REIMS POLAR jour 5 : Borderline + les Complices + Palmarès

Gardés à vue

« Mon père dit qu’un homme est la somme de ses propres malheurs. On pourrait penser que le malheur finirait un jour par se lasser, mais alors, c’est le temps qui devient votre malheur, dit papa. »

William Faulkner, Le Bruit et la Fureur, 1929.

Samedi, c’est jour de récompenses. Après s’être gobergés cinq jours durant d’images, de sons et de flûtes de champagne, les jurés des diverses sélections ont enfin rendu leur verdict devant une salle comble et un public en effervescence. Avant que le couperet ne tombe, il faudra ramasser les morceaux d’un Olivier Marchal ému aux larmes pour présenter son coup de cœur pour « Borderline », puis subir les facéties des « Complices » de Cécilia Rouaud profitant d’un public captif pour tenter de nous dérider un peu. Lire la suite

PEAU d’ÂNE

Comme par enchantement…

« La situation mérite attention. »

La Fée des Lilas.

Il était une fois Jacques Demy. Reconnu aujourd’hui comme un grand créateur, il existe encore bon nombre de cinéphiles allergiques à ses films rose bonbon. C’est pourtant en assimilant l’œuvre de ses modèles revendiqués (Cocteau, Ophuls et les Musicals américains) qu’il élabora un style bien à lui : ses féeries enchanteresses devront se tourner en chanson. Se préférant parolier plus que dialoguiste, Demy a pu compter sur une moitié musicale de premier plan, une « fontaine de musique » qui s’appelait Michel Legrand. Souvent décrié pour ses choix formels et ses mélodies suaves, Jacques Demy parvient à créer un consensus en filmant le conte de Perrault « Peau d’Âne ». Parce qu’il est d’abord réalisé à l’intention d’un public jeune, auprès duquel les parents sont invités à retrouver leur âme d’enfant, Demy réussit à faire accepter ses fameuses mélopées gracieuses, nous invitant à suivre avec attention « les conseils de la fée des Lilas » et les étapes de « la fabrication du cake d’amour ». Lire la suite

Les Demoiselles de Rochefort

La mort du Petit Prince

« Bien que nous n’ayons malheureusement jamais eu l’occasion de retravailler ensemble après ce film, je mesure la chance d’avoir pu être à ses côtés dans « les Demoiselles de Rochefort » et « Peau d’Âne ». Et si je fus le prince de « Peau d’Âne », il fut un prince sa vie durant. Le conte est triste lorsque meurt le prince… »

Jacques Perrin (13.07.1941 – 21.04.2022), propos recueillis par Matthieu Orléan le 26 novembre 2012.

En ce triste jour d’avril ensoleillé, un Jacques est allé rejoindre l’autre au pays des « Demoiselles de Rochefort » et des contes enchantés.

Les DEMOISELLES de ROCHEFORT

Ouest Side Stories

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« Un film léger parlant de choses graves vaut mieux qu’un film grave parlant de choses légères. »

Jacques Demy.

A Rochefort, c’est jour de fête. Les forains s’installent sur la place Colbert, l’égayent de festons et de rubans de couleur. Le centre-ville à la rigueur toute militaire s’est même pour l’occasion offert un ravalement de façade, maquillée aux teintes pastelles. Pas de facteur à bicyclette dans les environs mais ça gesticule et ça s’ébroue sous les fenêtres des « Demoiselles de Rochefort » de Jacques Demy. Plus de cinquante années ont passé, mais le temps ne semble pas avoir de prise sur ce moment de bonheur du musical français. Lire la suite