The FABELMANS

Young Mister Spielberg

« Les créateurs dans les domaines de l’art ou de l’architecture, les gens qui font du cinéma, écrivent des romans ou font des pièces de théâtre, restituent un ensemble de sensations et d’impressions, provenant de leurs souvenirs antérieurs. […] Dans mon cas, je trouve mon inspiration dans tout ce qui constitue mon être profond, et ce depuis l’année de ma naissance, à Cincinnati dans l’Ohio. En quelque sorte, j’ai accumulé la poussière et le pollen de mes expériences depuis l’instant où je suis né… »

Steven Spielberg cité par Tony Crawley dans « L’aventure Spielberg », 1983.

Devenir cinéaste, à quoi ça tient ? Un peu de pellicule, une petite caméra, un peu d’astuce, beaucoup d’imagination et un entourage conciliant, tout cela aide mais ne fait pas tout. Pour devenir cinéaste, il faut une rencontre, un évènement marquant, une collision qui vous conduit tout droit « Sous le plus grand chapiteau du monde ». C’est là que Steven Spielberg situe l’acte de naissance de sa vocation, et c’est par là qu’il débute « The Fabelmans », un « autobiopic » qui ne dit pas son nom mais qui a bien du mal à rester caché derrière la caméra. Lire la suite

E.T., l’Extraterrestre

L’ami qui venait d’ailleurs

« You can fly, you can fly, you can fly ! »

Sammy Cahn pour « Peter Pan », Walt Disney, 1953.

Il y a ceux qu’on croise au détour d’un raccourci que l’on n’aurait jamais dû prendre, qui débarquent de leur astronef clignotant pour désintégrer tout ce qui passe à portée de laser. Il y en a d’autres, plus sournois, « Choses » rampantes et gluantes, qui prennent la forme d’êtres humains pour mieux corrompre et anéantir. Et puis il y a des rencontres qui réchauffent le cœur et enchantent l’esprit, qui allègent les soucis en laissant croire à un monde meilleur. Cinq ans après avoir fait une belle « Rencontre du Troisième Type », la caméra de Steven Spielberg revient rôder sur les collines de Los Angeles à la recherche d’un « E.T. l’extraterrestre » planté par ses collègues au beau milieu d’une cueillette de champignons (décidément un bon coin). Elle y trouvera deux ou trois souvenirs de jeunesse, un succès populaire, un hymne universel et l’emblème d’un réalisateur en état de grâce. Lire la suite

WEST SIDE STORY (2021)

Danse avec les Sharks

« The air
Is humming,
And something great is coming!
Who knows?
It’s only just out of reach,
Down the block, on a beach,
Maybe tonight . . . »

« Something’s coming », paroles de Stephen Sondheim (22.03.1930 – 26.11.2021)

Sa disparition n’a pas fait grand bruit ici-bas. Il était reconnu comme l’un des plus grands, si ce n’est le plus grand dans son pays. Stephen Sondheim était un « Titan de la Comédie Musicale », le Mozart de Broadway, et il le fut durant soixante-dix ans de carrière. Des feux de la rampe new-yorkaise aux projecteurs hollywoodiens, il ne fallut souvent qu’un entrechat pour sublimer ses œuvres et les donner à voir à un plus large public : de « Gypsy, la Venus de Broadway » à « Into the Woods » revu par le spécialiste Rob Marshall, en passant la fable saignante et croustillante de « Sweeney Todd, le barbier de Fleet Street » cuisinée par Tim Burton, il y en eut décidément pour tous les goûts. Mais le show qui le plaça durablement sur la route pavée d’étoiles fut bien celui donné au cœur de Manhattan à la fin des années 50, orchestré par Leonard Bernstein, chorégraphié par Jerome Robbins, mis en image par Robert Wise et aujourd’hui par Steven Spielberg : « West Side Story », une histoire de conquête de cœurs et de guerre de territoire où désormais cohabitent à jamais les deux Steve. Lire la suite

Les GOONIES

Pirate Donner

« Dick maîtrisait si bien ses films et était si doué dans de nombreux genres. Faire partie de son cercle, c’était comme fréquenter son entraîneur préféré, son professeur le plus intelligent, son motivateur le plus féroce, son ami le plus attachant, son allié le plus fidèle et, bien sûr, le plus grand des Goonies. C’était un enfant. Tout le cœur. Tout le temps. Je n’arrive pas à croire qu’il est parti, mais son rire rauque et chaleureux restera toujours avec moi. »

Steven Spielberg

D’abord on l’a mis dans une boîte : la télévision. Richard Donner a longtemps galopé près de Steve McQueen pour arrêter les desperados « Au nom de la loi ». Il a aussi écumé « les rues de San Francisco », percé « les Mystères de l’Ouest », basculé dans la « Twilight Zone » où il vécut des « cauchemars à 20 000 pieds ». Il faudra une « Malédiction » pour que sur grand écran vienne enfin l’avènement, faute de véritable baptême. Enfin sa carrière décolle vers les cimes, noble oiseau le jour, loup féroce la nuit, « Superman » du divertissement. Mais aujourd’hui, tous les chasseurs d’imaginaire, tous les corsaires de minuit, tous les « Maverick » au grand cœur et les « fantômes en fête » versent une larme fatale en pensant que le réalisateur des « Goonies » a rejoint Willy le Borgne au paradis des pirates et des îles aux trésors. Lire la suite

Pentagon Papers

Balance ton scoop

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« Toutes les grandes vérités commencent par être des blasphèmes. »

George Bernard Shaw, Annajanska, 1917

Le ciel s’assombrit. « Democacy dies in darkness » dit le nouveau slogan du Washington Post. Aux Etats-Unis, depuis que le nouveau président a érigé en principe électoral le concept de post-vérité, rien ne va plus pour les dénicheurs de scandales. Face à ce constat inquiétant, ce grand humaniste qu’est Steven Spielberg, stakhanoviste de la caméra s’il en est, ne pouvait renoncer à mettre en chantier « Pentagon Papers » la même année que « Ready Player One », car le temps est compté avant que d’autres ne choisissent d’imprimer la légende. Lire la suite

READY PLAYER ONE

Le grand jeu

READY PLAYER ONE

« Je crois au fond que je souffre du syndrome de Peter Pan. En effet, je ne veux plus grandir et rester définitivement un grand gosse ! Mais attention : un gosse réaliste et parfois cynique sur le monde qui l’entoure. »

Steven Spielberg

« La déesse de notre temps a pour nom Nostalgie, nouvel Être suprême d’une société sans Dieu. »

Emmanuel Hoog, Mémoire année zéro, 2009.

Il y a peu, Steven Spielberg prédisait la mort du blockbuster de super-héros. Le succès du récent « Black Panther » semble pourtant conforter le prévisionnel de la firme Marvel. Alors, puisque le glas des super-costumés n’a pas encore sonné, le père du plus célèbre des gamins au vélo entend bien organiser la contre-attaque, secouer le cocotier formaté du film à grand spectacle pour revenir aux fondamentaux et aux bonnes vieilles recettes. C’est le grand retour des DeLaurean, des geeks en goguette et des chemises à carreau : Tonton Spielberg nous sort le grand jeu alors, « Ready Player One » ? Lire la suite