). « La Grande Vadrouille » c’est « une guerre joyeuse » en effet, c’est l’échafaudage qui pactise avec la perruque poudrée, c’est la France en pleine réconciliation, c’est l’Europe qui mélange les langues (« But alors you are french ? ») et qui farandole sur le cadavre des heures sombres.

C’est la guerre des potirons, celle qui tire à côté, qui se croit chez Guignol. Que l’on soit d’âge Maternelle ou plus proche du funérarium, que l’on vive à Paris ou à « Roma » comme Alfonso Cuarón, chacun peut profiter du spectacle à son aise, et c’est quand même la France qui gagne au bout du compte. Marie Dubois est en coulisse, elle a laissé Truffaut, Rohmer, Godard à leurs Cahiers bien trop sérieux. Ici, elle illumine de son sourire mais ne se rend pas sans Résistance. La guerre n’est pas finie et l’objectif c’est la Zone Libre, un éden qui sonne comme un sésame où l’on aurait oublié Pétain et Vichy. Pas question de briser le moral, cela fera vingt ans qu’on a tiré le dernier coup de fusil. Le temps est venu de la « grosse grosse rigolade », n’en déplaise à Monsieur Bory. « Le rire, le vrai, c’est autre chose » autoproclamait l’expert dans les colonnes de l’Observateur. Certes, le rire n’est pas forcément le bigleux qui tient la mitrailleuse, ou le pot de peinture qui éclabousse le Nazi. Le comique peine parfois au décollage (« il manque l’hélice hélas, c’est là qu’est l’os »), mais le coup de la perruque nous arrachera toujours le sourire (« Quel toupet ! »). Et puis il y a Dédé Bourvil, et ses chaussures, et son vélo…

Peut-être le costume n’est pas toujours sur mesure, mais il y a bien un peu de Laurel & Hardy dans cette carapate en scope et en Eastmancolor, et pourquoi pas même du western survolé par « la Mort aux Trousses ». Dans le brouillard des Bains Turcs, on reprendra bien un « tea for two » lors d’une prochaine diffusion.

61 réflexions sur “La GRANDE VADROUILLE

  1. Très bonne critique, bourré de référence amusante que je me suis plût à décortiqué. Et puis parler d’un aussi gros morceaux du cinéma français à dû être assez ludique, n’est-ce pas ? Dommage que malgré mes efforts, je ne parviens pas du tout a adhérer, à ce film, ni à aucun autre DeFunes, excepté 3 œuvres. L’ail ou la cuisse (Mais c’est surtout par rapport à Coluche), Oscar (Parce que les dialogues sont géniaux) et Rabbi Jacob (Nostalgie total). Il me semble qu’il s’agît de la dernière collaboration entre lui et Bourvil ?

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    • Merci, effectivement ce fut un vrai plaisir que de repartir en vadrouille avec ces deux-là et gribouiller quelques idées rencontrées en chemin. 😀
      Funès ne passe pas chez tout le monde, ce fut le cas pour moi durant une période et puis finalement je m’y suis remis, suite à une excellente émission de France Inter animée par JB Thoret qui faisait une analyse comparée avec Tati. Et puis l’exposition actuellement visible à la Cinémathèque à Paris (que je recommande pour petits et grands) aide aussi à se replonger sur le sujet, à revoir ses films multidiffusés sous un autre jour, recontextualisés.
      Oury n’est pas le plus manchot de ceux qui l’ont fait tourner, en terme de sens de la comédie (il y a ici une bonne dose de moments cultes). Je constate que tu sauves « les aventures de Rabbi Jacob » tout de même (sur lequel j’ai écrit également un article sur le Tour d’Ecran), qui pourtant présente les mêmes qualités et limites formelles que cette « Grande Vadrouille ».
      Ce sera en effet la quatrième et dernière rencontre du duo Bourvil/de Funès (cela m’amène à une pensée pour Annie Cordy qui vient de nous quitter hier, et qui tourna avec les deux acteurs dans « Poisson d’avril »). Bourvil aurait dû jouer dans « la folie des grandeurs » mais il décédera entre temps. « Bourvil était non seulement un remarquable comédien mais un homme extraordinaire et un ami fidèle. Il laisse un grand vide derrière lui… » declarait De Funès dans le journal Le Soir Illustré du 24 juin 1971. Il avait pensé à Darry Cowl pour le remplacer mais ce sera finalement Montand. Curieux choix (« Blaze, mon valet, vous êtes trop grand ! « ), auquel on a fini par s’habituer.

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      • Merci pour toute ses anecdotes super intéressantes que j’ignorais, il est vrais que je me suis intéressé que partiellement à la vie de De Funes, au contexte de ses films, bien que je sache tout de même deux ou trois chose, notamment sa relation tendu avec Jean Marais sur Fantomas, la jalousie de ce dernier qui se faisais de plus en plus volé la vedette par l’énergie débordante de De Funes. J’ai aussi entendu dire qu’il aurait du jouer Astérix, mais comme il refusais de porter la moustache du petit gaulois, le film a été annulé. Je jetterais un coup œil à ta critique sur Rabbi Jacob, merci encore pour tes articles et les échangent instructives que nous avons.

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        • Mylene Demongeot s’est largement étendue sur ces tensions dans Fantomas entre Marais qui était censé être la star du film et ce commissaire joué par un De Funès qui lui vole la vedette. Je crois qu’il y a eu quelques coups bas d’ailleurs.
          J’ignorais qu’il devait jouer Asterix. Un peu vieux quand même.
          Il devait aussi jouer dans « Papy fait de la Résistance ». Le film lui est d’ailleurs dédié.

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          • Oui il est mort juste avant que le tournage ne débute il me semble et c’est du coup son compère des Gendarme, Michel Galabru qui le remplace. Pour Astérix c’est Uderzo lui même qui est aller le chercher, dommage que De Funes ai fait son capricieux, j’aurais bien voulu voir le résultat, même si ça n’aurais pas était du grand cinéma a mon humble avis. Y a qu’à regarder ceux qui sont sortis depuis, hormis le Chabat, c’est tellement inintéressant, juste un défilé de stars qui viennent montrer leurs visages. Pas étonnant qu’Astier sois revenu a l’animation quand il a repris la licence.

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  2. J’aime ce film et encore maintenant, Oury dédiabolise l’allemand, le rend sympathique c’est vrai mais c’est réalisé avec subtilité même si l’histoire etc!!! Le duo fonctionne très bien pour ma part et je suis un fan de Louis de Funès, j’habite tout près du Cellier (Loire-Atlantique 44) ou il est enterré et de son Château de Clermont 😉👌🏻

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    • Tu es donc un « voisin » de Louis de Funès ! Il aimait beaucoup je crois se retirer dans cette propriété, passait beaucoup de temps à jardiner, à profiter de ses petits enfants. Contrairement à ce que beaucoup pensent, Funès était un type assez triste, et plutôt solitaire. Pas vraiment un homme habitué à être sous la lumière (il suffit de le revoir, presque gêné d’être là, lors de la remise de son César d’honneur). Il s’en confessait d’ailleurs en interview. La façade d’artiste lui permettait de conjurer cet aspect de lui-même.
      « La Grande Vadrouille » possède d’ailleurs une étonnante part de vérité biographique sur l’acteur (qui passe pour la première fois au premier plan devant Bourvil) : il n’a pas été mobilisé pendant la guerre contrairement à son frère qui sera tué en 40, et il exerça durant cette periode le métier de musicien, plus pianiste de bar que chef d’orchestre (encore qu’il aimait à dire que sa musique aidait à rythmer les querelles entre les clients 😉).

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      • C’est tout à fait cela Prince sur les habitudes et la vie hors tournage de Mr De Funès, il avait même confessé devant le jeune animateur à l’époque en 1976 Michel Drucker qu’il aurait aimé jouer dans le cinéma « muet », il était fan de charlie chaplin, cela explique notamment son jeu de scène avec une gestuelle assez élaborée 😉

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  3. Bon jour,
    Diantre,un beau billet (comme toujours d’ailleurs) sur ce film français incontournable…
    Je me rappelle un article du journal Le Monde, il y a au moins une trentaine d’année qui dénigrait de Funès d’une manière insoutenable …et je ne relis ce journal que depuis quelque temps … c’est pour dire à quel point j’aime beaucoup cet acteur …
    Actuellement Louis de Funès est à l’honneur du 15 juillet 2020 au 31 mai 2021 à la Cinémathèque française. De tous les acteurs comiques d’une certaine génération (Bourvil, Fernandel, Darry Cowl, …) il ne reste que lui « en piste » pour faire sourire, rire la génération d’aujourd’hui.
    Je loge en face du Cellier et je suis allé sur sa tombe (caveau familial du côté de son épouse) tout de ce qu’il y a de plus sobre … comme l’était l’homme dans sa vie privée …
    Bonne journée 🙂
    Max-Louis

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    • Bonjour Max-Louis,
      Et merci pour ce partage. Je recommande également cette très ludique exposition sur Louis de Funès actuellement visible à la Cinémathèque. Elle nous permet de mieux envisager la carrière de cet acteur de génie qui n’a obtenu de succès que sur le tard. Bourvil l’avait obtenu avant lui, il était d’ailleurs la tête d’affiche du « Corniaud ». Et puis finalement De Funès a fini par emporter le morceau avec ses personnages pourtant toujours fort désagréables.
      Il transparaît aussi dans l’expo que De Funès n’était pas un acteur tres facile à diriger. Molinaro n’en gardera pas un bon souvenir après le tournage d’Oscar.
      Il était en revanche très discret dans sa vie privée, sans doute plus heureux dans son repli du Cellier que sur les plateaux de télévision.
      Très bon week end.

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  4. Merci pour ce très beau billet en faveur d’une comédie française faisant partie de mon patrimoine cinéma. Si cette guerre pour de rire (ou presque) ne fait pas de victimes, elle touche son spectateur au coeur ou aux zygomatiques, grâce à ses deux interprètes.

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  5. Très bonne chronique amusante. Au risque de me faire lyncher, j’avoue ne pas apprécier De Funès, bien trop extravagant, remuant pour moi. Bien trop tout, simplement. La Grande Vadrouille est l’un que je supporte le mieux avec Rabbi Jacob. Je lui préfère et de loin la subtilité d’un Peter Sellers…

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  6. Bravo Princecranoir, très beau post, très émouvant. Je souscris bien entendu à ton enthousiasme et suis content de voir que le cinémathèque rende hommage à un acteur comme de Funès (malgré les ce qu’en dit Bory qui sur me coup-là, me semble à côté de la plaque).

    J’ai une anecdote pour toi (à moins que tu la connaisse déjà) que j’aime bien (donnée par Oury lui même): la tournage de La grande vadrouille n’a pas été simple pour Oury pour une raison particulière.

    Bourvil est un acteur instinctif qui est en général très bon dès la première prise, pour, comme c’est normal, perdre un peu de sa spontanéité dans les prises suivantes.

    De Funès, c’est l’inverse, c’est un acteur qui a en général besoin de quelques prises pour se roder.

    Dans Le corniaud, cela n’a pas posé de problèmes vu que les deux acteurs ne jouaient presque jamais ensemble. Pour La grande vadrouille, c’est précisément l’inverse et il a fallu pas mal de doigté à Oury pour obtenir le meilleur de ses acteurs en même temps . Amusant non ?

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    • Merci beaucoup,
      Bory était encore plus virulent vis-à-vis du Corniaud lors d’une séance du Masque et la Plume. Il s’en prend principalement à Oury d’ailleurs, dont il conteste le moindre talent, et l’incapacité de mettre à profit le talent de ses acteurs.
      Et pourtant, comme ton anecdote le souligne, ce n’était pas une mince affaire que de diriger ces deux monstres de comédie aux tempos non-alignés. On peut dire qu’il aura su tirer le meilleur de l’un comme de l’autre. Quatre films avec de Funès (le cinquième intitulé « le Crocodile » n’aboutira jamais) qui forment quatre piliers de sa célébrité.

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  7. Je suis un inconditionnel de De Funès qui a rendu regardable et parfois hilarant nombre de films moyens par sa seule présence, par son talent d’histrion monté sur ressort. C’est d’ailleurs le seul comédien français de son époque qui continue à faire rire les enfants aujourd’hui. La Grande Vadrouille est peut-être le meilleur film dans lequel il ait joué, continuant d’enchanter petits et grands, et le plaisir que tu as pris à revoir le film transparait dans ton texte.

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    • Le meilleur, je ne sais pas vraiment. Je trouve Rabbi Jacob plus intéressant. Pas tant sur le plan de la mise en scène, Oury misant avant tout sur le rythme des gags plutôt que sur l’inventivité formelle. Mais je trouve que le croisement de la France raciste sans en avoir l’air, la communauté juive, le monde arabe, malgré le trait grossier, tentait quelque chose. La réconciliation à souvent été au cœur des films de Oury (caster Suzy Delair pour jouer la femme de Pivert n’était sans doute pas innocent).

      La Grande Vadrouille tente de rendre la guerre joyeuse, d’en effacer les douleurs. Pourtant, on sait bien qu’elle a meurtri tout le monde, à commencer par la famille Oury de confession juive, De Funès qui perd son frère en 40, et pui il y a l’histoire terrible de Marie Marquet qui joue la mère supérieure dans la Grande Vadrouille. Oury raconte qu’elle avait demandé au gouverneur allemand de Paris d’arrêter son fils juste pour lui faire peur car il frayait avec la Résistance. Il s’est finalement retrouvé à la Gestapo, fusillé le lendemain de son arrestation. Elle ne s’en est jamais remise.

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      • Évidemment, s’il s’agit de se demander ce qu’Oury à essayé de faire, Rabbi Jacob, pour lequel j’ai une affection particulière pour plusieurs raisons, est plus intéressant. Je m’en tenais au plan cinématographique ( La Grande Vadrouille, comédie familiale certes flatteusement franchouillarde et sans prétention sur le plan des idées, a une direction artistique et une photographie de grande qualité, supérieures à celles de Rabbi Jacob pour le coup, sans parler du découpage très réussi qui donne au film un rythme qui ne se dément pas).

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  8. It’s a sympathique movie !
    J’avais vraiment beaucoup aimé en le découvrant assez tardivement … je me souviens notamment d’une scène où le duo est habillé en allemand et qu’un mec qui les voit en parlant des allemands dit « voilà qu’ils s’arrêtent entre eux » j’avais bien ri.
    Bref, ce cinéma de guerre « à la française » marche bien je trouve, c’est un peu comme si on avait tenté de faire ce qu’a fait « la vie est belle », dédramatisé la guerre.

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    • Dans le cas de Benigni, qui a aussi ce côté clown, c’est plus problématique encore car il touche aux camps de la mort. Oury ne franchit pas ce pas. Il se contente de faire passer les uniformes allemands pour des nigauds, repeint la noire Gestapo en vert Raoul Dufy, sa couleur favorite qui engluera plus tard le chewing gum de Rabbi Jacob.

      La scène que tu évoques est très drôle en effet. C’est Paul Préboist qui joue le pêcheur qui rigole. Comme tu dis, ça marche toujours. 😂

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      • Oui en effet la « comparaison » n’est peut-être pas très juste en ce qui concerne le film français Benigni.
        En tout cas, il y a un courant cinématographique de drôlerie de la guerre en France … même jusqu’à récemment lorsque le Palmashow a réalisé le film « la folle aventure de max et leon ». Ça mériterait même de se poser pleins de questions sur cet aspect là du cinéma français 😊
        Est-ce qu’on tourne en humour ce sujet parce qu’il y a une sorte d’ambiguïté sur notre victoire ou non dans de conflit ? 😉😁

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  9. Arrête ton char… bidasse ! 😄 Bizarrement, cette grande vadrouille n’est pas mon Oury favori…
    Je prends plus de plaisir à revoir « Le Corniaud » dont la mécanique est si bien huilée qu’elle confine à la perfection. Je trouve que le duo De Funès/Bourvil fonctionne mieux à distance, séparé l’un de l’autre. Dans « Le Corniaud », ils ont finalement très peu de scène en commun et chacun a suffisamment d’espace pour déployer son génie comique. Ce qui n’est pas le cas dans « La Grande vadrouille » où les deux géants sont toujours (et littéralement) l’un sur l’autre…
    Et puis, à l’instar du « Cerveau », le rôle tenu par Bourvil dans « La Grande vadrouille » est un peu ingrat, en déséquilibre avec son partenaire. Au moins dans « Le Corniaud », son personnage évolue et le cave finit par se rebiffer…
    Quoiqu’il en soit, merci pour ce texte dont le brio trahit peut-être une envie secrète : rejoindre le commando des « inglourious basterds au clair de lune »…

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    • Oh, grand merci à toi pour ce compliment. 🙂
      « Inglourious Bastards au clair de Lune », je signe de suite.

      Tu serais donc plus Rossini que Berlioz…
      C’est vrai que l’association De Funès/Bourvil prend ici davantage de place que dans le précédent où chacun avançait sur sa voie. Je trouve néanmoins que la collision des deux (deudeuche contre Bentley dans le Corniaud, dans le bain Turc pour la Grande Vadrouille) fait des étincelles.
      Pour continuer dans le registre des anecdotes, il faut se souvenir que le scénario initial était Lili et Lulu, et aurait dû mettre en scène deux personnages féminins (interprétés respectivement par Anna-Maria Pierre Angéli et Marisa Pavent), et puis à la fin on a un chef d’orchestre et un peintre en bâtiment. Et dix-sept millions d’entrées.

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      • Je ne connaissais pas cette anecdote (ce qui me fait penser que Danièle Thompson a aussi écrit une suite féminine aux « Aventures de Rabbi Jacob »). Merci pour l’info.
        J’espère que tu continueras d’explorer pour nous l’œuvre de Gérard Oury. J’attends notamment des chroniques sémillantes sur « La Soif de l’or », « Fantôme avec chauffeur » et son remake du « Schpountz ». Chiche ? 😁
        Et je te souhaite une bonne soirée : Arte diffuse le magistral « La Poursuite Impitoyable » d’Arthur Penn.

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        • Ce sera en replay, je ne suis pas dispo ce soir pour ce film que pourtant j’adore. Et la musique de John Barry…

          C’est déjà mon deuxième du réalisateur sur le Tour d’Ecran. A mon rythme, on frise la rétrospective. 😉
          Je vais laisser de côté les œuvres tardives et me concentrer sur les vieux classiques. D’ailleurs, il en est un qu’il me plairait de découvrir, celui qu’il écrivit pour Cayatte, avec Bourvil déjà, et sa future épouse Michèle Morgan, « le miroir à deux faces ».

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  10. J’aime ce film, j’aime ce duo.
    Forcément avec le temps… mais j’aimerais me souvenir de la 1ère fois où je l’ai vu. Ça devait être quelque chose de découvrir ces acteurs et cette histoire.
    Mes petits l’ont vu et adoré.
    Chaque année (sauf cette année…) quand je vais à Beaune, j’aime revoir les murs décorés, les livres 6a la gloire du film et les hospices.

    Combien vous chaussez ?
    Du comme vous. 🙂

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    • Tu traînes chez moi pendant que je vais rôder chez toi, dis-donc…

      Revenons à la Vadrouille : Comme toi, je serais bien en peine de me souvenir de mon tout premier visionnage du film. Il fut sans doute précédé d’un « ils passent encore la Grande Vadrouille ? on l’a déjà vu dix fois ! » par mon père. A l’époque pourtant, j’avais bien ri. Maintenant ce mes (grands) enfants qui rient en le voyant. Et mon fils musicien est évidemment très fan de la fameuse scène de répétition (« C’est de la bouillie tout ça ! c’était pas mauvais, c’était très mauvais ! »)
      Bref, un film qui trouve chaussure à ton pied. Alors moi je dis : « champagne pour ces hommes. Femme jamais commander, mari porter culotte même quand culotte trop large. »

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  11. ‘La Grande Vadrouille’, un de ces films découverts pendant l’enfance et qui m’accompagne encore aujourd’hui avec le même plaisir. J’ai d’ailleurs pu le redécouvrir il y a 4 ans au cinéma. Une claque ! Le rire est bien un art noble, car difficile et nécessaire.
    Tu penses connaitre le film par coeur, mais en fait le grand écran change l’expérience. Les acteurs sont là, devant toi. L’oeil se balade dans tous les coins de l’image, comme par exemple pendant la scène des chaussures. Là j’ai pu m’attarder dans l’arrière-plan de ce coin de campagne, découvrir une maison ou un autre détail que je n’avais remarqué sur un écran TV. Et l’année dernière c’était au tour du ‘Corniaud’.

    Et 2020, malgré le Covid, permet de redécouvrir les classiques dont les films de De Funès avec des rétrospectives à la Cinémathèque (pour les Parisiens) ou sur les chaînes cinéma (c’est mon cas). Avec en complément de passionnants documentaires (même Paris Première en propose un en replay) et de nombreux ouvrages en librairies. De Funès comme successeur d’un Buster Keaton, c’est une évidence, tout comme Jacques Tati. Le corps s’éclate et dit autant voire plus que des pages de dialogues. Et surtout, le langage corporel parle à tous, petits ou grands, Français comme spectateurs du monde entier.

    JB Thoret a défendu avec justesse ‘La soupe aux choux’ dans Mauvais Genres (France Culture) et ça fait du bien d’entendre un critique (pas le plus mauvais en plus) défendre cette oeuvre trop méprisée, souvent qualifiée de vulgaire par des gens qui n’ont rien compris ni rien vu. Alors qu’on y voit des paysans dépossédés de leur terre pour construire un centre commercial. On y parle de la vieillesse, de la mort et de la jeunesse qui veut profiter de la vie. Bref, il y a de quoi faire pour qui veut s’en donner la peine.

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    • Très bel éloge, parfaitement complémentaire à l’article.

      Enfin, Louis de Funès obtient ses lettres de noblesse ! Ça laisse beaucoup d’espoir à Dany Boon 😉
      Blague à part, il y a longtemps en effet que Thoret défend l’idée d’un Funès complément de Tati, voire un Toto à la française. Il complète en disant qu’il n’a hélas pas rencontré son Pasolini. Effectivement, les noms de Molinaro ou Oury (pour ne citer que les plus « gradés ») n’ont sans doute pas bénéficié du prestige suffisant pour élever le comédien à la hauteur de son talent. Même Serge Korber, pourtant issu de la Nouvelle Vague (il écrit des paroles à la belle Cléo de 5 à 7), à bien tenté de le mettre sur un arbre perché mais n’a jamais remporté le suffrage des critiques.

      Et puis il y a l’essai Molière sur le tard, « l’avare » dont il co-signe la réalisation. Un projet qui lui tenait à cœur (qu’il avait pourtant déjà bien abîmé après les aventures de son Rabbi Jacob), mais échec encore. J’ai prévu de le revoir pour me faire une idée.

      Des films à revoir en condition, je suis d’accord avec toi, sur grand écran, le format pour lesquels ils ont été pensés. J’ai pris plaisir à revoir la Grande Vadrouille sur un grand écran (mais pas en salle), et ce fut presque une expérience inédite. Pour rire, mieux vaut voir les choses en grand. 😉

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      • Tiens, tu parles de Serge Korber. J’ai redécouvert ‘Sur un arbre perché’ et je trouve le film assez audacieux : enfermer De Funès dans une voiture avec ses deux partenaires (Oliver, le fils, et une toute jeune Géraldine… Chaplin, ce n’est pas un hasard) pendant presque tout le film. Fallait oser et ça fonctionne bien. Par contre je suis moins fan de la tentative de comédie musicale ‘L’homme orchestre’. Serge Korber, je connais mal mais je vois que j’ai de lui un dvd avec Brigitte Lahaie : ‘Ta gueule je t’aime !’. Tout un programme. 🙂

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        • Korber/Lahaie, le programme est tentant ! Faut savoir que Korber n’est pas à son coup d’essai dans l’érotisme. Voici ce qu’il raconte dans un interview à Alain Kruger : « C’est là qu’on a eu ce déjeuner avec toute la bande : Chabrol, Truffaut, Doniol-Valcroze, de Givray, … Il y a eu ce pari stupide : un de nous devait faire un film porno pour faire avancer la censure. C’est moi qui ai été choisi. Truffaut a dit : « Tu as fait un film avec de Funès, tu peux bien faire un porno ! » Et j’ai fait « l’Essayeuse ».

          Je ne suis pas fan de « sur un arbre perché ». Je l’ai vu il y a longtemps, mais j’avais l’impression que le talent de Funès s’y trouvait à l’étroit, contraint par le jeu d’équilibrisme de la situation. La présence de Géraldine Chaplin est loin d’être anodine, mais il semble qu’elle soit davantage un concours de circonstance. Korber avait réussi à décrocher Shirley McLaine pour le rôle, mais elle avait une trop grande différence d’âge avec Olivier de Funès. Géraldine Chaplin fut finalement choisie.

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      • Encore un mot sur ‘L’Avare’. Excellente adaptation de Molière, je trouve. Tournage en studio, en extérieur, avec même des décors peints comme à l’époque du muet ! Et comme à chaque fois, la vedette est très bien entourée (Galabru, Claude Gensac…). De Funès c’est une troupe. Dans chaque film. Il vient d’ailleurs de la scène avec les Branquignoles, après avoir fait le pianiste dans les bars.

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        • Tu as raison, De Funès, c’était un homme de troupe (un feldgendarme en l’occurrence 😉 ). Il y eut les Branquignoles, la troupe de Robert Dhéry, c’est vrai. Et puis ensuite ce fut une certaine fidélité à bon nombre d’acteurs : Galabru, Gensac, son fils Olivier qu’il mettra plusieurs fois à l’écran, mais aussi Paul Préboist, Maurice Risch,…

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  12. Un des films phares de Gérard Oury avec son mélange d’aventure, de guerre et de comédie, avec son lot de personnages attachants. Une époque où un film français cher valait bien son coût. Aujourd’hui avec des cas comme Boon on se demande où va l’argent.

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