Spider-Man : New Generation

Spider-quoi ?

« N’importe qui peut être derrière le masque, l’esprit de Spider-Man dépasse l’individu. Peu importent les pouvoirs, ce qui compte c’est la personne que vous êtes. »

Peter Ramsey

Un juste au corps en lycra moulant, du rouge, du bleu, de grands yeux de biche tout blancs cernés de noir, il n’en faut pas plus pour faire un Spider-Man, quelle que soit son origine, quel que soit le bonhomme dans le costume. Dans l’univers développé il y a maintenant soixante ans par Stan Lee, l’homme-araignée est sans doute le personnage qui aura acquis la plus haute côte de popularité, et un nombre d’identités incalculable. Afin de conquérir un public toujours plus jeune, le monte-en-l’air est désormais susceptible d’enfiler n’importe quel déguisement, de changer de couleur, de sexe, d’époque et même d’espèce selon la fantaisie des auteurs. Enfant de la toile, il se trouvera naturellement projeté « into the Spider-verse » sous la palette graphique d’un trio radioactif composé de Peter Ramsey, Bob Persichetti et Rodney Rothman, trois réalisateurs qui collent aux baskets de « Spider-Man : New Generation ». Lire la suite

MIRAÏ, ma petite sœur

Il était un frère

« Vivre avec des enfants donne beaucoup d’inspiration : avant c’était des livres, des films, des conversations qui me poussaient vers la création. Aujourd’hui, le temps que je passe avec mes enfants, à jouer avec eux, à leur apprendre des choses, à les gronder même, eh bien, tout cela m’apporte quelque chose d’unique en termes d’inspiration. »

Mamoru Hosoda dans Mad Movies n°302, décembre 2016.

Depuis qu’il a fondé sa propre maison de production, les affaires prospèrent et la filmographie s’agrandit pour Mamoru Hosoda. Après « Ame et Yuki, les enfants loups », après « le Garçon et la Bête », voici qu’arrive directement de la maternité, « Miraï, ma petite sœur », dernière-née du studio Chizu (en attendant l’arrivée de sa « Belle » par chez nous). Toujours une histoire de famille, une source d’inspiration inépuisable pour cet amoureux d’Ozu et de Takahata. Lire la suite

The RIDER

un homme nommé cheval

« Je ne me sens pas vivant si je ne suis pas sur un cheval. »

Brady Jandreau invité sur le plateau de l’émission Quotidien le 13 mars 2018.

Certains pilotent des bolides, d’autres se jettent dans le vide, et puis il y a ceux qui tentent de chevaucher la mort. On connaît mal le monde du rodéo de ce côté de l’Atlantique alors qu’aux Etats-Unis, c’est une institution. Il y a les stars de la Ligue professionnelle et puis il y a toutes les vedettes locales qui gagnent leur titre de gloire dans des championnats de seconde zone. C’est plutôt là, qu’on trouvera « The Rider », un cavalier devant les éternels, qui ne vit que pour l’adrénaline des saddle bronc competitions, pour entendre les acclamations des spectateurs et quelques fragments d’extase que capture au lasso la nomade Chloé Zhao. Lire la suite

DETECTIVE DEE : La Légende des Rois Célestes

Le juge et les assassins

« Pour moi, le plus important, c’est la créativité, parce que dans le cinéma, on fait toujours la même chose. Nous devons chercher à faire quelque chose de différent, sinon pourquoi copier les autres ? Pourquoi autant de travail pour faire la même chose ? »

Tsui Hark

« Les bonheurs inattendus sont les plus grands ! »

Robert Van Gullik, meurtre sur un bateau-de-fleurs, 1960.

Cent fois sur le métier, remettez votre ouvrage. Cette maxime conviendrait à merveille à l’œuvre de Tsui Hark tant il n’aura cessé tout au long de sa prolifique carrière d’inventer des formes. Alors qu’il a atteint les soixante-dix printemps, celui que l’on surnomme le « Spielberg chinois » semble avoir rajeuni avec son nouveau héros en costume. Il a, en effet, pour le servir un chevalier des plus perspicaces, un enquêteur devenu mythique. Après avoir percé le mystère de « la Flamme Fantôme » et bu la tasse entre les griffes du « Dragon des Mers », voici désormais « Détective Dee : la Légende des Rois Célestes ». Lire la suite

Leave no Trace

Allumer un feu

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« Je suis parti vivre dans les bois parce que je voulais vivre en toute intentionnalité ; me confronter aux données essentielles de la vie, et voir si je ne pouvais apprendre ce qu’elles avaient à m’enseigner, plutôt que de constater, au moment de mourir, que je n’avais point vécu. »

Henry David Thoreau, Walden ou la Vie dans les Bois, 1854.

La civilisation humaine, pareille à celle des abeilles, s’est bâtie sur l’effort collectif, où chacun est à sa place, tel un rouage indispensable à la survie de l’espèce. D’autres comme Will et sa fille ont au contraire choisi de la jouer solitaire, de se fondre dans la nature sans laisser de traces. « Leave no trace » est le titre du troisième long métrage de Debra Granik, c’est aussi le nom d’un programme qui invite les campeurs à respecter l’environnement, pour vivre en harmonie avec la Nature. Lire la suite

A Star is Born (2018)

Rock’n’roll suicide

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« But I think more than I ought to think
Do things I never should do
I drink much more that I ought to drink
Because it brings me back you »

James H. Shelton, Lilac Wine, 1950.

« Cette histoire est faite pour être racontée tous les vingt ans. »

Barbra Streisand

A Hollywood comme ailleurs dans le monde spectacle, la célébrité aspire à l’éternel retour, histoire de prolonger la gloire d’un dernier quart d’heure. Mais en guise d’ultime tour de piste, c’est parfois un retour de bâton. Les films sont comme les artistes, ils ne renoncent jamais, ils font l’objet de revisites, de reprises, de variations sur un même thème. Les arrangements changent, la mélodie reste : « A Star is Born », et on démarre une autre histoire. La réalisation dans une main, le médiator dans l’autre, Bradley Cooper tente une ballade sentimentale sur le devant de la scène, longin’ for a change, pour mieux faire fondre son cœur de rockeur sous les vibratos d’une Lady dont il serait Gaga.

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AMANDA

Le stade de Wimbledon

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« Elvis a quitté le bâtiment. Je veux être franc avec vous. Vous le savez. Il a quitté le bâtiment. Il a quitté la scène, il est sorti par derrière avec les policiers, et maintenant il est parti. »

Horace Logan, Shreveport, Louisiana, December 15, 1956.

Dans la vie, il est des dates marquantes. Et parfois, certaines sont aussi vouées à marquer l’Histoire. Il va sans dire que les attentats du 13 novembre 2015 ont profondément bouleversé les esprits, frappant au cœur la quiétude des citadins, sonnant le glas de l’insouciance du Parisien. Petit gars de Sèvres, Mikhaël Hers en fut forcément ému, habituellement si attaché à la douceur de vivre, nourri au miel de la pop music et de la grande littérature, dont le cinéma était jusqu’alors baigné de songes mélancolieux comme il s’en invite parfois sur les terrasses ensoleillées les dimanches en fin d’après-midi. Tandis que Paris pleure ses morts, dort une petite orpheline qui s’ignore. Il l’a prénommée « Amanda ». Saura-t-il, comme à nous, lui redonner le sourire ? Lire la suite

Sale temps à l’hôtel El Royale

Incidents de frontière

BAD TIMES AT THE EL ROYAL

« J’entendis la cloche de la Mission
Et je pensai au fond de moi,
« C’est le paradis ou l’enfer »
Elle alluma alors une chandelle et me guida
Je perçus des voix au fond du couloir, il me semblait qu’elles disaient…»

The Eagles, Hotel California, 1977

Bienvenue à l’Hôtel El Royale ! Idéalement situé à la lisière du Nevada et de la Californie, partagé entre le chaud soleil de la côte Ouest et l’espoir d’une aventure à l’Est, ce charmant lieu à la décoration vintage et au confort sixties vous accueille pour un séjour de quelques heures en compagnie d’une poignée de clients de passage. Boissons et en-cas sont en libre-service dans le hall de l’établissement, ainsi que le juke-box dernier cri entièrement automatique qui vous permettra d’ambiancer les lieux selon votre humeur du moment. Vous trouverez toujours de la place à l’hôtel El Royale, « such a lovely place » dirait la bande à Glenn Frey, le réalisateur Drew Goddard s’en est assuré. Mais plus le temps passe, plus les nuages s’amoncellent et nous préparent un « sale temps à l’Hôtel El Royale », comme on en a peu vus récemment en salles.

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SOLO : a Star Wars Story

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« Vous êtes venu dans cette casserole ? Vous êtes plus brave que je ne pensais. »

Leïa à Han Solo in Star Wars, George Lucas, 1977

Si l’on remonte à une époque lointaine, très lointaine, à l’occasion d’un de nos voyages galactiques, il a pu nous arriver de croiser la route d’un bandit charmeur, d’un flibustier au grand cœur repéré pour ses talents de jeune conducteur. En une trilogie enlevée, il aura convoyé une princesse et un blondinet vers la victoire de la bonne cause. Passé un ultime épisode en forme de baroud d’honneur, Harrison Ford a définitivement remisé sa veste, son air goguenard et ses « American Graffiti » au placard d’« Indiana Jones », laissant le champ libre à son vieux camarade Ron Howard de conduire en « Solo » un nouveau flash-back sur la « Star Wars Story ». Mais en voulant exploiter le filon toujours plus près des fondations du mythe, Han, cher Han, ne vois-tu rien venir ? Lire la suite

ROMA

Et le ciel, et la Terre

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« I have been here before,
But when or how I cannot tell:
I know the grass beyond the door,
The sweet keen smell,
The sighing sound, the lights around the shore. »

Dante Gabriel Rossetti, Sudden light, 1863

« Rien ne dure sans fin ; nul souvenir, si intense soit-il, qui ne s’éteigne. »

Juan Rulfo, Pedro Páramo, 1955

Trouver le lien qui unit le ciel et la terre, ce fil invisible qui met l’homme en résonnance avec le cosmos, avec les forces invisibles de l’univers, telle semble être la quête métaphysique conduite par Alfonso Cuarón à travers son cinéma. Pour ce faire, il explore tous azimuts, tout droit vers « les grandes espérances » ou dans un futur sans perspective (« les fils de l’homme »), dans les arcanes d’un monde magique (« le prisonnier d’Azkaban »), se projète en orbite, aux frontières du néant (« Gravity »), avant de revenir en ce bas monde. Cuarón a fait le tour de la terre, et c’est désormais le cercle de l’intime qu’il referme, à l’aventure de ses souvenirs, au cœur des douleurs et des bonheurs passés. « Amarcord » disait Fellini, alors il se souvient de sa « Roma ». Lire la suite