Le DERNIER des MOHICANS

Quand les tambours s’arrêteront

« N’allez pas là où le chemin vous mène. Allez là où il n’y a pas encore de chemin et laissez une nouvelle trace. »

Ralph Waldo Emerson

Lorsqu’on remonte le cours de l’Hudson River, que l’on en atteint les méandres se lovant dans le creux du massif des Catskills, peut-être peut-on humer encore aujourd’hui l’odeur de la poudre qui envahit naguère l’atmosphère humide des lieux ? Peut-être entend-on encore résonner le canon qui, le jour comme la nuit, tonnait et pilonnait inlassablement les remparts du Fort William Henry ? « Sur toute la vaste étendue de ces frontières, il n’existait peut-être aucun district qui pût fournir un tableau plus vrai de l’acharnement et de la cruauté des guerres sauvages de cette époque, que le pays situé entre les sources de l’Hudson et les lacs adjacents. » écrit James Fenimore Cooper dans « le Dernier des Mohicans ». L’écrivain peignait alors un témoignage vibrant d’une nation en gestation, panorama fertile dont s’emparèrent par la suite peintres et cinéastes. Le dernier en date n’est autre que Michael Mann, et son œuvre sublime en honore les immenses fondations. Lire la suite

MANHUNTER

La part des ténèbres

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« Débarquer dans un marécage, marcher à travers bois et dans quelque poste de l’intérieur, se sentir encerclé par cette sauvagerie, cette absolue sauvagerie – toute cette vie mystérieuse des solitudes, qui s’agite dans la forêt, dans la jungle, dans le cœur de l’homme sauvage. Il n’y a pas non plus d’initiation à ces mystères. Il faut vivre au milieu de l’incompréhensible, et cela est détestable. En outre, il en émane une fascination qui fait son œuvre sur notre homme. La fascination, comprenez-vous, de l’abominable. »

Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres, 1899.

« You live with me, don’t you ? »

Miami Vice, Shadow in the Dark, Saison 3, épisode 6, 1986.

Il n’y a pas de plus grande solitude que celle du tigre dans la jungle. Peut-être… qu’en suivant le Bushido de Jean-Pierre Melville, Michael Mann s’est trouvé le goût de la traque des grands fauves, une fascination pour ces redoutables tueurs au souffle chaud, soyeux et sanguinaires, effrayants et captivants. Dans la mathématique de « Manhunter », la proie et le chasseur ne font plus qu’un. Et si le cinéaste part à la chasse, ici la proie est le chasseur.

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