SIX femmes pour l’ASSASSIN

Cadavres exquis

« Quand les visages lilas et rouge or se modifient dans un mouvement constamment animé, c’est un poème de couleurs que seul le cinéma, le cinéma en couleurs peut restituer. »

Béla Balázs, L’esprit du cinéma, 1930.

Qui a tué ? Conan Doyle, Agatha Christie, George Simenon se seront posé la question au fil des pages de leurs romans. Cette question se pose également dans l’œuvre corpulente d’Edgar Wallace, grand pourvoyeur d’intrigues pour les krimis germaniques et, bien sûr, précurseurs des crimes rouge profond des thrillers italiens des années 60-70. En 1964, le producteur français très Nouvelle Vague Georges de Beauregard propose à Mario Bava de sacrifier « six femmes pour l’assassin ». Sentant monter la fièvre giallo, le maître ligurien ne se fait pas prier pour étaler sa palette de nuances et annoncer la couleur d’un genre qui, bientôt, fera rougir les écrans. Lire la suite

LISA et le DIABLE

Les visiteurs du soir

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« En devisant de la sorte, les trois amis suivaient cette voie bordée de sépulcres qui, dans nos sentiments modernes, serait une lugubre avenue pour une ville, mais qui n’offrait pas les mêmes significations tristes pour les anciens, dont les tombeaux, au lieu d’un cadavre horrible, ne contenaient qu’une pincée de cendres, idée abstraite de la mort. L’art embellissait ces dernières demeures, et, comme dit Gœthe, le païen décorait des images de la vie les sarcophages et les urnes. »

Théophile Gautier, Arria Marcella, 1897

Qui n’a jamais rêvé se perdre dans une ville inconnue à la faveur d’une déambulation touristique ? L’ivresse de se laisser porter par ses pas, de se laisser conduire par le hasard, de suivre son instinct pour partir à l’aventure dans un lieu étranger, au risque d’y faire quelque étrange rencontre. C’est l’infortune qui guette l’héroïne du film de Mario Bava, sobrement intitulé « Lisa et le Diable », avant qu’un malfaisant producteur ne lui jette un sort pour l’éternité. Lire la suite