Légitime Violence

Un seul bras les tua tous

« La première fois que j’ai vu « Légitime violence » avec ma mère et son compagnon Marco en 77, le jour de la sortie du film à Los Angeles, lors d’une double séance avec « Opération Dragon », putain j’ai été médusé. »

Quentin Tarantino, Cinéma Spéculations, 2023.

« Rolling Thunder » : nom de code des opérations de bombardement sur le nord Vietnam entre 1965 et 1972. Le titre tonne comme un déluge de feu. En France, le film est connu sous l’appellation « Légitime violence », réalisé par le méconnu John Flynn, cinéaste ayant déjà fait « Echec à l’Organisation », que Tarantino a toujours admiré et voulu réhabiliter. « Le film de John Flynn et la prestation de William Devane marquent la première fois où j’ai plongé dans la complexité d’un personnage en allant au-delà de ce qu’il y avait à l’écran. » écrit-il dans ses récentes confessions critiques. Car il y a, il est vrai, dans les éclaboussures de sang qui jalonnent ce pur récit de vengeance écrit par Paul Schrader, la plaie encore à vif du fiasco vietnamien dont on n’a alors pas fini de compter les victimes. Lire la suite

AD ASTRA

L’aventurier de l’arche perdue

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« Il faut pouvoir saisir plus qu’on ne peut étreindre. Sinon, pourquoi le ciel ? »

Robert Browning, Men and Women, 1855.

S’élever, c’est aussi dépasser les limites. Depuis quelques années maintenant, il est venu à James Gray des envies d’ailleurs, d’inconnu, de cités perdues. Des berges de sa métropole d’origine, là où la nuit lui appartient lorsque la Liberté éclaire le Monde, il est parti explorer le cœur des ténèbres amazoniennes. Depuis, la jungle a brûlé, à cause de la folie des hommes, ces « dévoreurs de mondes ». Alors il a choisi de porter son regard plus loin encore, « Ad Astra », là où tout a commencé, et là où tout finit. Suivant la route tracée par Kubrick un demi-siècle auparavant, il s’élance vers les étoiles à travers les difficultés, prenant le risque de s’égarer. Can your hear me Major Gray ? Lire la suite

TOP 10 des westerns des années 2000

« Le vent souffle en Arizona
Un État d’Amérique dans lequel Harry zona
Cow-boy dingue du bang bang du flingue
De l’arme, du cheval et de quoi faire la bringue »

Claude MC Solaar, Le Nouveau Western in Prose combat (1994)

Il est mort, il est mort le western. Cela fait des décennies que cette vieille antienne de coin du feu ne cesse d’empoisonner le crépuscule d’un genre pourtant plus vif qu’il n’y paraît. Tant de bobines ont été déroulées, et pourtant les lonesome cowboys cornaquent encore leurs têtes de bétail à travers les grandes plaines de l’Ouest, les trains filent encore à toute vapeur pour échapper aux desperados en cavale, et l’on verra encore des charriots brinquebaler sur la piste des géants d’antan. Le western, c’est l’Amérique, mais pas seulement,  c’est aussi un genre sans frontières. Quelques titres ont passé celle du nouveau millénaire. Ils témoignent d’un genre qui n’est pas résolu à mordre la poussière, qui ne compte pas finir les pieds devant. Ce petit florilège posté en embuscade et qui, du haut des canyons, n’aperçoit pas encore son soleil couchant, chevauche peut-être celui de l’ami Goran, ou peut-être celui de la dame Camellia Burrows. Qu’importe, car il indique la piste des films à voir ou à revoir au grand galop : Lire la suite