Quelle drôle de gosse !

Mademoiselle D.

« Regardez autour de vous, dans la rue, les petites Danielle pullulent déjà, avec leur nez en l’air, leurs cheveux au vent, leurs talons plats, et ce petit air à la fois sage et provoquant. De toutes les « jeunes », c’est elle qui a le plus de personnalité. »

Benjamin Fainsilber, Cinémonde, 16 juillet 1936, n°404.

Il était une fois une petite fille impétueuse et fantasque qui voulait s’amuser à faire du cinéma. Tandis qu’elle entrait, un peu par hasard, dans ce métier qui commençait à peine à parler, elle mit un point d’honneur à ne jamais prendre les choses au sérieux. Mais le talent, ça ne trompe pas et il n’aura pas fallu cinq ans à Danielle Darrieux pour s’imposer comme la coqueluche du cinéma français, la grande vedette des fantastiques années 30 que s’arrachent auteurs et réalisateurs, l’espiègle qui sourit à ses admirateurs mais tire la langue aux journalistes trop insistants. « Quelle drôle de gosse ! » cette Danielle. C’est exactement ce que s’est dit Yves Mirande en écrivant pour elle ce scénario, bien vite mis en images par Léo Joannon. Lire la suite

Quelques jours avec moi

Larme à gauche

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« Travailler avec Marielle a été un grand plaisir. Pour moi, c’était une apothéose de lui donner un second rôle de cette qualité. »

Claude Sautet in Sautet par Sautet, N.T. Binh et Dominique Rabourdin, 2005

« Les Césars, j’en ai rien à foutre. Je ne suis pas un acteur de tombola. »

Jean-Pierre Marielle

Quand un acteur s’éteint, c’est aussi une voix qui se tait. Jean-Pierre Marielle était une voix unique, singulière, reconnaissable entre toutes. Ne retenir qu’un film parmi tous ceux qu’il a tournés relève de l’absurde, car ils appartiennent tous à ce que Philippe Labro appelle « la légende Marielle ». Mais lorsque Claude Sautet lui propose de passer « quelques jours avec moi », on ne demande pas mieux. Sur son nom, on est prêt à faire les valises et à partir vers on ne sait quelle destination. Lire la suite

Les DEMOISELLES de ROCHEFORT

Ouest Side Stories

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« Un film léger parlant de choses graves vaut mieux qu’un film grave parlant de choses légères. »

Jacques Demy.

A Rochefort, c’est jour de fête. Les forains s’installent sur la place Colbert, l’égayent de festons et de rubans de couleur. Le centre-ville à la rigueur toute militaire s’est même pour l’occasion offert un ravalement de façade, maquillée aux teintes pastelles. Pas de facteur à bicyclette dans les environs mais ça gesticule et ça s’ébroue sous les fenêtres des « Demoiselles de Rochefort » de Jacques Demy. Plus de cinquante années ont passé, mais le temps ne semble pas avoir de prise sur ce moment de bonheur du musical français. Lire la suite

MARIE-OCTOBRE

Les 10 salopards

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« A la Libération, le Comité d’épuration me convoqua. Je rencontrai Decoin dans un couloir. Il m’embrassa et me demanda, très étonné, ce que je faisais là. Je répondis que je n’en avais pas la moindre idée. « Mais c’est idiot, tu n’as rien à te reprocher. Rentre chez toi. Je m’occupe de ton dossier, si tu en as un. » Je suis repartie et je n’ai plus jamais entendu parler de rien. »

Danielle Darrieux, Danielle Darrieux : filmographie commentée par elle-même, Ramsay, 2003.

Vienne la nuit, sonne l’heure. Sur la route qui rejoint le domaine de la Chênaie, le gong lointain de Radio Londres, et quelques accords du Chant des Partisans se  font entendre, encore, à la nuit tombée, dans le brouillard de l’après-guerre. Ils seront neuf survivants à se retrouver, répondant à l’appel de « Marie-Octobre » tandis que, dissimulé derrière le paravent du décor, Julien Duvivier place ses pions sur l’échiquier du psychodrame. Lire la suite

MAUVAISE GRAINE

D.D. l’embrouille

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« Mauvaise Graine », film plein de culot qui mériterait d’être mieux connu, reste l’unique réalisation indépendante de Wilder. C’est, si l’on veut, son « Reservoir dogs ».

Cameron Crowe

Elle venait de fêter son siècle d’existence quand soudain elle a disparu. Lorsque Danielle, la musicienne de quatorze ans fut invitée au « Bal » du cinématographe, son merveilleux carrosse de succès plus jamais ne se transforma en citrouille, faisant d’elle la Darrieux, la plus pimpante des fiancées de Paris. Il lui suffit alors d’un sourire, d’une démarche chaloupée en lisière du Bois de Boulogne pour qu’elle alpague un riche monsieur à la Packard verte. Trop heureux de l’avoir attirée dans son bel attelage c’est en terrasse à Longchamp qu’il comptait bien conclure. Fort marri il se trouva pourtant puisque la belle plante s’avéra être sortie d’une « Mauvaise Graine » plantée par un  Billy Wilder déjà bien malicieux. Lire la suite

MADAME DE…

Initiales D.D.

madamede1

« Quelle sublime comédienne, regardez ce tendre mouvement de l’épaule ! Regardez ses yeux mi-fermés ! Et ce sourire… oui, son sourire qui ne sourit pas, mais qui pleure ! Ou qui fait pleurer… J’adore travailler avec elle ! Elle sait parfaitement s’imbiber de mes conceptions, comme une idéale éponge intellectuelle, pour les faire égoutter ou, s’il faut, les déverser dans les scènes à jouer, avec une précision de mathématicien… Je l’adore ! »

Max Ophuls

Le cercle est indubitablement un motif de prédilection chez Max Ophuls. Après l’anneau nuptial enfermant Barbara Bel Geddes dans « Caught », entre « la ronde » de Schnitzler et le cirque de « Lola Montès », il réalise son pénultième film, l’éblouissant « Madame de …» à partir du roman de la grainetière Louise de Vilmorin.

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