DOCTOR STRANGE in the Multiverse of Madness

« L’impétueuse furie de la rafale nous enleva presque du sol. C’était vraiment une nuit d’orage affreusement belle, une nuit unique et étrange dans son horreur et sa beauté. »

Edgar Alan Poe, La Chute de la Maison Usher, 1839 (traduction de Charles Baudelaire).

« Are you happy ? » La question se pose dans notre monde plus près que jamais du grand chaos. Plus notre monde se recroqueville, plus l’univers cinématique de la Marvel semble occuper le terrain de la poudre aux yeux. Une mission : divertir, détourner le regard de la morosité ambiante. Et avec le rapatriement de la totalité du catalogue de personnages autrefois dispersés aux quatre vents, la Maison de Idées peut enfin voguer au gré de ses envies, pourvu que les spectateurs suivent. Alors que l’on croyait venu le bout de la ligne narrative à l’occasion d’une fin de partie homérique, voici que se déploient d’autres possibles esquissés dans le « No way home » de Spider-Man. Mais à force de multiplier les cases, le risque est d’en perdre quelques-unes en route. Tandis que le monde chancelle sur son pied de réalité, on en appelle au « Docteur Strange in the Multiverse of Madness », et on met Sam Raimi sur le grill pour voir si le charme agit. Lire la suite

SHANG-CHI et la Légende des Dix Anneaux

Coeur de Dragon

« They were funky China men from funky Chinatown
They were chopping them up and they were chopping them down
It’s an ancient Chinese art and everybody knew their part
From feint into a slip, and kicking from the hip
Everbody was… »

Carl Douglas, Kung fu fighting, 1974.

Marvel est décidément une entreprise à vocation universaliste. Après avoir séduit la communauté afro-américaine avec son « Black Panther », elle part à la conquête de l’Est en proposant un film dédié au premier super-héros asiatique né dans les cases de Jim Starlin : « Shang-chi et la Légende des Dix Anneaux ». Karate, Shaolin et autres petits scarabées agiles avaient alors toute leur place dans les bulles punchy des comics de Stan Lee qui, soudain, se sentait devenir Bruce. Le maître du kung fu retrouve aujourd’hui un peu de sa vigueur perdue dans un show en forme de grand run, mené d’une main de fer par Destin Daniel Cretton. Lire la suite

AVENGERS : Endgame

Les héros meurent aussi

Avengers-Endgame-1

« Fini, c’est fini, ça va finir, ça va peut-être finir (un temps). Les grains s’ajoutent aux grains, un à un, et un jour, soudain, c’est un tas, un petit tas, l’impossible tas. »

Samuel Beckett, Fin de Partie, 1957.

« Zeus, donne-lui ton trône. Il y a un vrai patron parmi les dieux maintenant. »

Joann Sfar, hommage à Stan Lee

On les avait laissés vaincus, traumatisés, dissous aux quatre coins de la galaxie, dans la sidération la plus absolue face à ce terrifiant constat d’échec : les héros n’ont pas toujours gain de cause. A la fin d’« Avengers : Infinity War », un titan fou adepte du new deal universel, un dieu auto-proclamé aux pouvoirs infinis tenant le destin de la création au revers de son gant avait, en un claquement de doigts, remporté le match, obtenu satisfaction. C’était fait, plié, page tournée, ashes to ashes, « Avengers : Endgame », à moins qu’Anthony et Joe Russo n’aient trouvé un moyen de rejouer la partie. Lire la suite

AVENGERS : Infinity war

Mauvaises nouvelles des étoiles

Avengers-Infinity-War-Thanos

« Cependant, à d’innombrables années-lumière de là, aux marges de l’infini, une voix se fait entendre :
– ça va mal ! La Mort a un bien meilleur jeu que nous, Lord Chaos ! Nous devons lancer nos derniers atouts !
– Nous donneront-ils la victoire, Master Order ? Thanos n’a encore jamais eu un jeu aussi fort ! »

Jim Starlin, to duel a mad god, Marvel two-in-one annual #2, 23/08/1977.

Voilà dix ans maintenant que le Marvel Cinematic Universe a entamé sa grande saga, semant de film en film, de cycle en cycle, les petits et gros cailloux qui conduisent au grand ramdam débarquant sur les écrans : « Avengers : infinity war ». Première mi-temps d’un affrontement cataclysmique dont l’enjeu n’est ni plus ni moins que la survie de l’univers, il ne fallait pas moins de deux réalisateurs pour mettre en ordre de bataille cette monumentale fresque composite faite d’éléments épars. Reste à savoir qui de Anthony ou Joe Russo saura le mieux recoller les morceaux. Lire la suite