DOCTOR STRANGE in the Multiverse of Madness

« L’impétueuse furie de la rafale nous enleva presque du sol. C’était vraiment une nuit d’orage affreusement belle, une nuit unique et étrange dans son horreur et sa beauté. »

Edgar Alan Poe, La Chute de la Maison Usher, 1839 (traduction de Charles Baudelaire).

« Are you happy ? » La question se pose dans notre monde plus près que jamais du grand chaos. Plus notre monde se recroqueville, plus l’univers cinématique de la Marvel semble occuper le terrain de la poudre aux yeux. Une mission : divertir, détourner le regard de la morosité ambiante. Et avec le rapatriement de la totalité du catalogue de personnages autrefois dispersés aux quatre vents, la Maison de Idées peut enfin voguer au gré de ses envies, pourvu que les spectateurs suivent. Alors que l’on croyait venu le bout de la ligne narrative à l’occasion d’une fin de partie homérique, voici que se déploient d’autres possibles esquissés dans le « No way home » de Spider-Man. Mais à force de multiplier les cases, le risque est d’en perdre quelques-unes en route. Tandis que le monde chancelle sur son pied de réalité, on en appelle au « Docteur Strange in the Multiverse of Madness », et on met Sam Raimi sur le grill pour voir si le charme agit. Lire la suite

SPIDER-MAN 3

L’araignée était en noir

« J’ai pu faire les films que je voulais avec « Spider-man » et « Spider-man 2 ». Il y a eu cependant des divergences d’opinions pendant la production de « Spider-man 3 ». »

Sam Raimi

Jamais deux sans trois, dit-on. Après le succès public grandissant et la côte en hausse chez les critiques, il fallait bien que l’araignée reprenne du service pour un troisième volet encore plus prometteur. Bien décidés à imposer leur toile sur les plus hautes cimes du blockbuster, à régner sans partage sur l’univers des héros costumés, Sam Raimi et son équipe finissent par perdre des couleurs dans « Spider-Man 3 », assombrissant leur histoire au point de se laisser piéger dans les ténèbres de la dark web. Lire la suite

SPIDER-MAN 2

Les tentacules ensorcelés

« Dans « Spider-man 1 », la première partie du film est réussie. On voit d’emblée qu’on avait affaire à un réalisateur ayant grandi en lisant le comic book original. On a ce feeling par ce que Sam Raimi aime vraiment Spider-man, la BD. La deuxième partie du premier épisode est juste un film de plus sur un super-héros. En revanche, « Spider-man 2 » est bon dans son ensemble. Vous savez pourquoi ? Le premier film a rapporté suffisamment d’argent pour que Raimi puisse faire ce qu’il voulait dans le deuxième. Et il l’a encore mieux réussi. »

Quentin Tarantino, propos recueillis par Bertrand Tavernier dans Amis Américains, 2008.

Dur d’être héros. On a beau se suspendre au plafond, survoler la ville au bout d’un fil, apprécier la gratitude des gens que l’on sauve et s’imprégner de l’acclamation de la foule, cela ne fait pas bouillir la marmite et n’arrange pas les peines de cœur. Dans « Spider-Man 2 », Peter Parker et sa tante May ont des problèmes d’argent et doivent quémander une rallonge à la banque à l’instar de la vieille tzigane de « drag me to hell ». Imagine-t-on un super-héros sur la paille, saisi de ses biens et de ses pouvoirs ? Quand Sam Raimi tire les ficelles, tout est possible. Lire la suite