DUNE (2021)

Rêve de sable

« Si l’on accepte le cinéma comme une passerelle entre le monde des songes et la réalité, et que ce rêve éveillé que propose l’adaptation de « Dune » s’inspire du roman et des trajectoires que nous avons collectivement empruntées, comme Frank Herbert, je ne peux qu’anticiper avec crainte les violences qu’inspirera une nature finalement acculée au pied du mur. De toute évidence, si nous ne modifions pas notre trajectoire, comme Paul Atréides, il nous faudra apprendre à nager dans des eaux étranges. »

Denis Villeneuve, préface de « Dune » de Frank Herbert, Robert Laffont, 2021.

« Tell me of your homeworld, Usul »

Chani in « Dune » de David Lynch, 1984.

Sous le sable ondulant du désert, nul ne sait la teneur du péril qui nous guette. Observant les effets des sables conquérants de l’Oregon, l’écrivain Frank Herbert avait préféré diriger sa plume vers un ciel rempli d’étoiles. De son regard perçant, il a entrevu un futur, celui d’une humanité déchirée par des enjeux de pouvoir, des ambitions galopantes, mais aussi l’espoir d’un réveil salvateur sur une planète asséchée de toutes parts. Le jeune Denis Villeneuve s’est saisi de ce rêve inscrit dans une Bible orange, il s’en est fait le film dans sa tête. Après des décennies de campagnes hallucinogènes, de conquêtes avortées, de voyages immobiles, de calendriers contrariés, le soleil se lève enfin sur Arrakis, l’ombre immense de « Dune » enfin nous submerge. Lire la suite

HOSTILES

Two rode together

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« The only good indians I ever saw were dead. »

General Philip Sheridan, 1871

Aujourd’hui plus qu’hier encore, le western est moribond. Les Oscars d’Eastwood et de Costner sont désormais bien loin et ils ne sont plus qu’une poignée chaque année à entretenir la flamme du bivouac. Parmi eux, il y a Scott Cooper, qui pense que « tout réalisateur américain qui se respecte devrait, à un moment de sa carrière, diriger un western. » C’est chose faite en ce qui le concerne avec « Hostiles », chronique âpre et brutale d’un passé taché de sang. Lire la suite

Call me by your name

Partenaires particuliers

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« Ah ! s’il m’était donné, Juventius, de baiser sans cesse tes yeux si doux,
Trois cent mille baisers ne pourraient assouvir mon amour ;
Que dis-je ? fussent-ils plus nombreux que les épis mûrs de la moisson,
Ce serait encore trop peu de baisers. »

Catulle, Ier siècle avant JC

Un été 83, le cœur de Buñuel vient de lâcher non sans avoir exploré « cet obscur objet du désir ». Trente-cinq ans plus tard, le Sicilien Luca Guadagnino entend en prolonger l’éveil des sens en plaçant l’intrigue de « Call me by your name » cette même année si riche en souvenirs.

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