Le CHARLATAN

Les lames du destin

« J’ai été déiste, unitarien, athée, presbytérien, et je suis actuellement ermersonien indépendant, et toujours à la recherche de ce que Dieu a bien pu vouloir pour moi. »

William Lindsay Gresham

Perle sombre et méconnue, désormais au programme du grand carnaval de l’étrange de Guillermo del Toro, « Nightmare alley » est d’abord un puissant roman de W. L. Gresham. Sous l’impulsion du producteur George Jessel, aux ordres de la Fox de Zanuck, il deviendra très vite un film d’Edmund Goulding, entre gothique de foire et drame psychologique, aux marges du Film Noir et du fantastique. Une véritable histoire de fou dans laquelle s’engage la star des studios Tyrone Power qui, fatigué d’être perçu comme l’éternel adonis, n’hésite pas s’allonger sur le divan de la psychanalyse pour prouver à tous qu’il peut être « le Charlatan ». Lire la suite

Les FORBANS de la NUIT

Panique dans la rue

« Ce film a beaucoup compté pour moi en ce qui concerne le contexte et l’ambiance de « Mean Streets ». Il contient une bonne charge de violence émotive. Richard Widmark est en proie à ses obsessions, c’est un arnaqueur qui court toute la nuit, paniqué, désespéré – comme Charlie dans « Mean Streets ». Et il se retrouve ruiné, comme Charlie, sa perte inscrite sur le visage. »

Martin Scorsese, Martin Scorsese’s guilty pleasures in Film Comment, septembre/octobre 1978.

« Tout m’afflige et me nuit et conspire à me nuire. »

Jean Racine, Phèdre, Acte I, scène 3, 1677.

Dans la carrière de certains cinéastes américains, il y eut le temps de faire, et il y eut le temps de fuir. Pour Losey, Berry et d’autres parmi lesquels Jules Dassin, l’étau s’est resserré sous l’ère MacCarthy. Les portes se fermèrent, et les amis trahirent. A l’ouverture de la chasse, Dassin sent monter le rififi. A Londres, un film l’attend, « ce sera peut-être le dernier » dit l’oracle Zanuck. Il n’en sera rien, fort heureusement. Mais « les Forbans de la Nuit » est assurément son ultime film pour la Fox. Un film exilé, tragique et sombre, désespérément magnifique. Lire la suite