La SPLENDEUR des AMBERSON

La maison dans l’ombre

« L’autre jour, je revoyais un extrait de « La Splendeur des Amberson » que j’aime bien car je voulais revoir une actrice, Agnès Moorehead, qui venait du Mercury Theatre ; je voulais réécouter le son de sa crise de larmes. Ce sont des pièces historiques ces morceaux de cinéma, c’est de l’archéologie. Comme un musée imaginaire dans lequel on déambule. Parfois, on conserve certaines images, certaines émotions et en revoyant le film c’est moins fort ; là, c’était vraiment aussi fort que dans mon souvenir. »

Jean-Luc Godard in La Septième Obsession n°28, mai-juin 2020.

Dans le champ de ruines abandonnées dans le sillage de la tumultueuse Histoire du cinéma, on trouve ça et là quelques fabuleux monuments qui rayonnent encore d’une aura magnifique. Du haut de son promontoire de reconnaissance, règne sans partage « Citizen Kane » sur l’œuvre d’Orson Welles, ne laissant que bien trop faiblement entrevoir dans son prolongement immédiat « la Splendeur des Amberson ». Ce film tourné immédiatement après, fut mutilé à la table de montage, ravagé dans sa durée, jusqu’à être défiguré par la volonté des studios qui exigèrent une autre fin, mais il conserve néanmoins l’élégance grave des plus beaux films d’Orson Welles, éminemment viscontien avant l’heure. Lire la suite

WEST SIDE STORY

Gangs of New York

west side story 1

CAPULET.
— Messieurs, soyez les bienvenus ! Celles de ces dames qui ne sont pas — affligées de cors aux pieds vont vous donner de l’exercice !… — Ah ! ah ! mes donzelles ! qui de vous toutes — refusera de danser à présent ? Celle qui fera la mijaurée, celle-là, — je jurerai qu’elle a des cors ! Eh ! je vous prends par l’endroit sensible, n’est-ce pas ?

William Shakespeare, Romeo and Juliet, Acte I Scène V, 1597

Lorsque s’avance Fred Astaire près du pupitre sur lequel est posée la statuette du meilleur film en cette 34ème cérémonie des Oscars, on lit dans son regard qu’il se doute déjà du nom de celui à qui il va remettre la récompense. Il ne le connaît que trop, car il a commencé comme monteur sur un des films musicaux que l’acteur/danseur a tournés avec la belle Ginger dans les années 30. « The winner is West Side Story », et c’est sous un ramdam de cris et d’applaudissements que Robert Wise monte sur scène pour empocher la dixième récompense qui vient couronner son film, une moisson pour le moins exceptionnelle, voire même historique.Au-delà de la consécration par les pairs, il y a l’œuvre, devenue Trésor National américain, un petit morceau d’Histoire du Cinéma qui bougea quelque peu les lignes du Musical tout en cherchant à dire quelque chose sur son temps. Lire la suite