BABYLON

Cinéma inferno

« Elle : pardonnez-moi, ne seriez-vous pas Dick Powell ?
Lui : si, c’est bien moi.
Elle : Je me demandais si vous me… Je pensais que peut-être (sanglots)
Lui : Allons, allons… Que se passe-t-il ?
Elle : Oh, vous ne comprendriez pas. Hollywood vous a toujours souri !
Lui : Qu’entendez-vous par là ? (…) »

Babylone, capitale antique de la Mésopotamie, symbole de la démesure qui aboutit à son effondrement. On a longtemps prédit le même sort à la Mecque du cinéma, grand parc d’attraction de l’industrie du septième art dont les quatre dernières lettres ont depuis belle lurette dégringolé des hauteurs d’Hollywood. Après avoir chanté les louanges et les désillusions du « La La Land », Damien Chazelle entend dévoiler les fondations de cette nouvelle « Babylon » noyée dans un film fleuve qui, à vouloir trop embrasser, bien mal étreint son art chéri. Lire la suite

FIRST MAN : le Premier Homme sur la Lune

L’étoffe du héros

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« Nous avons choisi d’aller sur la Lune. Nous avons choisi d’aller sur la Lune au cours de cette décennie et d’accomplir d’autres choses encore, non pas parce que c’est facile, mais justement parce que c’est difficile. Parce que cet objectif servira à organiser et à offrir le meilleur de notre énergie et de notre savoir-faire, parce que c’est le défi que nous sommes prêt à relever, celui que nous refusons de remettre à plus tard, celui que nous avons la ferme intention de remporter, tout comme les autres. »

John F. Kennedy, Rice University, Houston, Texas, 12 septembre 1962.

Les petits pas, Ryan Gosling connaît. L’ancienne tête à claques de chez Mickey a appris à se dandiner tant et si bien que sa carrière a fini par voler de succès en succès, en apesanteur au-dessus de l’observatoire Griffith dans « La la Land », décollage immédiat vers le ciel étoilé d’Hollywood. Ryan Gosling n’est évidemment pas le premier homme à décrocher la lune, mais pour le réalisateur Damien Chazelle, il est incontestablement le « First Man » idéal pour enfiler la combinaison de Neil Armstrong, le premier homme à strier du pied gauche le régolite lunaire. Restait alors à vérifier si le tumulte de la célébrité s’accorde avec la distante sérénité qui caractérise l’astre sélène. Lire la suite

La La Land

 

Les mélodies du bonheur

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« Pourquoi je filme ? parce que j’aime ça, parce ça bouge, parce que ça vit, parce que ça pleure, parce que ça rit… »

Jacques Demy

A en croire Damien Chazelle, sur les ponts embouteillés de La Cité des Anges, on y danse, on y danse. A la faveur d’un bouchon monstre, chacun sort de sa coquille de métal, le brouhaha des autoradios s’assemble en un phénoménal orchestre de ballet pour automobilistes qui se sentent monter des fourmis dans les jambes. Au milieu de toutes ces robes chamarrées, parmi ces danseurs de toutes les couleurs, la caméra voltige, élargit son horizon en scope, prend de la hauteur pour profiter de la vue. Elle serpente entre les voitures immobilisées puis se dérobe à la foule pour dévoiler un gang de percussionnistes clandestins planqué à l’arrière d’un camion. Ce n’est même plus un big band, c’est un big bazar, on se croirait revenu des années en arrière sur le pont transbordeur qui emportait les forains jusque dans les bras des « Demoiselles de Rochefort ». Toujours associé à Justin Hurwitz, son camarade de partitions qui voit cette fois la vie en Legrand, Chazelle injecte une dose de musicals du temps de l’âge d’or afin de nous souhaiter un splendide welcome to L.A. ? non, welcome to « La La Land », et ça fait bien longtemps que la « City of Light never shined so brightly ». Lire la suite