CARAMBOLAGES

Ni vu, ni connu

« Je traitais tous les conflits en espérant que pour le public, il en sortirait une exaltation révolutionnaire. »

Marcel Bluwal (25.05.1925 – 23.10. 2021)

Il n’aura pas droit à des obsèques nationales. Peut-être tout juste quelques entrefilets dans les médias. Moins populaire qu’un Tchernia, moins exposé qu’un Bellemare, Marcel Bluwal fut pourtant un des grands artisans de la télévision de cette époque pionnière, celle des Santelli, des Barma, tous ces esprits en ébullition qui rêvaient une télé intelligente, cultivée et insoumise. Du petit au grand écran il n’y a parfois qu’un simple pallier à traverser, que Marcel Bluwal franchit sans hésitation, lui qui avait fait ses armes comme cadreur pour le cinéma. Cela donnera « le Monte-charge » d’après Frédéric Dard, et surtout cet étonnant « Carambolages » à la distribution détonante et à la charge critique savoureuse. Lire la suite

L’AVARE

Le rapace

« Louis de Funès a d’instinct retrouvé un très ancien style de jeu qui passe par la Comedia dell’arte et les tréteaux du Pont-Neuf. Molière, comédien, devait jouer comme ça. »

Jean Anouilh

« Ne vous excusez pas ! C’est quand on est pauvre que l’on s’excuse. Quand on est riche, on est désagréable ! »

Louis de Funès/Don Salluste dans « La folie des Grandeurs », Gérard Oury, 1971.

Parvenu au soir de sa longue et tumultueuse carrière, quand on demandait à Louis de Funès s’il riait lorsqu’il se voyait à l’écran, il répondait : « pas beaucoup ». Voilà qui contraste avec l’image que le public se faisait de cet homme au comique vitupérant dont le plus grand désir était de faire rire petits et grands. Pour se convaincre de son pouvoir comique, il en appelle alors à son plus grand représentant national : Molière. De mots et d’esprit, le dramaturge n’était point économe, il ne renonça pourtant pas à être « l’Avare » de sa pièce du même nom. C’est précisément celle choisie par Louis de Funès qui, pour une adaptation à l’écran, est bien décidé à se dépenser sans compter. Lire la suite

La GRANDE VADROUILLE

Drôles de guerre

« « La Grande Vadrouille » autorise l’amateur de cinéma sortir du « ghetto » des films de recherche, et à se mêler à tous les publics pour son bon plaisir naïf, innocent. C’est un fait qui pourrait modifier beaucoup de choses dans les conditions de production du cinéma français, écartelé entre la gaudriole de service et le risque du sublime. Souhaitons que les obstinés de la doctrine « pure et dure » le comprennent à temps : « La Grande Vadrouille » est au cinéma de divertissement ce que « Pierrot le Fou » est au cinéma d’art et d’essai. »

Henry Chapier

« Mon plus grand désir d’acteur, c’est de faire des films destinés à faire rire les enfants et les parents à la fois dans ce monde trop triste. »

 Louis De Funès

Ach, la France ! Quel beau pays. Ses grands poètes, ses peintres illustres, ses compositeurs de génie. Ses paysages à couper le souffle, ses monuments de prestige, et puis Paris ! Quelle belle prise pour les Allemands qui, durant « la Grande Vadrouille » vers l’Atlantique, purent faire réquisition de ce merveilleux patrimoine. Mais alors que se font entendre les hauts cris de ceux qui à Oury ne disent pas hourrah, les arcboutés de la critique qui hurlent au sacrilège devant une guerre où l’on ne meurt pas, monte le rire kolossal d’un public qui ne se lasse pas, et ce depuis plusieurs générations. Lire la suite

Les aventures de RABBI JACOB

Alors on danse

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« Juifs, Arabes, ensemble… »

Philippe Katerine

Pourquoi les gens se détestent-ils autant ? Visiblement, le phénomène n’est pas nouveau, le communautarisme, la xénophobie, le racisme n’ont pas d’âge. Faute de connaître le vaccin qui nous immunisera de ces fléaux, mieux vaut en rire quitte à forcer le trait, et tourner ces tristes sires en ridicule comme s’amusait à le faire monsieur Molière. Ou bien encore Gérard Oury qui, dans « les Aventures de Rabbi Jacob », commet l’impardonnable sacrilège de conciliation, un exutoire nécessaire et salutaire dans un monde devenu complètement dingo. Lire la suite