Le MONDE, la CHAIR et le DIABLE

Harry, un ami qui nous voulait du bien

« J’ai rapidement compris qu’Hollywood était le révélateur de ce qui n’allait pas dans notre société. »

Harry Belafonte, 2018.

Dans une célèbre scène du film « Beetlejuice » de Tim Burton, une tablée de gens bien comme il faut se met soudain à danser au rythme d’un mento jamaïcain, comme envoûtés par une voix venue d’ailleurs. Cette voix venue de l’au-delà résonne aujourd’hui d’outre-tombe en effet, car c’est celle du chanteur et comédien Harry Belafonte. Cette voix qui s’est éteinte, elle fut aussi celle des ouvriers noirs de la Jamaïque, celle de ses ancêtres. C’est aussi celle qui s’élevait pour la défense des droits civiques aux Etats-Unis. Durant de longues années, au côté de son ami Sidney Poitiers disparu il y a un peu plus d’un an, Belafonte mit sa notoriété au service de la cause militante, de la mixité des peuples et de l’antiracisme, et ce jusque dans le « Blackkklansman » de Spike Lee qui signera ses adieux au grand écran. Cet idéal, il l’incarna très tôt, notamment dans ce film honni des suprémacistes blancs : « Le Monde, La Chair et le Diable » de Ranald MacDougall. Lire la suite

Les TUEURS

Assurance sur la mort

« En 1946, le malfrat ne représente plus la caricature de la réussite sociale à l’américaine, avec tout ce que cela peut comporter de secrète admiration pour le « rebelle prolétaire » ; il ne sert même plus à la revalorisation des « G-Men » et de l’ordre public suscitée par Hoover, ou à la reconstruction économique préconisée par Roosevelt. Appartenant à la couche moyenne, il n’a plus de justification en lui-même mais exprime directement la morbidité de cette couche. »

Hervé Dumont, Robert Siodmak, Le maître du film noir »,1981

« I did something wrong, once… » Tel sera l’ultime aveu de celui qui s’apprête à prendre huit balles dans la peau. Un destin perfide aura placé des chausse-trappes sur son chemin, l’invitant à faire le mauvais choix, à prendre la voie moins sûre, la plus périlleuse, celle qui conduit vers un piège sans échappatoire. Au carrefour de la mort, « les Tueurs » de Robert Siodmak donnent un diner aux réverbères qui vire au jeu de massacre dont la plupart des convives ne ressortiront pas indemnes. Lire la suite

La vie passionnée de VINCENT VAN GOGH

L’ensorcelé

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« Je possède beaucoup d’œuvres d’art mais aucun Van Gogh. Mis à part le fait que je n’ai pas les moyens de m’acheter un de ses tableaux, il y aurait quelque chose d’étrange : j’aurais l’impression de l’avoir peint moi-même. »

Kirk Douglas, Le fils du chiffonnier, 1988.

« Je suis arrivé sur terre dans une magnifique boîte en or ornée de fleurs et de fruits délicatement ciselés, et suspendue au ciel par de fins rubans d’argent. » lit-on en préambule du « fils du chiffonnier ». Quand il écrit cette phrase, Issur repense à sa maman, qui lui racontait cette fable de sa venue au monde. Issur ne s’appelait pas encore Kirk, mais il aimait déjà les histoires. Kirk Douglas avait de l’allure, une large palette de jeu, un visage slave taillé au couteau, marqué d’une fossette immédiatement reconnaissable. Il était devenu l’immortel du cinéma, le dernier des géants d’Hollywood. Une attaque cérébrale, une crise cardiaque et un accident d’hélicoptère n’avaient pas réussi à l’abattre. « Kirk Douglas était un demi-dieu qu’on n’approche jamais » a même dit un jour la toute jeune Bardot qui le croisa brièvement sur un plateau de tournage. Et puis, il a fini par s’éteindre, comme tous les autres, emportant avec lui le Colonel Dax vers « les sentiers de la gloire », Doc Holliday pour d’autres règlements de compte, Einar sur les chemins du Walhalla. On se souviendra aussi de lui dans la peau du peintre le plus célèbre des Pays-Bas, personnage dans lequel il faillit s’abîmer pour de bon. Pas d’Oscar pour Kirk Douglas dans « La Vie Passionnée de Vincent Van Gogh », pas même une nomination pour son réalisateur Vincente Minnelli. Mais une toile de maître pour un grand du cinéma.

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