L’Homme qui tua la peur

Devine qui vient de nous quitter…

« À travers ses rôles révolutionnaires et son talent singulier, Sidney Poitier incarne la dignité et la grâce, révélant le pouvoir des films pour nous rapprocher. Il a également ouvert les portes à une génération d’acteurs. »

Barack Obama

Il a choisi l’aube de cette nouvelle année pour briser ses chaînes, dans la chaleur de la nuit. Sidney Poitier ne viendra plus diner. Acteur oscarisé et militant au côté du pasteur King, « Esclave Libre » pour Raoul Walsh, il restera dans l’Histoire d’Hollywood comme un précurseur, l’icône qui éveilla les consciences d’acteurs tels que Denzel Washington, de cinéastes comme Spike Lee. Au tout début de sa carrière, il fut aussi « l’Homme qui tua la peur », un petit film tourné sur les quais par Martin Ritt, avec un jeune Cassavetes pour partenaire. Lire la suite

ELLE et LUI (1957)

Aux larmes, etc…

« Sam Baldwin : Elle veut me retrouver au sommet de l’Empire State Building. Le jour de la Saint Valentin.
Suzy : C’est comme dans le film.
Sam : Quel film ? »

Tom Hanks et Rita Wilson dans « Nuits blanches à Seattle » de Nora Ephron, 1993.

Au rendez-vous des cœurs serrés, l’adresse est toujours valide : au 350 de la 5ème avenue de New York, un ascenseur vous monte au septième ciel, là où se jouent les belles rencontres ou les infortunes de la vie. Dix-huit ans après avoir fait fondre les amateurs de mélodrame avec sa « Love Affair », Leo McCarey revient au sommet de l’Empire State Building pour une nouvelle version de « Elle et Lui » plus moderne, plus ample, plus colorée mais pas moins bouleversante. Le cadre change, mais pas la vue. Lire la suite

Règlement de compte à O.K. CORRAL

Rendez-vous avec la mort

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« Même si Kirk et moi nous disputions ou nous confrontions, nous étions toujours côte à côte, nous nous comprenions. En fait ce que j’essaie de vous dire, c’est que nous nous aimons beaucoup. »

Burt Lancaster, discours hommage à Kirk Douglas pour l’American Academy of Dramatic Arts de New York, 6 avril 1987.

« La caractéristique du fait divers est que, comme l’accordéon, il peut se déployer ou revenir à des proportions plus modestes. Tout dépend de l’unité de mesure que l’on choisit. »

Jean-Louis Leutrat et Suzanne Liandrat-Guigues, Splendeur du western, Rouge Profond, 2007.

Trente secondes. Selon les experts, c’est le temps approximatif que dura la fusillade opposant le clan légaliste Earp à celui des cattle barons Clanton le 26 octobre 1881. Il faudra néanmoins quatre jours de tournage et cinq minutes de film pour que le Marshal et ses deux frères, soutenus par la puissance de feu d’un dentiste à la gâchette fiévreuse, viennent à bout des bouviers récalcitrants dans la version romanesque du « Règlement de compte à O.K. Corral » façon John Sturges. Dans ce western de la fin de l’Âge d’Or d’Hollywood, on ne se soucie guère de réalisme ou de fidèle reconstitution. C’est la légende qui s’imprime à l’écran, s’écrit grâce à un Burt Lancaster portant l’étoile et un Kirk Douglas lanceur de couteaux, unis à la vie à la mort dans une chanson de geste entêtante.

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Les SENTIERS de la GLOIRE

Allons enfants…

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« Les lauriers de la victoire flottent à la pointe des baïonnettes ennemies. C’est là qu’il faut aller les prendre, les conquérir par une lutte corps à corps si on les veut. Se ruer, mais se ruer en nombre et en masse… Se jeter dans les rangs de l’adversaire et trancher la discussion à l’arme froide… Marcher vite, précédé de la grêle des balles… Une infanterie sur deux rangs fournit la puissance des feux et la facilité de la marche… »

Ferdinand Foch, De la conduite de la guerre, 1904.

« La Patrie, c’est le sang des autres » disait le critique et scénariste Henri Jeanson qui, au sortir de deux guerres plus meurtrières l’une que l’autre, avait développé une détestation certaine de la chose militaire. C’est assurément avec une même répulsion chevillée au corps que le jeune Stanley Kubrick s’attèle à l’adaptation de ce livre d’Humphrey Cobb découvert adolescent, « Les sentiers de la Gloire ». Les médaillés s’étranglent et la France jette l’anathème sur le brûlot. Mais on n’étouffe pas aussi aisément le cri des hommes qu’on assassine.

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