AVATAR : la Voie de l’Eau

Sur la piste des géants

« – Nous n’abimerons pas Mars, c’est un monde vaste et trop avantageux.
– Vous croyez ? Nous autres, les Terriens, avons le don d’abimer les belles et grandes choses. »

Ray Bradbury, Chroniques martiennes, 1954.

Treize ans. Il s’en est passé en treize ans. Toute une génération a grandi avec l’« Avatar » de James Cameron quelque part dans son cortex, première perle d’une saga encore en gestation. Puis l’usine aux grandes oreilles a phagocyté la Fox. Elle a assis sa domination sur l’univers du blockbuster avec ses super-pouvoirs et ses guerres des étoiles. Alors, englouti le captain Cameron ? Noyé dans les entrailles du « Titanic », porté disparu dans les abysses de son projet pharaonique. Remontant des profondeurs insondables d’Hollywood, « Avatar : la voie de l’eau » émerge soudain, éclaboussant de sa 3D tous les écrans du monde pour une apnée de plus trois heures aux images à couper le souffle. Lire la suite

MANHUNTER

La part des ténèbres

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« Débarquer dans un marécage, marcher à travers bois et dans quelque poste de l’intérieur, se sentir encerclé par cette sauvagerie, cette absolue sauvagerie – toute cette vie mystérieuse des solitudes, qui s’agite dans la forêt, dans la jungle, dans le cœur de l’homme sauvage. Il n’y a pas non plus d’initiation à ces mystères. Il faut vivre au milieu de l’incompréhensible, et cela est détestable. En outre, il en émane une fascination qui fait son œuvre sur notre homme. La fascination, comprenez-vous, de l’abominable. »

Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres, 1899.

« You live with me, don’t you ? »

Miami Vice, Shadow in the Dark, Saison 3, épisode 6, 1986.

Il n’y a pas de plus grande solitude que celle du tigre dans la jungle. Peut-être… qu’en suivant le Bushido de Jean-Pierre Melville, Michael Mann s’est trouvé le goût de la traque des grands fauves, une fascination pour ces redoutables tueurs au souffle chaud, soyeux et sanguinaires, effrayants et captivants. Dans la mathématique de « Manhunter », la proie et le chasseur ne font plus qu’un. Et si le cinéaste part à la chasse, ici la proie est le chasseur.

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HOSTILES

Two rode together

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« The only good indians I ever saw were dead. »

General Philip Sheridan, 1871

Aujourd’hui plus qu’hier encore, le western est moribond. Les Oscars d’Eastwood et de Costner sont désormais bien loin et ils ne sont plus qu’une poignée chaque année à entretenir la flamme du bivouac. Parmi eux, il y a Scott Cooper, qui pense que « tout réalisateur américain qui se respecte devrait, à un moment de sa carrière, diriger un western. » C’est chose faite en ce qui le concerne avec « Hostiles », chronique âpre et brutale d’un passé taché de sang. Lire la suite