Arthur Rambo

Effarant historique

« Fuir, se fuir lui-même, se cacher à lui-même. Oui, c’était bien cela. Disons même plus. Non seulement notre héros cherchait de toutes ses forces à se fuir lui-même mais encore il aurait donné cher pour pouvoir s’anéantir d’une façon définitive, pour être, sur le champ, réduit en cendres. »

Fiodor Dostoïevski, Le Double, 1846.

« Ils m’ont baissé ma moyenne ! » Le jeune élève qui s’insurge ainsi face à la caméra de Laurent Cantet se nomme Rabah Naït Oufella. Un sentiment de persécution qui lui valut une Palme d’or, puis une carrière d’acteur. De retour à Cannes pour présenter « Grave », il aurait pu croiser dans les escaliers du palais Mehdi Meklat, jeune écrivain et coqueluche des médias, pas encore sous le feu de la polémique lorsqu’il accompagnait toute l’équipe de « Divines ». Le destin les réunira entre les murs de Laurent Cantet, sous le pseudo d’« Arthur Rambo », nom valise qui renferme des casseroles dont le vacarme tinte plus fort que jamais. Lire la suite

ROUBAIX, une lumière

Not dark yet

« La Nuit s’acharne au réverbère qui la nie.
Tout s’endort ; seul son feu,
Obstiné comme l’insomnie,
S’attarde, avec son pouls fiévreux,
Ce battement de flamme chaude
Et comme artériel
Qui continuera jusqu’à l’aube. »

Georges Rodenbach, Les réverbères, 1898.

C’est beau une ville la nuit. Même une ville du Nord, frappée par la crise, ravagée par la misère, rongée par la délinquance et empoisonnée par le crime devient espace photogénique, un monde secret qui invite à la découverte. Dans le halo jaunâtre des lampadaires, Arnaud Desplechin mène l’enquête dans « Roubaix, une lumière », quatrième retour à la ville natale puisant bien davantage dans l’égout des crimes dérisoires que dans le doux flacon des souvenirs de la jeunesse. Il y fait le récit d’une humanité qui se morfond dans les bas-fonds, derrière les murs de briques, qui se consume à bas bruit dans les ténèbres de la nuit. Et puis, après une longue agonie, la lumière jaillit. Lire la suite