SPIDER-MAN 2

Les tentacules ensorcelés

« Dans « Spider-man 1 », la première partie du film est réussie. On voit d’emblée qu’on avait affaire à un réalisateur ayant grandi en lisant le comic book original. On a ce feeling par ce que Sam Raimi aime vraiment Spider-man, la BD. La deuxième partie du premier épisode est juste un film de plus sur un super-héros. En revanche, « Spider-man 2 » est bon dans son ensemble. Vous savez pourquoi ? Le premier film a rapporté suffisamment d’argent pour que Raimi puisse faire ce qu’il voulait dans le deuxième. Et il l’a encore mieux réussi. »

Quentin Tarantino, propos recueillis par Bertrand Tavernier dans Amis Américains, 2008.

Dur d’être héros. On a beau se suspendre au plafond, survoler la ville au bout d’un fil, apprécier la gratitude des gens que l’on sauve et s’imprégner de l’acclamation de la foule, cela ne fait pas bouillir la marmite et n’arrange pas les peines de cœur. Dans « Spider-Man 2 », Peter Parker et sa tante May ont des problèmes d’argent et doivent quémander une rallonge à la banque à l’instar de la vieille tzigane de « drag me to hell ». Imagine-t-on un super-héros sur la paille, saisi de ses biens et de ses pouvoirs ? Quand Sam Raimi tire les ficelles, tout est possible. Lire la suite

La VIE AQUATIQUE

Le Cousteau dans l’eau

« C’est au creux d’une cicatrice que vit Bill Murray. Là, à mi-chemin entre son nez et sa bouche, dans cette demi-lune où s’incurvent les rêves, dans ce sourire inversé où s’échouent les mirages, cette balafre ambulante en forme de larme, d’où jaillissent des territoires engloutis, des poissons au visage d’enfant, des carcasses de navires sur lesquels des capitaines au sabre de caoutchouc, des trappeurs sous-marins, des prophètes sans dieu et autres chasseurs de nuages, tous ceux dont la quête d’un trésor prend la forme d’un rêve éveillé, ont choisi d’embarquer. Bill n’est pas un acteur. Il est un paysage. »

Alexandre Steiger, Sans Bill ni Murray, Editions Leo Scheer, 2020.

Des méduses phosphorescentes et des bancs de poissons roses, un iguane amphibie et une raie étoilée, des crabes rayés qui se disputent sur la plage et un bel hippocampe arc-en-ciel baignant dans un verre à champagne, le petit théâtre de « la Vie Aquatique » ne manque pas de récifs lorsqu’il est revisité par Wes Anderson. La faune qu’il observe est fort curieuse, pour le moins étonnante. Mais il ne se contente pas de rester en surface, il aime aussi sonder les profondeurs, visiter les épaves englouties qui gisent dans les abysses des personnages. En route pour un périple en miniature qui nous emmène au bout de la terre. Bienvenue à bord et vogue le navire ! Lire la suite

Fahrenheit 9/11

… Et tu retourneras à la poussière.

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« Débris de gens du monde entier. United Colors of Babel. »

Frédéric Beigbeder, Windows on the World, 2003

C’était aussi un mardi. « 8h30. Le ciel est bleu mais personne n’en profite. » écrit encore Beigbeder. Et pour cause. Un point d’incandescence s’illumine sur la planète en cette année « 2001 » si redoutée par Herbert et Kubrick. L’anticipation rejoint la réalité lorsque deux avions de ligne détournés par des terroristes percutent les tours du World Trade Center. L’évènement inaugurait « l’ère la plus dangereuse que le monde ait connu » (selon les termes du grand prédicant Rumsfeld). Un nouveau siècle débute, placé sous le signe de la grande menace, l’avènement d’un Big Brother orwellien baptisé « Patriot act ». Mais c’est à un autre grand nom de la science-fiction, la plume éminente et éclairée de Ray Bradbury, que Michael Moore a choisi de porter la température de son fracassant documentaire « Fahrenheit 9/11 ». Lire la suite