La CHEVAUCHEE FANTASTIQUE

Ringo unchained

« Je n’ai subi qu’une fois l’influence de quelqu’un : avant de tourner Citizen Kane, j’ai vu quarante fois La Chevauchée fantastique. »

Orson Welles

Ceux qui ont fait le voyage jusqu’à la frontière entre Arizona et Utah, au plein cœur du parc naturel de Monument Valley, ont pu admirer le panorama grandiose depuis un point précis appelé John Ford Point. C’est là que, il y a des décennies, le grand réalisateur plaça sa caméra pour mieux embrasser ces merveilles d’Amérique, grandes cathédrales de schiste et de grès qui font l’arrière-plan idéal à la construction d’un mythe de cinéma : celui du Far-West. Pour sillonner cette vaste étendue minérale et majestueuse, il utilise un moyen de transport rudimentaire, un frêle esquif brinquebalant tiré par un attelage à six chevaux, véhicule tout tracé pour une « Chevauchée Fantastique », le temps d’un film fondateur qui sera le berceau d’une star. Lire la suite

La VIE est BELLE

Et si tu n’existais pas ?

« Ils perdirent l’Etoile un soir. Pourquoi perd-on
L’Etoile ? Pour l’avoir parfois trop regardée… »

Edmond Rostand, les Rois Mages, 1922

Noël autorise tous les miracles. Celui d’un monde soudainement apaisé, rendu calme et serein par l’opération du saint esprit. Il suffit d’un instant de grâce pour que « les Bonnes Etoiles » de Kore-eda nous soufflent à l’oreille « Merci à toi d’être né » et redonne alors de l’importance à un idéal que l’on a cru vain. Il suffit qu’un ange passe, et puis « la Vie est Belle ». Elle l’est surtout grâce à Franck Capra qui, au sortir de la guerre, inscrit ce chef d’œuvre qu’il serait blâmable d’ignorer en période de fête, et même criminel d’oublier le restant de l’année. Lire la suite

La DOUBLE ENIGME

Sœur de sang

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« Je me suis mariée avant Olivia, j’ai remporté un Oscar avant elle et, si je meurs la première, elle sera sans aucun doute furieuse que je l’ai battue. »

Joan Fontaine

Après la disparition de Kirk Douglas, elle incarnait sans doute à elle seule la dernière preuve vivante de ce que fut l’âge d’or d’Hollywood. Maintenant qu’Olivia de Havilland n’est plus, cette dernière page illustre nous est arrachée définitivement, emportée par le vent. Souvent réduite à ses rôles de faire-valoir emblématiques, dans « Gone with the wind », « Robin des Bois » et autre flibusteries cavalières dans les bras d’Errol Flynn, elle s’était montrée aussi femme de caractère, n’hésitant pas à défier la Warner pour affirmer ses droits. Enfin libérée de ses chaînes contractuelles, elle devenait « la Double énigme » de Robert Siodmak, telle un reflet aux deux visages lui permettant de se dévoiler sous un autre jour et de régler ses comptes avec une sœur qui ne manquait pas une occasion de lui faire de l’ombre.

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