NOVEMBRE

Vendredi 13

« Je me promenais sur un sentier avec deux amis – les soleil se couchait – tout d’un coup le ciel devint rouge sang. Je m’arrêtai, fatigué, et m’appuyai sur une clôture – il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir de la ville – mes amis continuèrent, et j’y restait tremblant d’anxiété – je sentais un cri infini qui passait à travers l’univers et qui déchirait la nature.  »

Journal intime d’Edvard Munch, 22 janvier 1892.

Tout le monde se souvient de ce qu’il faisait ce soir de « Novembre ». Certains étaient peut-être devant leur télé en train de regarder le match de foot, d’autres prenaient un verre entre amis profitant d’une soirée plutôt douce pour la saison. Et soudain ce fut la sidération, une horreur, un choc. « Plus que le choc, j’ai voulu travailler sur l’onde de choc » déclare Olivier Demangel, scénariste qui ravive l’effroi des cinq jours qui suivirent la nuit 13, Cédric Jimenez se chargeant de mettre en scène la frénésie qui s’ensuivit, cinq jours qui mirent la France en état d’urgence. Lire la suite

L’AMANT DOUBLE

Mortel transfert

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« Bien sûr les jumeaux sont des cas dérangeants, fascinants et étranges – j’en ai connu à l’école – mais au cinéma ils ont le plus souvent été utilisés de façon dégradante, comme des monstres ou des saints. (…) La gémellité me paraît aussi une parfaite métaphore pour tous les rapports de couple, mari et femme, parent et enfant, qui sont intenses et claustrophobiques à la fois. »

David Cronenberg in Positif n°337, mars 1989.

François Ozon est un réalisateur qui aime donner de faux rendez-vous. Alors qu’il s’est fendu l’an dernier d’un remake d’un classique de Lubitsch en prenant des accents chabroliens, il renoue cette fois-ci avec son penchant provocateur et sème le trouble avec « l’Amant Double ». Lire la suite

La FILLE INCONNUE

Conscience professionnelle

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« Hélas ! N’existe-t-il pas un vertige de la gaffe, une force qui nous possède à certains moments et qui nous pousse à faire ce que nous sentons qu’il ne faut pas faire ? »

Georges Simenon

Qu’est-ce qui fait courir Adèle ? L’année dernière, on a vu la belle Heanel à l’affiche de pas moins de quatre films. Doublement césarisée pour ses prestations dans « Suzanne » et « les combattants », elle n’est plus l’inconnue qui tapait au carreau des salles de casting pour se frayer un rôle dans l’univers étroit des plateaux de cinéma. Désormais recrutée par les plus prestigieux cinéastes belges actuels (double Palme d’Or, sans compter les prix annexes), elle part en quête d’elle-même, fait le chemin en sens inverse afin de chasser définitivement ce statut d’anonyme qui lui aura sans doute barré la route de bien des rôles. Adèle Haenel n’est donc pas « la fille inconnue » du dernier né de la filmo des frères Dardenne, mais bien l’héroïne qui va enquêter sur elle. Lire la suite