TITANE

La boule au ventre

« Le corps déformé de la jeune infirme, tout comme les corps déformés des automobiles accidentées, révélaient les possibilités d’une sexualité entièrement nouvelle. »

James G. Ballard, Crash, 1973

Il faut s’y habituer, lorsqu’on aborde une œuvre signée Julia Ducournau, il faut s’attendre à être remué. Son précédent film « Grave » avait marqué la pellicule, croquait le cinéma avec une rage bestiale tout en faisant rimer cinéma d’auteur avec film d’horreur. La jeune cinéaste a décidé de s’écarter encore un peu plus de la voie centrale, de prolonger l’exploration des chairs, du sexe, des identités variables et des corps inflammables en implantant une plaque de « Titane » sous la peau de son éprouvant nouveau film, histoire de voir de quel métal les gens sont faits. Lire la suite

GRAVE

Le festin nu

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« It’s not « natural », « normal » or kind
The flesh you so fancifully fry
The meat in your mouth
As you savour the flavour
Of murder »

The Smiths, Meat is murder, 1985.

Sucré ou salé ? Entrée ou dessert ? Bénin ou « Grave » ? Le monde ne se divise pas si aisément en deux catégories selon Julia Ducournau dans ce premier long-métrage. Il faut apprendre à mettre un peu de tout dans son assiette, varier les saveurs pour éveiller les papilles et aiguiser l’appétit. Après visionnage des parties les plus crues, certains auront trouvé le festin cannibale bien indigeste, allant jusqu’à rendre le contenu de leur précédent repas au fond de la cuvette. Ce n’est pas le cas du jury du festival de Gerardmer qui a choisi de lui accorder toutes ses étoiles, quand bien même la réalisatrice se défend-elle de réduire son film au strict champ horrifique. Lire la suite