EMPIRE of LIGHT

Mirage de la vie

« Light, seeking light, doth light of light beguile ;
So ere you find where light in darkness lies,
Your light grows dark by losing of your eyes. »

William Shakespeare, Peines d’amour perdues, 1595-1596.

Quand les lumières se rallument et que le rideau se ferme, on trouve toutes sortes de choses dans une salle de cinéma. Il y a des gens qui pleurent, il y en a d’autres qui dorment, ou qui veulent juste rester au chaud. Il paraît même qu’il y en a qui meurent en regardant les images – Boris Vian en sait quelque chose. Les allées du ciné, c’est un monde à part qui s’éveille dans le noir, c’est la cour des miracles du septième art. C’est à cet « Empire of Light » que Sam Mendes a voulu rendre hommage, en se penchant non pas sur l’écran, mais en passant derrière, glissant un œil en coulisse, à la rencontre de toutes ces petites mains qui se serrent les coudes, qui mélangent les couleurs pour nous les rendre plus belles. Lire la suite

1917

Last man standing

1917 1

« (…) Ils jetèrent un regard en arrière et virent scintiller dans le lointain les lampes de Hobbitebourg dans la douce Vallée de l’Eau. Cette vue disparut soudain dans les plis du terrain obscurci, et elle fut suivie de celle de Lèzeau près de son étang gris. Quand la lumière de la dernière ferme fut loin derrière eux, perçant parmi les arbres, Frodon se retourna et agita la main en signe d’adieu.
– Je me demande si je contemplerai jamais de nouveau cette vallée, dit-il tranquillement. »

J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des Anneaux, Tome 1, 1954.

Partir en guerre est un voyage au long cours, quoiqu’il arrive une aventure pour toujours. Nul ne sait s’il en reviendra. Entre 1914 et 1918, des milliers de jeunes Britanniques quittèrent leur île pour rejoindre le Nord de la France et la Belgique afin de faire barrage aux troupes allemandes, « vers la victoire ou le linceul ». Certains désormais reposent en paix dans les jardins de pierre de la Somme et des Flandres. D’autres en sont revenus avec de larges cicatrices sur le corps et des souvenirs purulents dans la tête. A son petit-fils Sam, l’écrivain Alfred H. Mendes qui était de ceux-là transmit en héritage ses peines et ses douleurs, des fragments d’histoires venus s’ajouter au grand mémorial officiel. Sam Mendes les mit bout à bout puis, comme emporté dans les remous d’un long fleuve intranquille, il en a fait un grand film trempé dans un jus noir. Le récit d’un triste jour d’avril en fleurs, un jour de guerre en « 1917 ». Lire la suite