Helmut Berger (1944 – 2023)

Le damné

« Ceux qui me côtoient connaissent ma redoutable ambivalence : je peux être l’homme le plus gentil, comme le plus désagréable. Celui qui a fait l’expérience de ce dernier aspect de ma personnalité ne l’oublie pas. Pas plus Alain Delon que Marisa Berenson ou Richard Burton. »

Helmut Berger, autoportrait, 2015.

« Berger est un jeune poulain plein d’inspiration et de qualités, mais qui doit encore se faire les os » disait Visconti à propos de son égérie au moment de « Ludwig ». Le metteur en scène avait cette réputation d’exigence sur les plateaux, pouvait même se montrer impitoyable envers ceux qu’il chérissait le plus. Lire la suite

ZOOM ARRIERE n°7 : Jane Campion

Bright Star

« Une bonne histoire a cette capacité de se développer en vous. »

Jane Campion, 15 octobre 2021.

En provenance des antipodes, la cinéaste Jane Campion a invité « Un ange à ma table » et donné une « Leçon de piano » mémorable, sublimé les poèmes de Keats et brossé un merveilleux « Portrait de femme ». Elle a su se faire une place dans le panthéon des grands réalisateurs de notre temps. Son cinéma sensible et singulier a été salué par la critique, par le public, à travers les festivals du monde entier.

Après Jarmusch, Ōshima, Moretti, De Palma, Vecchiali, et le cinéma muet français, la revue ZOOM ARRIERE lui consacre son septième numéro, un recueil de textes et d’analyses, d’oppositions de points de vue et de multiples convergences. Un numéro dans lequel un collectif d’amateurs de cinéma (dont je fais partie) a posé ses mots sur quelques images.

N’hésitez pas à soutenir le collectif et le projet en suivant ce lien : Zoom Arrière n°7 – Les films de Jane Campion – Ulule

Et partagez largement autour de vous l’annonce de cette septième parution.

Grand merci à vous 

Ryuichi SAKAMOTO (1952 – 2023)

Sayonara, Mr Sakamoto

« La puissance du cinéma est incroyable. C’est une véritable source d’inspiration pour moi. »

Ryuichi Sakamoto

S’il fallait citer le nom d’un seul compositeur japonais, c’est sans doute le nom qui viendrait à l’esprit le premier. Et immédiatement, la figure du capitaine Yonoi, officier responsable du camp de prisonniers de « Furyo » embrassé par David Bowie apparaît. Une musique s’en échappe, une mélodie taillée au koto, mais dont les doux accords se laissent si magnifiquement apprivoiser lorsqu’il les joue au piano. Lire la suite

Burt Bacharach, un homme à toiles

Teardrops keep falling on my head

« Si je pouvais écrire une chanson moitié moins bonne que « Anyone Who Had a Heart », je mourrais heureux. »

Noel Gallagher

« Quoi de neuf Pussy Cat ? » Burt Bacharach vient de mourir. Austin Powers ne s’en remet pas, Peter Parker vient de dégringoler de sa toile et Paul Newman est tombé de bicyclette. Burt Bacharach, c’était (et ce sera pour toujours) des tubes soyeux offerts en cadeaux à de merveilleux interprètes, des bijoux de mélodies immortelles reprises en chœur sur toute la planète : « What the world needs now is love, sweet love » chantait Jackie de Shannon, peut-on rêver plus bel hymne ? Dionne Warwick a eu son lot, tout comme Tom Jones, Dusty Springfield, Sandie Shaw ou les Carpenters. Ces chansons ont fait le bonheur d’« Arthur », du « Casino Royale », de « Butch Cassidy et le Kid » et même de « Spider-Man 2 » ! Des mélodies à Oscars, deux exemplaires qu’il mettra dans son escarcelle au côté de son fidèle et indissociable parolier Hal David dont les mots prennent aujourd’hui un sens inédit, si empli de mélancolie : « the tears and the sadness you gave me, when you said goodbye, so walk on by… »

Twin Peaks : fire walk with me (Badalamenti’s lament)

Silencio

« J’ai toujours une question majeure pour un réalisateur lorsque je compose une bande originale : que voulez-vous que votre public ressente ? Voulez-vous leur faire peur ? Se tortiller sur son siège ? Se sentir bien ? La façon dont ils répondent à cette question me donne des indications sur lesquelles travailler. Je traduis leurs mots en musique. »

Angelo Badalamenti (22.03.1937 – 11.12.2022)

Cette année, c’est la deuxième fois que « Twin Peaks » perd un de ses habitants. Après Julee Cruise et sa voix diaphane, c’est son mélodiste qui s’efface derrière le grand rideau rouge. Quel affreux sortilège a bien pu rattraper la petite bourgade frontalière pour qu’ainsi leurs plus éminents représentants disparaissent un à un ? « La réponse est dans la question » rétorquerait la Bûche dont la propriétaire les a devancés sur ce terrain… Lire la suite

La Cérémonie

les femmes d’à côté

« Il y a chez vos gens de bien beaucoup de choses qui me répugnent, et non certes le mal qui est en eux. Je souhaiterais qu’ils eussent une folie dont ils dussent périr, comme ce pâle criminel. »

Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, 1883-1885.

Quinze ans après « Cheval d’Orgueil », c’est le retour en Bretagne pour Claude Chabrol. Mais cette fois nulle bigoudène, pas l’ombre d’un chapeau rond, et c’est à peine si l’on entrevoit les remparts de Saint-Malo (hissez haut !) dans « la Cérémonie ». Comme toujours, Chabrol préfère les écarts, les petits coins discrets à l’abri des regards, où viennent se nicher les petits bourgeois de province, où se jouent les drames sordides et ordinaires. Une fois de plus il prouve que ce sont parfois « les petits sujets » qui peuvent engendrer les grands films. Lire la suite

The NeverEnding Story

L’histoire prend fin

« Si quelqu’un me demandait si je me sentais comme un artiste, j’aurais un sentiment étrange, parce que je ne sais pas vraiment. Qu’est-ce qu’un artiste ? C’est peut-être quelqu’un qui produit quelque chose de beaucoup plus intime qu’un film, plus comme un compositeur, un écrivain ou un peintre. 
Ma passion, c’est de raconter une histoire. »

Wolfgang Petersen (1941 – 2022)

Mais qui est donc le petit garçon qui regarde avec tendresse ce dragon volant à tête de gros chien assoupi ? Derrière ce personnage d’Atreyu créé par Michael Ende pour son roman jeunesse « L’Histoire sans Fin », il y avait un grand armateur d’imaginaire. Wolfgang Petersen n’était peut-être pas le Mozart du septième art, mais il avait un goût certain pour les voyages en cinéma, capable de transporter le spectateur depuis les rivages homériques jusqu’aux confins de l’univers, et cela même « en Pleine Tempête ». Lire la suite

Twin Peaks : fire walk with me (reprise)

The voice of love

« I remember your song
And the way you sang it to me
So many times in other forms
On distant lands. »

David Lynch, « I remember », sur Floating into the night, 1989.

« Disparition d’une apparition », ainsi titre le journal Libération à l’annonce du suicide Julee Cruise. Le visage clair et les lèvres rouges de cette jeune femme se détachant délicatement du fond écarlate du rideau de scène au son d’un doux jazz languide a tout d’une épiphanie en effet… Lire la suite

Blade Runner

Missing Vangelis

« Quand j’ai revu les images, j’ai compris que c’était ça l’avenir. Pas un bel avenir, bien sûr. Mais c’est vers quoi nous allons »

Vangelis Papathanassiou, Los Angeles Time, 2019.

Il y a quelques mois, disparaissait Douglas Trumbull, l’un des orfèvres des effets spéciaux, véritable génie de la miniature qui œuvra à faire du « Blade Runner » de Ridley Scott ce chef d’œuvre indestructible. Ce 19 mai 2022, en pleine effervescence cannoise, c’est le musicien grec Vangelis, responsable de la signature sonore du film, qui s’efface sous la pluie des applaudissements, emporté par les chariots de feu de ses synthétiseurs, parti sur d’autres rives électroniques en planant sur ses symphonies futuristes. Lire la suite

TOP 10 des films méconnus à voir pour le 11 novembre (reprise)

« Je songe à vos milliers de croix de bois, alignées tout le long des grandes routes poudreuses, où elles semblent guetter la relève des vivants, qui ne viendra jamais faire lever les morts. »

Roland Dorgelès, Les Croix de Bois, 1919.

A l’heure des commémorations de la Grande Guerre, tandis que les fanfares et les défilés ajustent leurs notes pour saluer la mémoire de nos combattants tombés sur tous les théâtres d’opération, il est de coutume, au cinéma comme à la télévision, de réviser les classiques qui évoquent la Première Guerre Mondiale. De l’indispensable « Grande Illusion » de Jean Renoir aux très recommandables « Sentiers de la Gloire » signés Stanley Kubrick en passant par le recueillement auprès des « Croix de Bois » de Raymond Bernard, on ne compte plus les diffusions de ces œuvres majeures du patrimoine. A celles-ci s’en ajoutent d’autres à la popularité plus récente mais non moins dignes de respect : ainsi le grand public aura pu méditer sur « la vie et rien d’autre » et le sort du « Capitaine Conan » de Bertrand Tavernier, revenir en  « 1917 » sous le commandement de Sam Mendès, rechercher Manech désespérément lors d’« un long dimanche de fiançailles » de Jean-Pierre Jeunet, souhaiter un « Joyeux Noël » aux poilus de Christian Carion ou chevaucher le « Cheval de Guerre » de Steven Spielberg. A cette liste de titres largement diffusés s’ajoutent bon nombre de films passés sous silence ou tombés dans l’oubli qui proposent néanmoins leur vision du conflit. En cette période mémorielle, accordons-leur une citation au fil d’une remontée chronologique :

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