Le CREPUSCULE des AIGLES

Air et décoration

« On ne connaît pas un homme avant de l’avoir vu au danger. »

Ernst Jünger, Orages d’acier, 1920.

Rarement cité parmi les fleurons du film de guerre traitant de la Première Guerre Mondiale, « le Crépuscule des Aigles » de John Guillermin est pourtant loin d’être un petit film. Tourné sous l’égide de la Fox en cinémascope, doté d’un budget considérable, d’un casting international, d’un chef op’ au top (Douglas Slocombe, qui éclairera bien plus tard les Indiana Jones de Spielberg), d’un compositeur émérite (Jerry Goldsmith qui donne dans le John Williams avant l’heure) et d’un réalisateur anglais bientôt associé aux plus grands films catastrophes des seventies, il a pourtant tout pour plaire. C’est en leur compagnie que George Peppard s’envole « Pour le Mérite », selon un plan qui ne se déroulera pas sans accroc. Lire la suite

TOTAL RECALL

Better call Rekall

« Quand les autres gamins jouaient au ballon, je n’avais qu’une envie, c’était de leur prendre le ballon et de le jeter dans la rivière. C’était mon jeu à moi. Je trouvais ça drôle de perturber le jeu, de tout changer. »

Paul Verhoeven, cité dans « Paul Verhoeven » de Douglas Keesey et Paul Duncan, Taschen, 2005.

Dès 1966, Philip K. Dick avait des « souvenirs à vendre », mais personne pour les acheter. Je me souviens que Ron Shusett, quelques années plus tard, s’en est payé les droits pour une poignée de dollars. Je me souviens qu’un scénario signé Dan O’Bannon passa de main en main avant de finir dans celles de Mario Kassar et d’Arnold Schwarzenegger. Je me souviens que Paul Verhoeven en a tiré un film sous un titre éclatant : « Total Recall ». Que de souvenirs ! un véritable rêve de cinéma. Ou peut-être ne sont-ils que le souvenir d’un rêve… Mais qui rêve quoi exactement ? Lire la suite

La MALEDICTION

Un bon petit Diable

« L’influence de l’Esprit malin peut se cacher d’une manière profonde et efficace : se faire ignorer correspond à son intérêt. L’habileté de Satan dans le monde est celle de porter les Hommes à nier son existence au nom du rationalisme ou tout autre système de pensée… »

Jean-Paul II, Rome, 13 août 1986.

Dans les années soixante-dix, l’Amérique a peur. Roman Polanski laissait entendre que vos voisins pouvaient être d’abominables sorciers comploteurs, ce dingue de Bill Friedkin avait même réussi à ensorceler le public avec une gamine qui vomissait les pires horreurs tout en se masturbant avec un crucifix. Petit à petit, le Mal quittait les vieux châteaux hantés, il faisait de plus en plus corps avec le temps présent. La plus grande peur de l’époque était celle de l’anéantissement total, de l’effacement de l’humanité prédite par la Bible, et rendue possible par la Bombe. L’écrivain et scénariste David Seltzer s’empare de l’idée et offre à Richard Donner l’opportunité de faire de « la Malédiction » une véritable aubaine pour sa carrière. Lire la suite

RAMBO : first blood

Medal of honor

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« Sur les routes, par des nuits d’hiver, sans gîte, sans habits, sans pain, une voix étreignait mon cœur gelé : faiblesse ou force : te voilà, c’est la force. Tu ne sais ni où tu vas, ni pourquoi tu vas, entre partout, réponds à tout. On ne te tuera pas plus que si tu étais cadavre. »

Arthur Rimbaud, mauvais sang, 1873

« Rambo. Compliqué, préoccupé, obsessionnel, trop souvent incompris. Si vous avez entendu parler de lui et que vous ne l’avez pas encore rencontré, il est sur le point de vous surprendre. »

David Morrell, Santa Fe, 2000.

Survivre à la guerre. La question s’est posée à tous ceux qui, harnachés, entraînés, équipés et armés, sont un jour partis en mission sur les points chauds de la planète. Combattre, échapper aux balles et aux explosions, déjouer les pièges de l’ennemi, s’infiltrer dans les tunnels, se faire prendre et tenir bon face à la torture, face aux plus atroces conditions de détention : tout ceci n’est qu’une partie de l’incroyable gageure relevée par les soldats envoyés au front. Tous ces périls, « Rambo » les a surmontés au Vietnam. Ce soldat d’exception, héros fictif né sous la plume de David Morrell, porté à l’écran par le canadien Ted Kotcheff, est devenu légende sous les traits de Sylvester Stallone. Pour lui, comme pour bien d’autres vétérans ayant versé le « Premier sang », le retour à la mère patrie n’est pas la garantie d’une éternelle reconnaissance.

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