SICARIO

Borderline

Sicario

« Je construirai un grand, grand mur à la frontière sud et je le ferai financer par le Mexique. »
Donald Trump

Une frontière, en Amérique, n’est pas qu’une ligne. A la fin du XIXème siècle, l’historien américain Frederick Jackson Turner constatait déjà que « L’Ouest est plus une forme de société qu’une région géographique ». Dès lors que cette frontière s’est s’étendue d’un océan à l’autre, il a fallu en redéfinir de « nouvelles », espaces transitionnels ne relevant plus alors de la seule géographie des cartes. Là où le tiers-monde concupiscent lorgne sur la terre des opportunités, les règles changent, les peuples se mélangent, le flou et la confusion s’installent sur un territoire devenu la proie des loups. C’est là-bas, aux marches du Mexique, aux confins de l’Arizona, que Denis Villeneuve infiltre son « Sicario », histoire d’un remède qui pourrait bien être aussi virulent que le mal qu’il est censé combattre. Lire la suite

WIND RIVER

La chevauchée des bannies

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« Je n’avais cessé de penser à ces montagnes tout le temps où j’étais loin, et je m’étais juré que pas un jour ne passerait sans que je les regarde une fois que je serais de retour. La plupart du temps, je n’oubliais pas mon serment. »

Craig Johnson, Little Bird, 2005

En ces temps d’asphyxie identitaire, de mal-être politique, l’Amérique soudain avale un grand bol d’air froid quelque part sur les prairies gelées de la  « Wind River » Reservation. Loin d’être sur la réserve, Taylor Sheridan tourne un film qui s’adosse à un fait d’hiver, écho assourdi d’une fille perdue dans la neige, avalée par l’infinitude montagneuse. Lire la suite

COMANCHERIA

Seuls sont les indomptés

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– Comment que ça dit, Tom ?

– Ça dit : « Deux valent mieux qu’un, car ils sont mieux payés de leurs peines. Car s’ils tombent, l’un aidera l’autre à se relever. Mais malheur à qui est seul. S’il tombe, il n’a personne pour le relever. » En voilà un bout.

John Steinbeck, Les raisins de la Colère, 1939.

Le Sud sent le chaud. Le soleil rasant de la fin de journée vient brûler l’ocre de la poussière qui se reflète sur les parois blanchâtres des caravanes cradoques posées sur des étendues arides du Texas. Le western n’est jamais aussi beau que lorsqu’il revêt ses couleurs crépusculaires et règne sur cette « Comancheria » vue à travers les yeux d’un Anglais tout juste sorti de prison. David McKenzie tapait « les poings contre les murs » dans son précédent film, comme pour dénoncer l’injustice sociale qui avait conduit ses personnages à l’ombre. Curieux de voir si les perspectives sont plus radieuses de l’autre côté de l’Atlantique, il a donc gagné cet Ouest lointain, troquant les barreaux du pénitencier contre des barbelés déroulés « along the road ». Lire la suite