LUDWIG ou le crépuscule des dieux

Elle et Louis

« J’étais cette nuit un empereur
En rêve seulement, certes,
Et en plus, un empereur sage
Comme il y en a sans doute peu »

Elisabeth de Wittelsbach dite Sissi, Poèmes, 1887.

« Ah non, pas Sissi ! » Romy Schneider était sortie froissée d’une interview par un journaliste français qui l’avait un jour ramenée à ce rôle de jeunesse. En venant en France, elle pensait pourtant avoir laissée l’impératrice derrière elle, poignardée pour de bon. Puis, grâce à Delon, elle rencontra Luchino Visconti qui lui remit finalement le pied à l’étrier. C’est en cavalière vêtue de noir, comme portant le deuil de son immense célébrité, que réapparait Elisabeth d’Autriche, une valkyrie moderne, impressionnante et indépendante, qui mettra son cousin « Ludwig » face à son destin. Lire la suite

PAT GARRETT et BILLY le KID

Knockin’ on heaven’s door

« Moi, ce qui me tire les larmes, c’est d’entendre le cœur de Sam battre avec douceur, apaisement, sérénité (eh oui !) dans la version director’s cut de Pat Garret and Billy the kid.
C’est vrai, cet homme était un vrai monstre, mais un monstre de tendresse. »

Alain Corneau, préface de Sam Peckinpah, la violence du Crépuscule, François Causse, 2001.

Parfois, quelques notes suffisent. Un lamento de guitare flotte sur l’horizon, quelques arpèges de soleil mexicain s’égrènent sur une photo sépia qui marque la fin d’une époque. « Times they are a-changin’ » chantait Bob Dylan sur un de ses vieux albums. La phrase est quasiment prononcée telle quelle lorsque « Pat Garrett & Billy the Kid » trinquent une dernière fois ensemble à la table de « Bloody » Sam Peckinpah, western magistral et mélancolique en forme d’adieu au genre, une élégie dans laquelle le chanteur apparaît et se sent tout petit. Lire la suite

BABY CART : Le Territoire des Démons

La Voie du Loup

baby-cart-5---le-territoire-des-demons

« Ainsi s’avance Ogami, le regard ultra-concentré ne fixant que le sol. Mais, heureusement, Daigoro, son fils, ouvre constamment les yeux sur le monde et transfigure les combats les plus sanglants en un spectacle, notre spectacle, étincelant. »

Jean Douchet, La DVDéothèque de Jean Douchet, 2006.

La pratique du sabre-laser dans les galaxies très lointaines nous ramène parfois vers des régions de notre planète pour le moins inattendues. Les lames les plus affûtées auront sans doute perçu dans les aventures du fameux mercenaire « Mandalorian » et de son vert compagnon aux longues oreilles quelques éclats de western à la sauce samouraï semblables à ceux qui ébréchaient naguère la tradition du film de sabre japonais. Dans les années 70, en compagnie du « loup solitaire » Ogami Itto et de son « louveteau » Daigoro, on pouvait traverser « Le territoire des démons » comme d’autres aujourd’hui le font de planète en planète. Tel est le cinquième volet de la série Baby Cart, mis en scène comme les trois premiers par l’incomparable Kenji Misumi, ultime coup de grâce avant de passer l’arme à gauche. Lire la suite

Les aventures de RABBI JACOB

Alors on danse

rabbi-jacob-1

« Juifs, Arabes, ensemble… »

Philippe Katerine

Pourquoi les gens se détestent-ils autant ? Visiblement, le phénomène n’est pas nouveau, le communautarisme, la xénophobie, le racisme n’ont pas d’âge. Faute de connaître le vaccin qui nous immunisera de ces fléaux, mieux vaut en rire quitte à forcer le trait, et tourner ces tristes sires en ridicule comme s’amusait à le faire monsieur Molière. Ou bien encore Gérard Oury qui, dans « les Aventures de Rabbi Jacob », commet l’impardonnable sacrilège de conciliation, un exutoire nécessaire et salutaire dans un monde devenu complètement dingo. Lire la suite

L’Exorciste

Le Diable dans le détail

exorcist-2

« Est-ce qu’il t’est jamais arrivé – parce qu’à moi, oui – de penser au diable, et à tout ce mal qu’il se donne pour faire son boulot ? C’est lui qui abat tout le turbin, pendant que Dieu reste assis là à rien glander, et en retire tout le mérite. Le Diable, lui, faut qu’il se démène, qu’il soit partout à la fois, à siffler comme un serpent et à ricaner. »

Kent Anderson, Sympathy for the devil, 1987

Comment ça va l’Amérique ? Ça va mal, cela n’aura échappé à personne. Ça sent le faisandé dans la Home of the Brave et ça ne date pas d’aujourd’hui. Plutôt qu’un énième remède politique, l’écrivain et scénariste William Peter Blatty s’en remet aux vieilles méthodes, et propose carrément, à l’orée des seventies, de recourir à « l’Exorciste », avant d’en confier la cérémonie à ce dingue de William Friedkin. Lire la suite

LISA et le DIABLE

Les visiteurs du soir

lisa-1

« En devisant de la sorte, les trois amis suivaient cette voie bordée de sépulcres qui, dans nos sentiments modernes, serait une lugubre avenue pour une ville, mais qui n’offrait pas les mêmes significations tristes pour les anciens, dont les tombeaux, au lieu d’un cadavre horrible, ne contenaient qu’une pincée de cendres, idée abstraite de la mort. L’art embellissait ces dernières demeures, et, comme dit Gœthe, le païen décorait des images de la vie les sarcophages et les urnes. »

Théophile Gautier, Arria Marcella, 1897

Qui n’a jamais rêvé se perdre dans une ville inconnue à la faveur d’une déambulation touristique ? L’ivresse de se laisser porter par ses pas, de se laisser conduire par le hasard, de suivre son instinct pour partir à l’aventure dans un lieu étranger, au risque d’y faire quelque étrange rencontre. C’est l’infortune qui guette l’héroïne du film de Mario Bava, sobrement intitulé « Lisa et le Diable », avant qu’un malfaisant producteur ne lui jette un sort pour l’éternité. Lire la suite