FURIA à BAHIA pour OSS 117

Sacrée Mylène !

« Au fond, quand on se donne la peine de réfléchir un peu, il n’y a que l’amour qui compte dans la vie… le reste n’est que vanité. »

Mylène Demongeot, Tiroirs secrets, 2001.

Et dire qu’on l’a longtemps prise pour une belle écervelée. Son côté blonde sans doute, que beaucoup assimilaient à une sous-Bardot car elle n’avait pas eu le nez de se laisser porter par la Nouvelle Vague. Tout de même, Mylène Demongeot a tourné sous l’œil du grand Otto Preminger, de Jacques Tourneur, d’André de Toth ! On l’a même vue sur le tard nommée aux Césars pour son rôle dramatique et bouleversant au « 36 » d’Olivier Marchal. Passionnante et jamais avare d’une anecdote, elle s’épanchait volontiers sur sa passion pour Gérard Philipe, pour James Dean, pour le cinéma américain en général. Dans ses mémoires, elle savait tout autant remettre les pendules à l’heure, fustigeant l’attitude « dégueulasse » du couple Montand/Signoret sur « les Sorcières de Salem », mais prompte à encenser les numéros irrésistibles de Funès dans les trois « Fantômas ». C’est sans doute la première image qui nous revient en tête maintenant qu’elle est partie. La faute à André Hunebelle qui l’entraîna ensuite sur les traces d’OSS 117, pour une « Furia à Bahia » qui n’a pas laissé la même impression. Lire la suite

PIERROT le FOU

Rimbaud warriors

« Qu’est-ce que c’est dingue ?
– C’est moi. »

Jean Seberg et Jean-Paul Belmondo dans « A bout de souffle », Jean-Luc Godard, 1960.

Connaissez-vous Pierre Loutrel ? Un type charmant : alcoolique, criminel, brutal et déloyal, il débute une carrière de délinquant dès les années trente avant d’intégrer la Gestapo française et de commettre de nombreux crimes sous brassard nazi. Sentant le vent tourner, il finit par intégrer la Résistance en balançant quelques agents doubles. Après la guerre, il se fait connaître en tant que membre du sinistre « gang des tractions avant », devient « ennemi public numéro un » et rapidement surnommé « Pierrot le Fou ». « Je m’appelle Ferdinand ! » proteste avec véhémence Jean-Paul Belmondo dans le célèbre film signé Jean-Luc Godard. C’est pourtant l’adorable petit nom que lui a trouvé sa dulcinée Marianne au début d’une cavale échevelée et insensée qui débute avec le démon des armes et se termine sur la mer allée avec le soleil. Lire la suite

L’ESPION qui venait du FROID

Traîtres sur commande

« Même si les gouvernements pouvaient se passer d’un service d’espionnage, ils s’en garderaient bien. Ils adorent ça. A supposer qu’un jour nous n’ayons plus un seul ennemi au monde, les gouvernements nous en inventeraient. »

John Le Carré (1931-2020)

En espionnage, en temps de Guerre Froide, il y a deux écoles : celle de Ian Flemming, tout en fantasme, en exubérance, improbable, et puis il y a celle de David Cornwell, dit John Le Carré, tout en grisaille, en réalisme, en austérité glaciale. Si les deux hommes ont œuvré au Service de Sa Majesté, ils n’en ont pas retenu les mêmes emblèmes, proposant des visions du métier radicalement opposées. Cependant, tous deux furent attaqués : l’un pour ses outrances, l’autre pour son obsession des complots masqués et des trahisons larvées. L’expérience berlinoise de Le Carré a largement alimenté son premier succès littéraire, « l’espion qui venait du froid », adapté pour l’écran dans une veine grave par Martin Ritt, une histoire comme sait les écrire l’ex du MI6, anti-spectaculaire et toute en tension. Ici les espions sont sur le pont, tout prêts à basculer. Lire la suite

La colline des hommes perdus

L’incorruptible

« J’ai toujours su de quoi il était capable. John Huston, quand il l’a engagé pour « l’Homme qui voulut être roi », le savait également. Sean a toujours su jouer comme un géant. »

              Sidney Lumet

Il s’appelait Sean. Sean Connery. Grâce à lui, tout le monde aura su comment prononcer cet étrange prénom d’origine gaélique. Car bien évidemment, aux yeux de tous, il demeurera le premier à servir sous le matricule 007. « Il est presque impossible de tenter d’effacer l’image de Bond » avouait-il d’ailleurs en 89. Ce grand fauve au physique athlétique avait pourtant déjà pu prouver à de multiples reprises, et dans des genres divers et variés toute l’étendue de ses talents d’acteur : Moine enquêteur dans « le Nom de la Rose », aventurier mégalo dans le remarquable « homme qui voulut être roi », et père d’un autre dans « Indiana Jones et la dernière Croisade », et tant d’autres…. Son rôle de policier chez « Les Incorruptibles » de De Palma lui permit d’obtenir son premier Oscar,… pour un second rôle. De quoi mettre en rogne, comme ce flic qu’il interprétait dans le très sombre « The Offence » de Sidney Lumet. Le même Lumet fut d’ailleurs un des premiers (avec Hitchcock) à lui proposer un rôle puissant et traumatisant dès les années 60, au sommet de « La colline des hommes perdus. » Lire la suite