L’histoire prend fin

« Si quelqu’un me demandait si je me sentais comme un artiste, j’aurais un sentiment étrange, parce que je ne sais pas vraiment. Qu’est-ce qu’un artiste ? C’est peut-être quelqu’un qui produit quelque chose de beaucoup plus intime qu’un film, plus comme un compositeur, un écrivain ou un peintre.
Ma passion, c’est de raconter une histoire. »Wolfgang Petersen (1941 – 2022)
Mais qui est donc le petit garçon qui regarde avec tendresse ce dragon volant à tête de gros chien assoupi ? Derrière ce personnage d’Atreyu créé par Michael Ende pour son roman jeunesse « L’Histoire sans Fin », il y avait un grand armateur d’imaginaire. Wolfgang Petersen n’était peut-être pas le Mozart du septième art, mais il avait un goût certain pour les voyages en cinéma, capable de transporter le spectateur depuis les rivages homériques jusqu’aux confins de l’univers, et cela même « en Pleine Tempête ».
Bien sûr il y eut Fritz Lang, Lubitsch ou Douglas Sirk. Nombreux furent les cinéastes allemands à venir faire briller leur étoile à Hollywood. Mais avec l’avènement du grand divertissement moderne, passé la tempête Lucas-Spielberg, ils furent bien peu de champions teutons pour reprendre le flambeau. Avant que Roland Emmerich ne casse la baraque, c’était bien Wolfgang Petersen le grand représentant du film d’action de qualité allemande. C’est à bord du sous-marin « Das Boot » qu’il avait su séduire l’Amérique, y raflant au passage quelques Oscars. Il y a débarqué comme les Grecs à « Troie », en conquérant. Il y croisera la route des plus grands : de Clint Eastwood à Brad Pitt, de Dustin Hoffman à Harrison Ford. Des rencontres parfois étonnantes comme celle de ces « Enemy », Robinsons à couteaux tirés pour une fable science-fictionnelle à portée philosophique. Ce grand conteur vient de clore son dernier chapitre, mais il savait, comme nous tous, que les histoires de cinéma jamais ne prennent fin.

C’est presque de la poésie…..
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Ses films inspirent à l’évasion par les mots.
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J’ai cru au début que ce serais une critique de L’Histoire sans fin, un film tellement culte pour nombre de spectateur dont je fais partie. Mais ton hommage à la fois court et direct à ce réalisateur qui aurait pu être le concurrent de Spielberg est génial. Ce n’est pas aussi merveilleux que le monde de Fantasia, aussi touchant que la romance interdite entre Hélène et Paris ni aussi impressionnant que la descente du Poséidon dans les abimes. Toutefois c’est sincère et poétique, a l’image du cinéma de Wolfgang Petersen. Il va beaucoup nous manquer et j’espère que les gens retiendront enfin son nom.
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Merci.
Tu as raison de rappeler les belles qualités de ce réalisateur.
Tu trouveras la critique de « l’histoire sans fin » si tu cliques sur le titre dans le corps du texte. 😉
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Ou bien là : https://letourdecran.wordpress.com/2020/07/20/lhistoire-sans-fin/
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« Mais qui est donc le petit garçon qui regarde avec tendresse ce dragon volant à tête de gros chien assoupi ? »
Vos chroniques sont toujours pleines d’humanité, merci de votre regard aiguisé-pas-acéré !
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Merci beaucoup 😊
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C’est bien dit et bien écrit.
« Wolfgang Petersen n’était peut-être pas le Mozart du septième art, mais il avait un goût certain pour les voyages en cinéma, capable de transporter le spectateur depuis les rivages homériques jusqu’aux confins de l’univers, et cela même « en Pleine Tempête ». »
Pas un grand réalisateur, mais en fait, qu’est-ce qu’un grand réalisateur ? Wolfgang Petersen m’a fait rêver, voyager et ce à différentes époques de ma vie. C’est sans doute qu’il avait quelque chose de grand – l’imagination, le cœur, l’envie… et après tout, peu importe. Merci monsieur Petersen.
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Merci.
C’est vrai que, quand on reprend tous ces films qui jonchent sa carrière, on s’aperçoit qu’on en a vus une bonne partie. On ne les a pas tous admirés mais ils ont quand même marqué les esprits. Et c’est avec un certain plaisir qu’on repart pour une « Histoire sans fin », pour un tour « en pleine tempête » ou même en guerre à « Troie », film qui était alors une parabole de celle menée en Irak. Des films plus grands que nature, et c’est sans doute ce qui importe, comme tu dis.
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Ton texte, court et juste, vient rappeler ce dont le cinéma actuel manque cruellement : des conteurs. Savoir raconter une histoire qui va captiver le public est déjà un art en soit. Que ce soit sur une petite scène ou sur un grand écran.
Wolfgang Petersen n’a pas signé de chefs-d’oeuvre, mais il a fait le job. Prends-en de la graine, Oh toi Roland Emmerich, enfant terrible des jouets cassés ! 😉
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C’est sûr qu’à côyé du grand ravageur Emmerich, Petersen c’était de la dentelle. 🙂
A bien y regarder, je trouve que le talent de raconteur qu’avait Petersen, on le retrouve chez Ridley Scott par exemple. Il aura manqué à l’Allemand une pointe stylistique supplémentaire pour en faire un cinéaste admiré.
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« Le grand ravageur Emmerich ». Celle-là je la retiens. Excellent ! 🙂
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J’ai quand même vu 8 films de Wolfgang (par contre j’ai écouté toutes ses symphonies et tous ses concertos). J’ai une tendresse particulière pour Enemy. Il ne vieillit pas très bien mais quand je le revois, je suis émue.
Le bateau, Dans la ligne de mire et En pleine tempête étaient bien efficaces.
Un bon faiseur le Wolfie.
Cancer du pancréas… quelle horreur !
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A 81 ans. Mais c’est toujours trop tôt. A cet âge, Clint faisait « J. Edgar »…
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En dehors du trop tôt, c’est la souffrance et le mal être qui me révoltent/font peur etc… je suis contre.
On va mourir ok. ça ne pourrait pas être tranquillement bordel ? Genre Soleil vert.
Clint est immortel. Ah tu savais pas ?
J’ai revu Gran Torino. C’est BEAU.
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Oh oui, Soleil Vert. Comme ça on nourrira nos générations à venir. 😀
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Court, allant à l’essentiel, mais il fallait bien cela pour Petersen, un réalisateur qui malgré un ou deux écarts, ben je l’aimais beaucoup. DAS BOOT déjà, sublime et claustrophobe. L’HISTOIRE SANS FIN, qui m’a fait rêver enfant, et que j’avais revu il y a 2 ou 3 ans avec plaisir. ENEMY MINE que j’ai découvert très tardivement l’année dernière. DANS LA LIGNE DE MIRE, excellent, avec Eastwood. Même ALERTE et EN PLEINE TEMPETE ne sont pas dénués d’intérêt. Un bon voir très bon faiseur, qui prenait chacun de ses projets avec le plus grand des sérieux.
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Un excellent artisan en effet, que l’on sentait animé par l’envie de récit amples. Je pense à « Troie » en particulier, fresque homérique dans tous les sens du terme, pas complètement maîtrisée mais contenant suffisamment de séquences fortes pour impressionner.
Je crois que mon préféré reste « Enemy mine » (quoique, « Das Boot », dans mon souvenir c’est quand très fort).
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Amusant que tu sembles beaucoup insister sur TROIE, c’est un des rares films de lui que je n’ai jamais vu (et que je n’ai pas d’ailleurs). Mais du coup, j’ai une furieuse envie de retourner m’enfermer dans un sous-marin pendant trois heures là…
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Je n’ai pas une passion phénoménale pour « Troie », mais rétrospectivement, je pense que Petersen a su relever ce défi incroyable d’adapter l’Illiade (quand même) tout en jetant des ponts avec son époque (la guerre d’Irak). C’est long aussi d’ailleurs.
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Das Boot !!!
s’il ne devait en rester qu’un… J’ai envie de le revoir… La dernière fois, c’était, il y a trop longtemps…
J’ai bien aimé aussi En pleine tempête, mon envie d’être marin, probablement…
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Ja wohl !
Je ne sais pas si Petersen était un homme de la mer, mais il l’a beaucoup filmée en effet. A ces deux exemple on peut ajouter le débarquement sous les murs de Troie aux allures de 6 juin 44.
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I love Petersen’s eclectic filmography: a war movie (Das Boot), a children’s fantasy (The NeverEnding Story), a slam-bang action flick (Air Force One). That’s one versatile filmmaker! RIP
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He was sort of a golden age ecclectic director’s heir. From antic wars in « Troy » to sci-fi duel with « Enemy mine », that’s an incredible filming chart. Kind of a german expertise.
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