La Cérémonie

les femmes d’à côté

« Il y a chez vos gens de bien beaucoup de choses qui me répugnent, et non certes le mal qui est en eux. Je souhaiterais qu’ils eussent une folie dont ils dussent périr, comme ce pâle criminel. »

Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, 1883-1885.

Quinze ans après « Cheval d’Orgueil », c’est le retour en Bretagne pour Claude Chabrol. Mais cette fois nulle bigoudène, pas l’ombre d’un chapeau rond, et c’est à peine si l’on entrevoit les remparts de Saint-Malo (hissez haut !) dans « la Cérémonie ». Comme toujours, Chabrol préfère les écarts, les petits coins discrets à l’abri des regards, où viennent se nicher les petits bourgeois de province, où se jouent les drames sordides et ordinaires. Une fois de plus il prouve que ce sont parfois « les petits sujets » qui peuvent engendrer les grands films. Lire la suite

Sous le Soleil de Satan

Le mal effet

« Je vous ai aimée tard, beauté si ancienne, beauté si nouvelle, je vous ai aimée tard. Mais quoi ! Vous étiez au dedans, moi au dehors de moi-même ; et c’est au dehors que je vous cherchais ; et je poursuivais de ma laideur la beauté de vos créatures. Vous étiez avec moi, et je n’étais pas avec vous ; retenu loin de vous par tout ce qui, sans vous, ne serait que néant. Vous m’appelez, et voilà que votre cri force la surdité de mon oreille ; votre splendeur rayonne, elle chasse mon aveuglement ; votre parfum, je le respire, et voilà que je soupire pour vous ; je vous ai goûté, et me voilà dévoré de faim et de soif ; vous m’avez touché, et je brûle du désir de votre paix. »

Saint Augustin, Les Confessions, Livre X, Chapitre XXVII, IV-Vème siècle.

L’amour existe, Maurice Pialat l’a filmé au tout début des années 60. Il n’a jamais cessé ensuite. L’amour, c’est la quête éperdue d’un absolu, d’un état de grâce qui se dérobe à notre être, mais peut-être accessible à notre âme. Le désamour existe lui-aussi. S’il fallait chercher une œuvre parmi toutes celles que Pialat a tournées pour cristalliser ce sentiment d’hostilité féroce, on la trouverait assurément « sous le soleil de Satan ». Lire la suite

Quelques jours avec moi

Larme à gauche

qq jours-2

« Travailler avec Marielle a été un grand plaisir. Pour moi, c’était une apothéose de lui donner un second rôle de cette qualité. »

Claude Sautet in Sautet par Sautet, N.T. Binh et Dominique Rabourdin, 2005

« Les Césars, j’en ai rien à foutre. Je ne suis pas un acteur de tombola. »

Jean-Pierre Marielle

Quand un acteur s’éteint, c’est aussi une voix qui se tait. Jean-Pierre Marielle était une voix unique, singulière, reconnaissable entre toutes. Ne retenir qu’un film parmi tous ceux qu’il a tournés relève de l’absurde, car ils appartiennent tous à ce que Philippe Labro appelle « la légende Marielle ». Mais lorsque Claude Sautet lui propose de passer « quelques jours avec moi », on ne demande pas mieux. Sur son nom, on est prêt à faire les valises et à partir vers on ne sait quelle destination. Lire la suite