Souvenirs d’un républicain

« Il faut vaincre ses préjugés. Ce que je vous demande là est presque impossible, car il faut vaincre notre histoire. Et pourtant, si on ne la vainc pas, il faut savoir qu’une règle s’imposera, Mesdames et Messieurs : le nationalisme, c’est la guerre ! La guerre, ce n’est pas seulement le passé, cela peut être notre avenir. C’est nous, c’est vous, Mesdames et Messieurs les députés, qui êtes désormais les gardiens de notre paix, de notre sécurité et de cet avenir. »
François Mitterrand, discours au Parlement européen, Strasbourg, 17 janvier 1995.
Moins d’un an après son discours à Strasbourg, après avoir mené son mandat à terme, François Mitterrand succombait du cancer qui le rongeait depuis des années. L’autre maladie qu’il redoutait tant s’est depuis étendue sur l’Europe, une menace bien plus insidieuse, un poison qui contamine les esprits, corrompt la vérité et entrave les libertés. Mitterrand avait senti monter le sentiment nationaliste en Europe, remugle encore vivace provenant des âges sombres de notre Histoire. Le cancer ne lui aura pas laissé le temps de le voir s’inviter au second tour de l’élection présidentielle en 2002, puis prendre ses aises dans les urnes, dans les sondages d’opinion, provoquant en duel la République à chaque nouveau scrutin. Le cinéaste et scénariste Diastème l’a vu, lui. Il en a tiré d’abord un film sur « un Français », premier coup de tête à la démocratie, premier avertissement. Huit ans plus tard, les choses ne semblant pas aller vers le mieux, il tente de nous faire comprendre que « le monde d’hier » décrit par Zweig est peut-être bien celui dans lequel nous vivons aujourd’hui. Lire la suite