E.T., l’Extraterrestre

L’ami qui venait d’ailleurs

« You can fly, you can fly, you can fly ! »

Sammy Cahn pour « Peter Pan », Walt Disney, 1953.

Il y a ceux qu’on croise au détour d’un raccourci que l’on n’aurait jamais dû prendre, qui débarquent de leur astronef clignotant pour désintégrer tout ce qui passe à portée de laser. Il y en a d’autres, plus sournois, « Choses » rampantes et gluantes, qui prennent la forme d’êtres humains pour mieux corrompre et anéantir. Et puis il y a des rencontres qui réchauffent le cœur et enchantent l’esprit, qui allègent les soucis en laissant croire à un monde meilleur. Cinq ans après avoir fait une belle « Rencontre du Troisième Type », la caméra de Steven Spielberg revient rôder sur les collines de Los Angeles à la recherche d’un « E.T. l’extraterrestre » planté par ses collègues au beau milieu d’une cueillette de champignons (décidément un bon coin). Elle y trouvera deux ou trois souvenirs de jeunesse, un succès populaire, un hymne universel et l’emblème d’un réalisateur en état de grâce. Lire la suite

BLADE RUNNER

Mors certa, vita incerta

« Qui est parvenu ne serait-ce que dans une certaine mesure à la liberté de la raison, ne peut rien se sentir d’autre sur terre que Voyageur. Pour un voyage toutefois qui ne tend pas vers un but dernier car il n’y en a pas. Mais enfin, il regardera les yeux ouverts à tout ce qui se passe en vérité dans le monde. »

Friedrich Nietzsche, « le Voyageur », extrait de Humain, trop humain, Chapitre IX, 1878.

 A owl in the daylight. C’est ainsi qu’aurait dû se nommer l’ultime roman de Philip K. Dick si la mort ne l’avait pas emporté le 2 mars 1982 dans sa cinquante-quatrième année. D’un battement d’ailes vigoureux, le psychopompe volatile traverse l’écran de « Blade Runner », film majeur de Ridley Scott dont l’écrivain n’eut le temps d’apercevoir que quelques extraits. « Si seulement tu avais pu voir les choses que j’ai vues avec tes yeux » dit l’androïde Roy Batty à l’un de ses créateurs. Des choses merveilleuses en vérité, titanesques et effrayantes, un futur vertigineux et visionnaire, tant de choses à voir dans ce film qui ne souffre de toute évidence d’aucune obsolescence programmée. Lire la suite

Pink Floyd THE WALL

Goodbye, cruel world

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« Pour être honnête, je n’aurais jamais dû faire « Pink Floyd The Wall ». C’est une étrange accumulation de circonstances qui m’a conduit à endosser cette responsabilité. Ce n’est pas que je suis honteux ou déçu du résultat. Au contraire, j’en suis très fier. Mais la fabrication du film a été un exercice si misérable que je ne retire aucun plaisir à m’en souvenir. »

Alan Parker, Mojo Magazine, 2010.

Dans les années 80, si un réalisateur anglais devait sortir du lot, c’était bien Alan Parker. Associé à la clique des clinquants venus du clip, sa manière d’esthétiser le drame avait su toucher le plus large des publics avec des sujets parfois brûlants : le racisme aux Etats-Unis, le traumatisme du Vietnam, les déboires d’un fumeur de haschich dans les geôles d’Istanbul, une dénonciation de la peine de mort…. La guerre, l’enfance, la folie, l’amour, tout semblait déjà cristallisé dans une œuvre fleuve né d’album phare, un film concept en forme de trip rock : « The Wall ». Lire la suite

The THING (1982)

A l’intérieur

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« Au moment où nous franchîmes la passe, les hautes régions du ciel étaient effectivement couvertes de vapeurs tourbillonnantes chargées de particules de glace, et il semble tout naturel qu’elles aient pu affecter d’étranges formes qui mirent en branle l’imagination enfiévrée de mon compagnon. »

H.P. Lovecraft, At the mountains of Madness, 1936.

« C’est le premier film qui m’a fait littéralement bondir hors de mon fauteuil. » Cette déclaration du réalisateur John Carpenter ne vaut pas pour sa version virale de « The Thing » mais bien pour « la Chose d’un autre monde », son modèle tant admiré signé Christian Nyby et son idole Howard Hawks. Il y a pourtant un océan qui sépare les patriotes du grand Nord repoussant la rouge invasion venue du ciel et les besogneux congelés dans leur base rudimentaire de l’Antarctique. La mutation opère, l’élève dépasse le maître, et le trouillomètre descend largement sous zéro.

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RAMBO : first blood

Medal of honor

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« Sur les routes, par des nuits d’hiver, sans gîte, sans habits, sans pain, une voix étreignait mon cœur gelé : faiblesse ou force : te voilà, c’est la force. Tu ne sais ni où tu vas, ni pourquoi tu vas, entre partout, réponds à tout. On ne te tuera pas plus que si tu étais cadavre. »

Arthur Rimbaud, mauvais sang, 1873

« Rambo. Compliqué, préoccupé, obsessionnel, trop souvent incompris. Si vous avez entendu parler de lui et que vous ne l’avez pas encore rencontré, il est sur le point de vous surprendre. »

David Morrell, Santa Fe, 2000.

Survivre à la guerre. La question s’est posée à tous ceux qui, harnachés, entraînés, équipés et armés, sont un jour partis en mission sur les points chauds de la planète. Combattre, échapper aux balles et aux explosions, déjouer les pièges de l’ennemi, s’infiltrer dans les tunnels, se faire prendre et tenir bon face à la torture, face aux plus atroces conditions de détention : tout ceci n’est qu’une partie de l’incroyable gageure relevée par les soldats envoyés au front. Tous ces périls, « Rambo » les a surmontés au Vietnam. Ce soldat d’exception, héros fictif né sous la plume de David Morrell, porté à l’écran par le canadien Ted Kotcheff, est devenu légende sous les traits de Sylvester Stallone. Pour lui, comme pour bien d’autres vétérans ayant versé le « Premier sang », le retour à la mère patrie n’est pas la garantie d’une éternelle reconnaissance.

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CONAN le BARBARE

Man of steel

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« L’épée qui tue le roi coupe les cordes qui maintiennent l’empire. »

Proverbe Aquilonien.

« Quand j’étais jeune, j’étais fasciné par ce monde-là, et j’ai consacré une grande partie de mes loisirs à l’étudier. Il me semble que nous pourrions y trouver des notions intéressantes, car je doute que nous ayons beaucoup gagné au christianisme. » Ainsi parlait John Milius, à propos de « Conan le Barbare ». Ce monde, c’est bien sûr celui du romancier Robert Howard qui créa dans les années 30 le personnage du Cimmérien, d’abord transposé sur script par Oliver Stone (qui d’ailleurs ne cessera de pomper à cette source pour irriguer quelques-unes de ses réalisations personnelles, « Alexandre » en tête) puis fermement repris en main par Milius. Celui-ci se l’approprie tant et si bien qu’il affirme avoir créé « un monde que je crois meilleur, plus intéressant et plus stimulant que le nôtre, un univers dont j’aimerais être le contemporain. » Lire la suite