« IL » est revenu

Les copains d’avant

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« C’est la partie la plus obscure, la plus impénétrable de notre personnalité. [Lieu de] Chaos, marmite pleine d’émotions bouillonnantes. Il s’emplit d’énergie, à partir des pulsions, mais sans témoigner d’aucune organisation, d’aucune volonté générale ; il tend seulement à satisfaire les besoins pulsionnels, en se conformant au principe de plaisir. Le Ça ne connaît et ne supporte pas la contradiction. »

Sigmund Freud

Qui a peur du grand méchant clown ? La jeunesse connectée à YouTube ne se lasse pas de s’exciter le trouillomètre lorsque tombent enfin les feuilles mortes d’Halloween. Ils se matent en boucle les turpitudes des petits plaisantins maquillés en Bozo azimutés qui se filment la nuit en train d’effrayer les promeneurs égarés. Plus de trente ans après la parution du roman de Stephen King, la peur du clown fait toujours recette. « IL est revenu », le téléfilm de Tommy Lee Wallace l’avait d’ailleurs prédit bien longtemps avant qu’un quadra argentin ne remette « Ça » sur le dessus du panier. Lire la suite

La LIGNE VERTE

Peine capitale

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« And the mercy seat is waiting
And I think my head is burning
And in a way I’m yearning
To be done with all this measuring of proof.
An eye for an eye
And a tooth for a tooth
And anyway I told the Truth
And I’m not afraid to die »

Nick Cave, The Mercy Seat, 1988.

Frank Darabont pensait avoir purgé sa peine, avait enfin digéré l’échec en salles des « Evadés » grâce à une heureuse seconde vie en vidéo. Mais quand son King lui propose de s’avancer sur « La Ligne Verte », il ne peut refuser l’offre. De retour derrière les barreaux, Darabont prend cette fois ses quartiers dans le couloir de la mort, pour y tourner un long métrage de plus trois heures aboutissant à une exécution. Lire la suite

Ça (2017)

Stranger Thing

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J’ai un gros nez rouge
Deux traits sous les yeux
Un chapeau qui bouge
Un air malicieux

Lon Chaney, célèbre acteur « aux mille visages », estimait que le comble de l’horreur serait de se retrouver face à un clown à minuit. Lui qui fut un terrifiant manchot de cirque ou fantôme défiguré de l’opéra s’y entendait sur la question.  Dans un muet des années 20 signé Victor Sjöström, il était notamment le pauvre « He », paillasse souffre-douleur recevant quantité de gifles dans un numéro particulièrement humiliant. L’histoire ne dit pas si « He » est devenu « It » dans l’esprit de Stephen King lorsqu’il entreprit l’écriture de ce roman à succès, devenu mini-série dans les années 80, et maintenant « ça » réalisé par l’argentin Andrès Muschietti, histoire d’un croque-mitaine à perruque orange qui ne fait désormais plus rire personne. Suivez mon regard… Lire la suite

CHRISTINE

Pleins phares sur l’assassin

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Ma chérie conduit le dernier modèle de chez Cadillac
Ouais elle le fait !
Ma chérie conduit le dernier modèle de chez Cadillac
Elle m’a dit : « hey, ramène-toi, vieux !  »
« je ne reviendrais jamais !  »

Vince Taylor, Brand New Cadillac, 1959

La nouvelle avait fait grand bruit. Le 30 septembre 1955 à 17h59, James Dean succombait à ses blessures suite au crash de sa Porsche 550 à l’intersection de la 41 et de la 46 près de Cholame, Californie. Depuis, on ne compte plus les témoignages d’automobilistes ou de routiers qui, passant dans le coin, pensent avoir aperçu l’ombre de la voiture de sport les doublant par la gauche, ou avoir entendu le fracas de la collision porté par le vent. A ces légendes urbaines s’ajoute évidemment celle qui concerne l’épave de la « Little Bastard » numéro 130, dont les restes furent exposés au titre de la prévention routière et quelques pièces récupérées pour être greffées sur d’autres machines. Résultat des courses : deux jambes cassées pour George Barris qui en a racheté la carcasse, deux morts lors d’une compétition à Pomona sur des voitures utilisant ses reliques, un garage incendié, et pour couronner le tout, l’épave qui se volatilise alors que son propriétaire songeait à la broyer définitivement. A peu près au moment où la carcasse de la Porsche disparaît, sort flambant neuve des forges infernales de Detroit, une Plymouth Fury rouge pétant que l’écrivain Stephen King a décidé d’appeler « Christine ». Lire la suite

L’ANTRE de la FOLIE

Après moi le délire

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« La peur et l’horreur sont des émotions aveuglantes qui démantibulent nos échasses d’adultes et nous laissent dans le noir absolu, aussi désemparés que des enfants incapables de trouver l’interrupteur. »

Stephen King, Anatomie de l’horreur, chapitre 5.

« Do you read Sutter Cane ? » A cette question mieux vaut répondre par la négative sous peine de se retrouver le crâne fendu d’un coup de hache porté par un type en imperméable. Au mitan des années quatre-vingt-dix, John Carpenter a pris rendez-vous avec la peur, bien décidé à enfoncer les portes de la déraison. L’esprit aussi enfiévré que celui d’Howard Philip Lovecraft lors de son séjour à Brooklyn, il s’engouffre à corps et à cœur perdus dans « l’antre de la folie », vendant son âme au scénariste Michael DeLuca, accessoirement ponte de la firme New Line Cinema. Fini de jouer les hommes invisibles pour une relecture en demi-teinte du roman d’H.G. Wells, le réalisateur repart sur des chemins plus tortueux, retourne à des atmosphères plus sulfureuses. Moustache parfaitement affûtée et charge de guitares héroïques dès l’entame du générique, le voici bien décidé à titiller l’irrationnel à sa façon, à faire siennes ces contrées de l’épouvante écrites sur un plateau pour boucler ce qui ressemblera bientôt à un cycle apocalyptique entamé quinze ans plus tôt sous les glaces de l’Antarctique. Lire la suite