La colline des hommes perdus

L’incorruptible

« J’ai toujours su de quoi il était capable. John Huston, quand il l’a engagé pour « l’Homme qui voulut être roi », le savait également. Sean a toujours su jouer comme un géant. »

              Sidney Lumet

Il s’appelait Sean. Sean Connery. Grâce à lui, tout le monde aura su comment prononcer cet étrange prénom d’origine gaélique. Car bien évidemment, aux yeux de tous, il demeurera le premier à servir sous le matricule 007. « Il est presque impossible de tenter d’effacer l’image de Bond » avouait-il d’ailleurs en 89. Ce grand fauve au physique athlétique avait pourtant déjà pu prouver à de multiples reprises, et dans des genres divers et variés toute l’étendue de ses talents d’acteur : Moine enquêteur dans « le Nom de la Rose », aventurier mégalo dans le remarquable « homme qui voulut être roi », et père d’un autre dans « Indiana Jones et la dernière Croisade », et tant d’autres…. Son rôle de policier chez « Les Incorruptibles » de De Palma lui permit d’obtenir son premier Oscar,… pour un second rôle. De quoi mettre en rogne, comme ce flic qu’il interprétait dans le très sombre « The Offence » de Sidney Lumet. Le même Lumet fut d’ailleurs un des premiers (avec Hitchcock) à lui proposer un rôle puissant et traumatisant dès les années 60, au sommet de « La colline des hommes perdus. » Lire la suite

SECTION 99

Jusqu’à l’os

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« Il est un lieu là-bas qu’attristent les ténèbres,
mais non les peines, et où les plaintes
ne résonnent pas en cris, mais en soupirs. »

Dante Alighieri, La Divine Comédie : Le Purgatoire, XIVème siècle.

S’il y a bien un endroit sur terre où l’on ne souhaiterait pas passer ses vacances, c’est en prison. Pensé comme un lieu de rééducation, on sait au moins depuis Foucault qu’il n’est autre qu’un monde de brutes que l’on surveille et où on punit, quitte à accessoirement « fabriquer des délinquants ». D’une littérature nourrie de geôles et de bagnards, la chronique carcérale est devenue un juteux véhicule à fantasmes cinématographiques. Steven Craig Zahler, réalisateur friand de hauts murs et d’ecchymoses, fait tout pour se retrouver en cabane, dans la « Section 99 » d’un pénitencier de Haute Sécurité, au fond d’un trou d’où la lumière ne sort jamais.

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La LIGNE VERTE

Peine capitale

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« And the mercy seat is waiting
And I think my head is burning
And in a way I’m yearning
To be done with all this measuring of proof.
An eye for an eye
And a tooth for a tooth
And anyway I told the Truth
And I’m not afraid to die »

Nick Cave, The Mercy Seat, 1988.

Frank Darabont pensait avoir purgé sa peine, avait enfin digéré l’échec en salles des « Evadés » grâce à une heureuse seconde vie en vidéo. Mais quand son King lui propose de s’avancer sur « La Ligne Verte », il ne peut refuser l’offre. De retour derrière les barreaux, Darabont prend cette fois ses quartiers dans le couloir de la mort, pour y tourner un long métrage de plus trois heures aboutissant à une exécution. Lire la suite