Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait

Fragments de discours amoureux

« Nous n’allons pas, on nous emporte : comme les choses qui flottent, ores doucement, ores avecques violence, selon que l’eau est ireuse ou bonasse.
Chaque jour nouvelle fantasie, et se meuvent nos humeurs avecques les mouvemens du temps.
Nous flottons entre divers advis : nous ne voulons rien librement, rien absoluëment, rien constamment. »

Michel de Montaigne, Essais, Livre II, 1595.

L’amour est un mystère qu’il n’est pas si aisé de percer à jour. Il est des cinéastes qui en ont fait leur cible de cœur, s’attachant par un soin délicat à en circonscrire le sujet, en observant les variations complexes, les inconstances nombreuses, s’essayant même à l’embrasser en prenant garde de trop étreindre. Filant sur les elles du désir au détour des ils aux trésors, hommes et femmes peuvent se montrer volages, sous l’empire d’une passion volatile, d’une émotion contagieuse, tel le spectateur qui vient à la rencontre d’un film dans l’espoir peut-être d’en tomber amoureux. Il y a « les choses qu’on dit, les choses qu’on fait », Emmanuel Mouret en sait quelque chose puisqu’il est passé maître dans l’art du « Caprice ». Lire la suite

Au revoir Là-haut

Mascarade

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« Maintenant, ce n’était plus du désespoir que reflétaient ses yeux… c’était une haine grandiose, superbe, qui donnait à ses traits une expression de noblesse en même temps que de mystère et le faisait ressembler à quelque envoyé du destin venu pour troubler la fête. »

Arthur Bernède, Judex, 1917.

Chaque année, à l’approche du 11 novembre, les visiteurs se font plus nombreux dans les cimetières où gisent les restes de ceux qui sont tombés durant la Grande Guerre. Familles ou bien promeneurs des jours fériés viennent ainsi arpenter ces champs de croix sous lesquelles reposent désormais en paix les corps des aïeux fauchés dans la fleur de l’âge. Et pourtant, qui sait à qui ou à quoi peuvent bien appartenir les ossements qui dorment sous nos pieds ? « Mais qu’est-ce que ça peut foutre, bordel de merde ! Quand ils viennent se recueillir, les parents, ils creusent pas la tombe pour vérifier que c’est bien leur mort à eux ? » lance plein de morgue Henri d’Aulnay-Pradelle, savoureux escroc des Années Folles, répugnant personnage né entre les pages d’« Au revoir là-haut », que l’on aimera encore détester dans l’adaptation enlevée qu’en a faite Albert Dupontel. Lire la suite