CARAMBOLAGES

Ni vu, ni connu

« Je traitais tous les conflits en espérant que pour le public, il en sortirait une exaltation révolutionnaire. »

Marcel Bluwal (25.05.1925 – 23.10. 2021)

Il n’aura pas droit à des obsèques nationales. Peut-être tout juste quelques entrefilets dans les médias. Moins populaire qu’un Tchernia, moins exposé qu’un Bellemare, Marcel Bluwal fut pourtant un des grands artisans de la télévision de cette époque pionnière, celle des Santelli, des Barma, tous ces esprits en ébullition qui rêvaient une télé intelligente, cultivée et insoumise. Du petit au grand écran il n’y a parfois qu’un simple pallier à traverser, que Marcel Bluwal franchit sans hésitation, lui qui avait fait ses armes comme cadreur pour le cinéma. Cela donnera « le Monte-charge » d’après Frédéric Dard, et surtout cet étonnant « Carambolages » à la distribution détonante et à la charge critique savoureuse. Lire la suite

La PISCINE

Vers le bleu

« Je décide de demander à Jean-Claude Carrière, le scénariste de Pierre Etaix, de Bunüel, de Louis Malle, d’écrire le script. Qui peut mieux que lui, me semble-t-il, traduire l’ambiguïté des personnages dans ce huis-clos. Il me donnera plus : je découvre, très vite, un merveilleux complice. »

Jacques Deray, J’ai connu une belle époque, 2003.

Avant de n’être que le brave artisan chargé de façonner quelques véhicules de gloire pour les vedettes du cinéma français, Jacques Deray réalisait « la piscine ». C’est à cette occasion qu’il fit la connaissance de Jean-Claude Carrière, un « conteur » immensément talentueux qui deviendra son partenaire durant cinq films. « C’est un homme de style » disait le scénariste à propos du metteur en scène, témoignant d’une amitié sincère qui les liera sur des projets communs près d’une décennie durant : « Borsalino », « Le Gang », « un homme est mort », « un papillon sur l’épaule », sans compter bien sûr ce grand rectangle bleu arrosé de soleil. Lire la suite

Le TOUBIB

Mauvais traitement

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« La mort est la seule chose au monde dont nous soyons sûrs. C’est une question de temps. »

Alain Delon, 2018.

En 1979, si on se rendait au cinéma pour y voir des hélicoptères fondre sur l’horizon, des soldats épuisés perdus en pleine cambrousse, des héros tourmentés qui s’interrogent sur le sens de la guerre et puis sentir du soir au matin le parfum brûlé des cadavres rôtis par un vent de napalm, deux choix se présentaient : on pouvait tenter le trip Viêt-Nam halluciné façon « Apocalypse Now », ou bien lui préférer carrément la Troisième Guerre Mondiale soignée par « le Toubib », prise en charge par Mister Pierre Granier-Deferre sous la houlette du Docteur Delon. Lire la suite

PLEIN SOLEIL

Reflets dans un œil d’or

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« Là où nous sommes, il y a des poignards dans les sourires des hommes.»

William Shakespeare, Macbeth, 1623.

Si le cinéma paraît à bien des égards comme une folle aventure, la vie réserve aussi parfois d’étranges destinations. Maïténa Douménach se préparait à entrer dans les ordres quand, à la faveur d’un concours de circonstance, elle devint actrice sous le nom de Laforêt (je vous salue Marie). C’est Louis Malle qui d’abord l’a priée, mais ce seront finalement deux mâles qui lui mettront le grappin dessus, deux fauves parmi les plus racés de ceux qui peuplaient alors la jungle du cinéma français. La voilà enfin exhibée, en « Plein Soleil », sous l’objectif de René Clément, coincée entre Ronet et Delon qui se livrent un duel de regards couleur Méditerranée. Lire la suite