GLASS ONION

The walrus was Paul

« Une mer calme, dit Poirot d’un ton définitif, est une chose qui n’existe pas. La mer, ça bouge toujours. Toujours ! »

Agatha Christie, Les vacances d’Hercule Poirot, 1941.

Rian Johnson est visiblement un homme heureux. Après ses égarements dans la SF temporelle, après avoir assassiné « les Derniers Jedis », le voici désormais aux manettes d’une franchise dont il ne soupçonnait sans doute pas le potentiel. « A couteaux tirés » fut le succès surprise de 2019, misant sur son casting de prestige et sa façon toute particulière de revisiter les codes poussiéreux du whodunit. Exfiltrant une fois encore Daniel Craig de sa retraite d’agent secret, il s’apprête à faire de nouvelles révélations dans « Glass Onion », les Beatles et Bowie comme bande-son haut de gamme et le soleil pour témoin. Lire la suite

CASINO ROYALE (2006)

Vesper in the dark

« Bond dans le roman est une silhouette. Daniel lui a donné de la profondeur et une vie intérieure. Nous recherchions un héros du 21ème siècle et c’est ce qu’il nous a donné. Il saigne, il pleure, il est de son temps. »

Barbara Broccoli in Variety, 2007.

Un bon agent se doit d’avoir plusieurs identités. Grand professionnel, James Bond aura affiché lui-aussi bien des visages. Lorsque Daniel Craig enfile le smoking, 007 en est à sa sixième incarnation, tout cela sans montrer le moindre signe de fatigue. Les droits d’adaptation du premier roman de Fleming enfin revenus dans l’escarcelle d’EON production, les décideurs font table rase du passé, préfèrent miser sur une version plus moderne de la franchise. Ils laissent le soin à Martin Campbell de jouer les croupiers à la table du « Casino Royale ». A lui de changer la donne et de mettre le paquet. Exit le vieux titre parodique des années 60, le Bond nouveau sera musclé, impitoyable et froid mais non sans faiblesses, une inclination notoire pour le beau sexe qui lui vaut quelques cicatrices, superficielles ou plus profondes. Lire la suite

MOURIR peut ATTENDRE

Jamais plus, jamais

« Non, ce n’est pas de la mélancolie, plutôt une forme de tristesse et énormément d’émotions mêlées. Ce sont quinze années de ma vie ! C’est énorme. Mais je suis ravi qu’on ait fait ce nouveau film, parce qu’il permet de régler tout ce qui était en suspens. Je crois que c’est la bonne façon de prendre congé. Qui sait ce qui va se passer… »

Daniel Craig dans Première n°504, février 2020.

Il fallait bien qu’il s’arrête un jour. Blofeld sous les verrous, le « SPECTRE » exorcisé, Daniel Craig avait décidé de se ranger des DB, de laisser son 007 à quelqu’un d’autre. Sous la pression de la productrice Barbara Broccoli, et la promesse d’un dernier chèque pour garantir ses vieux jours, il s’est laissé finalement convaincre : « Mourir peut attendre » pour le célèbre James Bond, le temps d’une ultime mission qui les rassemble toutes, un produit de synthèse distillé par Cary Joji Fukunaga qui ressemble à un bouquet de fleurs fanées déposé sur le marbre froid d’une tombe qui attend sa dépouille. Lire la suite