L’ETOFFE des HEROS

Ad astra per aspera

« La Terre est le berceau de l’humanité, mais on ne peut vivre éternellement dans son berceau. »

Constantin Tsiolkovski, 1911.

Ils étaient des pionniers. Juste après que la guerre se fut mondialisée, alors que Houston et Cap Canaveral n’étaient encore que des paradis pour coyotes ou pour crocodiles, certains regardaient déjà ailleurs, plus haut et plus loin, défiant les limites fixées par les lois de la gravité. Réalisant le rêve de Jules Verne, ces Icare des temps modernes ont pour beaucoup été oubliés, leur nom parti en fumée dans le crash de leur appareil. Ils avaient pourtant tous « l’étoffe des héros » selon l’écrivain Tom Wolfe, cette substance indéfinissable qui dépasse de beaucoup la simple bravoure, et que tentera de mettre en relief le réalisateur Philip Kaufman dans un film fleuve, épique, historique et iconique, à la gloire des grands hommes, mais qui n’oublie pas que derrière chacun d’eux se trouvait aussi une femme. Lire la suite

La VIE AQUATIQUE

Le Cousteau dans l’eau

« C’est au creux d’une cicatrice que vit Bill Murray. Là, à mi-chemin entre son nez et sa bouche, dans cette demi-lune où s’incurvent les rêves, dans ce sourire inversé où s’échouent les mirages, cette balafre ambulante en forme de larme, d’où jaillissent des territoires engloutis, des poissons au visage d’enfant, des carcasses de navires sur lesquels des capitaines au sabre de caoutchouc, des trappeurs sous-marins, des prophètes sans dieu et autres chasseurs de nuages, tous ceux dont la quête d’un trésor prend la forme d’un rêve éveillé, ont choisi d’embarquer. Bill n’est pas un acteur. Il est un paysage. »

Alexandre Steiger, Sans Bill ni Murray, Editions Leo Scheer, 2020.

Des méduses phosphorescentes et des bancs de poissons roses, un iguane amphibie et une raie étoilée, des crabes rayés qui se disputent sur la plage et un bel hippocampe arc-en-ciel baignant dans un verre à champagne, le petit théâtre de « la Vie Aquatique » ne manque pas de récifs lorsqu’il est revisité par Wes Anderson. La faune qu’il observe est fort curieuse, pour le moins étonnante. Mais il ne se contente pas de rester en surface, il aime aussi sonder les profondeurs, visiter les épaves englouties qui gisent dans les abysses des personnages. En route pour un périple en miniature qui nous emmène au bout de la terre. Bienvenue à bord et vogue le navire ! Lire la suite

The GRAND BUDAPEST HOTEL

Un Air de Panache

« On peut se sacrifier pour ses propres idées, mais pas pour la folie des autres. »

Stefan Zweig, La Contrainte, 1927.

Dans la famille très encombrée des Anderson qui occupent le premier plan du cinéma actuel (qui va de P.T. à P.W.S.), Wes est sans doute celui qui possède l’identité visuelle la plus remarquable. « The Grand Budapest Hotel » répond en effet à tous les critères de reconnaissance imposés par sa marque de fabrique : comédie à l’humour très cérébral, goût prononcé pour les décors miniatures et les looks surannés, couleurs criardes, scénario foisonnant trempé dans une loquacité sophistiquée doublé d’un sens très astucieux des mouvements d’appareil. C’est grosso modo autour de ces quelques termes que se définit le petit monde de Wes Anderson. Lire la suite

THOR : Ragnarok

L’Asgardien de la galaxie

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« The Yellow-hair Hammer-fighter, Hulk will smash you like a flea ! »

Stan Lee in The Mighty Thor # 385, novembre 1987.

Il y a quelques années, la réalisatrice Lexi Alexander (dont le principal titre de gloire s’intitule « Punisher : war zone ») déclarait : « Marvel est devenu l’équivalent de Coca-Cola pour le cinéma. C’est un goût unique, inimitable. On sait très bien que ce n’est pas révolutionnaire, et que ça n’est sûrement pas bon pour la santé. Mais tout le monde aime se faire un Coca de temps en temps. » Au diable le régime sans sucre, la Maison aux Idées assume son surpoids en frappant le gong fatidique du « Thor : Ragnarok » que s’est follement amusé en mettre en boîte (ou en canette) un fantasque Maori nommé Taika Waititi. Lire la suite