WALL STREET

Les gémonies boursières

« La sainte créature, elle ignorait que là où l’ambition commence, les naïfs sentiments cessent. »

Honoré de Balzac, illusions perdues – les deux poètes, 1837.

« It’s morning again in America ! »

Slogan de campagne de Ronald Reagan en 1980.

L’ennemi, c’est la finance. Ce slogan en forme de levée de boucliers contre les méfaits du capitalisme débridé sonne comme un réveil tardif. Le poison coule dans l’économie mondiale depuis déjà des décennies, et sans doute même des siècles. Dans les années 80, avec l’ouverture du free market, la course au profit a pris une ampleur inédite, comme une fièvre galopante, une épidémie ravageuse. Les investisseurs sont sur le pied de guerre, les places financières mondiales sont devenues des champs de bataille, celle de New York la plus sanglante entre toutes. Oliver Stone fait de « Wall Street » sa nouvelle zone de combat, deuxième volet d’une trilogie sur un pays encore sous le choc du fiasco vietnamien et prêt à goberger son vague à l’âme sur les marchés financiers. Lire la suite

BLADE RUNNER

Mors certa, vita incerta

« Qui est parvenu ne serait-ce que dans une certaine mesure à la liberté de la raison, ne peut rien se sentir d’autre sur terre que Voyageur. Pour un voyage toutefois qui ne tend pas vers un but dernier car il n’y en a pas. Mais enfin, il regardera les yeux ouverts à tout ce qui se passe en vérité dans le monde. »

Friedrich Nietzsche, « le Voyageur », extrait de Humain, trop humain, Chapitre IX, 1878.

 A owl in the daylight. C’est ainsi qu’aurait dû se nommer l’ultime roman de Philip K. Dick si la mort ne l’avait pas emporté le 2 mars 1982 dans sa cinquante-quatrième année. D’un battement d’ailes vigoureux, le psychopompe volatile traverse l’écran de « Blade Runner », film majeur de Ridley Scott dont l’écrivain n’eut le temps d’apercevoir que quelques extraits. « Si seulement tu avais pu voir les choses que j’ai vues avec tes yeux » dit l’androïde Roy Batty à l’un de ses créateurs. Des choses merveilleuses en vérité, titanesques et effrayantes, un futur vertigineux et visionnaire, tant de choses à voir dans ce film qui ne souffre de toute évidence d’aucune obsolescence programmée. Lire la suite