The GRAND BUDAPEST HOTEL

Un Air de Panache

« On peut se sacrifier pour ses propres idées, mais pas pour la folie des autres. »

Stefan Zweig, La Contrainte, 1927.

Dans la famille très encombrée des Anderson qui occupent le premier plan du cinéma actuel (qui va de P.T. à P.W.S.), Wes est sans doute celui qui possède l’identité visuelle la plus remarquable. « The Grand Budapest Hotel » répond en effet à tous les critères de reconnaissance imposés par sa marque de fabrique : comédie à l’humour très cérébral, goût prononcé pour les décors miniatures et les looks surannés, couleurs criardes, scénario foisonnant trempé dans une loquacité sophistiquée doublé d’un sens très astucieux des mouvements d’appareil. C’est grosso modo autour de ces quelques termes que se définit le petit monde de Wes Anderson. Lire la suite

CONTAGION

Ne le dites à personne

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« La peur est capable de tout et elle tue sans pitié, attention ! »

Jean Giono, le hussard sur le toit, 1951.

Alors qu’on disait la souche épidémique absolument tarie dans le cinéma hollywoodien, la réalité nous rattrape. Voilà presque dix ans, à l’heure où la menace pandémique mondialisée n’était encore que prédiction spéculative, l’indépendant Steven Soderbergh débarquait en force avec sa « Contagion ». Après une trilogie alimentaire sur la cambriole de haut vol, un diptyque arty sur le « Che » et un ou deux films undergrounds avec ou sans star du porno, le voici de retour sur le terrain du film-dossier laissé en friche depuis « Traffic » et « Erin Brokovich ». C’est à bien y regarder sur ce sujet que son regard clinique se montre le plus efficace. Lire la suite

CAPTAIN MARVEL

Top girl

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« Hé toi, qu’est-ce que tu regardes ?
T’as jamais vu une femme qui se bat ? »

Clara Luciani, la Grenade, 2018.

L’heure est grave. Alors que la moitié des surhommes chargés de défendre notre planète ont été désintégrés en un claquement de doigts, que leur dieu-père s’est définitivement éteint dans sa quatre-vingt-seizième année, un signal de détresse lancé vers l’infini devient soudain l’ultime espoir des fans en deuil. L’écurie aux grandes oreilles qui s’apprête à clore un cycle de plus de dix ans, comprend enfin que l’avenir de l’homme dépend plus que jamais de ces dames. Et pour perpétuer la lignée de ses héros en péril, elle en appelle à sa belle étoile, à son nouveau Captain. Dirigée par Anna Boden et Ryan Fleck, équipage mixte au commande de ce vaisseau bleu, rouge et or, Miss « Captain Marvel » déboule comme un bolide dans un contexte transitionnel, entre une « Infinity war » traumatisante et une « End game » on ne peut plus indécise. Lire la suite