The CARD COUNTER

Le roman d’un pécheur

Credit: Courtesy of Focus Features

« Que suis-je aujourd’hui ? Un zéro. Que puis-je être demain ? Demain, je peux ressusciter d’entre les morts, et, de nouveau, commencer à vivre ! Tant qu’il n’a pas encore disparu, je peux retrouver l’homme en moi. »

Fiodor Dostoïevski, Le joueur, 1866.

C’est comme un vieux fantôme qui refait surface. Paul Schrader n’a pourtant pas chômé depuis les années 80, époque où il remporta un certain succès en tant que cinéaste avec « American Gigolo », mais ses derniers films ont eu bien des difficultés à trouver la porte de nos salles hexagonales. Il avait jadis montré la route du « Taxi Driver » à son vieux compère Martin Scorsese, ce dernier lui indique le chemin des casinos en produisant « The Card Counter », chronique sombre et magnétique d’un joueur en quête de délivrance, qui écume les tapis verts pour éviter de broyer du noir. Lire la suite

SHINE a LIGHT

Roulement de tambours

« Je suis béni. Le batteur avec qui j’ai commencé est l’un des meilleurs au monde. Avec un bon batteur, on est libre de faire ce qu’on veut. »

Keith Richards

« Cette manière qu’il a de se tenir le dos droit et de bouger ses mains – il est tellement calme et décontracté… C’est vraiment le noyau dur du groupe. »

Martin Scorsese in Conversations avec Martin Scorsese, Richard Schickel, 2011.

Le magazine qui porte le nom de son groupe l’avait élu douzième meilleur batteur de tous les temps. Il faut dire qu’il envoyait le Charlie, droit dans son costard, plus flegmatique que jamais. Son truc, c’était plutôt le jazz, celui qu’on apprend quand on est gamin, en traînant au fond des clubs londoniens, en regardant faire les cadors des baguettes. Puis vinrent Mick, Keith, Brian et Bill, et il décida de rouler pour eux. La rencontre entre Martin Scorsese et les Rolling Stones était tout aussi inévitable. « Shine a light », c’est « du rock à l’état pur » dit le réalisateur, un documentaire qui consacre l’avènement des pierres qui roulent au panthéon du rock anglo-saxon. « It is the evening of the day », et Charlie Watts s’en est allé rouler tambour au paradis du rock’n’roll. Lire la suite

The IRISHMAN

Confessions d’un homme dangereux

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« Quand on commence à vieillir, l’âge se fait sentir, on ne peut plus faire semblant de l’ignorer. Combien de temps a-t-on encore devant soi ? »

Martin Scorsese, Première n°500, octobre 2019.

On le pensait rangé des monastères, réduit au « Silence ». Que devient Martin Scorsese ? Il paraît qu’il repeint des maisons. C’est en tout cas ce que nous dit le film qu’il consacre à « the Irishman », tueur de la pègre frayant dans l’entourage de Jimmy Hoffa, le syndicaliste remuant effacé au mitan des seventies. Dans sa fresque ambitieuse de plus de trois heures et demie, il sort quelques icones de leur retraite, cherche à lutter contre l’Alzheimer du cinéphile, quitte à signer un pacte avec le diable de la vidéo à la demande. Lire la suite

SILENCE

Les infiltrés

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« Qui veut venir avec moi, doit peiner avec moi, afin que, me suivant dans le labeur, il me suive ainsi dans la gloire. »

Ignace de Loyola, exercices spirituels, 1548.

S comme silence. Akira Kurosawa avait un jour écrit à Martin Scorsese qui lui avait envoyé son film « le temps de l’innocence » pour obtenir son avis : « Je dois vous avertir, vous réprimander, pour votre utilisation de la musique. Comme dans tous les films d’Hollywood, vous en faites un usage excessif. » Puisque le Fuji-Yama du cinéma nippon réclame le silence, alors Martin Scorsese fera « Silence ». Lire la suite