Last man standing

« (…) Ils jetèrent un regard en arrière et virent scintiller dans le lointain les lampes de Hobbitebourg dans la douce Vallée de l’Eau. Cette vue disparut soudain dans les plis du terrain obscurci, et elle fut suivie de celle de Lèzeau près de son étang gris. Quand la lumière de la dernière ferme fut loin derrière eux, perçant parmi les arbres, Frodon se retourna et agita la main en signe d’adieu.
– Je me demande si je contemplerai jamais de nouveau cette vallée, dit-il tranquillement. »
J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des Anneaux, Tome 1, 1954.
Partir en guerre est un voyage au long cours, quoiqu’il arrive une aventure pour toujours. Nul ne sait s’il en reviendra. Entre 1914 et 1918, des milliers de jeunes Britanniques quittèrent leur île pour rejoindre le Nord de la France et la Belgique afin de faire barrage aux troupes allemandes, « vers la victoire ou le linceul ». Certains désormais reposent en paix dans les jardins de pierre de la Somme et des Flandres. D’autres en sont revenus avec de larges cicatrices sur le corps et des souvenirs purulents dans la tête. A son petit-fils Sam, l’écrivain Alfred H. Mendes qui était de ceux-là transmit en héritage ses peines et ses douleurs, des fragments d’histoires venus s’ajouter au grand mémorial officiel. Sam Mendes les mit bout à bout puis, comme emporté dans les remous d’un long fleuve intranquille, il en a fait un grand film trempé dans un jus noir. Le récit d’un triste jour d’avril en fleurs, un jour de guerre en « 1917 ». Lire la suite →