ANT-MAN et la GUEPE

Drôles de petites bêtes

Ant-Man-and-the-Wasp-1

« Il faut, autant qu’on peut, obliger tout le monde :
On a souvent besoin d’un plus petit que soi.
De cette vérité deux fables feront foi,
Tant la chose en preuves abonde. »

Jean de la Fontaine, Le lion et le rat, 1668

Ça commence à fourmiller de bestioles dans l’univers Marvel. Il y a trois ans, le grand public faisait connaissance avec, « Ant-man », le plus petit des Avengers imaginés par Stan Lee. Les lecteurs avertis de comics savaient déjà qu’à la fourmi bagarreuse s’associe forcément sa piquante compagne ailée pour former le duo que Peyton Reed met cette fois en scène : « Ant-man et la guêpe ».

Entre-temps, on n’avait pas totalement perdu de vue l’homme-insecte puisqu’il s’était manifesté durant la fameuse « Civil War » opposant une partie des Super-héros du Marvel Cinematic Universe à l’autre. Ant-man ayant choisi d’entrer dans le rang de la fronde menée par le Captain America, les scénaristes avaient alors jugé opportun d’intégrer son pendant arachnéen dans l’équipe adverse. Il faut dire que ces deux héros d’ascendance invertébrée sont comparables sur plusieurs points. Ni dieux, ni savants, ni soldats, ni même riches hommes d’affaire, ils sont tous deux des citoyens ordinaires qui se retrouvent en capacité de rendre quelques services à l’humanité. Au civil, leur situation est aussi trivialement comparable : Scott Lang est un père divorcé qui ne voit sa fille qu’un week end sur deux, frappé d’une assignation à résidence contrôlée par un bracelet électronique pour couronner le tout, là où « Spider-man » est un orphelin qui vit chez sa tante veuve dans les quartiers populaires de New York.

Dans « Ant-man et la guêpe », on change néanmoins de côte pour rejoindre les rues de San Francisco où l’on retrouve naturellement Michael Douglas. L’acteur n’est plus vraiment le jeune inspecteur fougueux de la fameuse série des seventies (encore que le lifting numérique fasse ici quelques miracles à l’occasion d’une nouvelle séquence flash-back), mais un vieux scientifique à la barbichette blanchâtre qui a le bon goût de ne jamais se départir de sa fille interprétée par la tonique Evangeline Lilly. Elle sera la guêpe promise dans le titre et annoncée dès la séquence post-générique du film précédent. Quant à l’homme-fourmi, il est toujours l’affaire de Paul Rudd, le récurrent des comédies grasses de Judd Apatow, choisi précisément pour cet air un peu ahuri qu’il donne parfois au personnage. Comme les blagues sont plus drôles quand on en rit à plusieurs, l’acteur retrouve évidemment ses potes de cellule (cette fois rangés de la cambriole puisqu’ils font dans… la sécurité !), notamment l’inénarrable et sympa Luis qui va si bien à Michael Peña, forcément fréquentable en tant que fan absolu du chanteur Morrissey.

Après le grand barouf traumatique de la récente « Infinity War » qui nous laissait dans une incertitude insupportable, Marvel avait bien conscience qu’une pause un peu plus légère et récréative s’imposait. « L’insecte, c’est une autre philosophie, un autre espace-temps, une autre dimension. » écrivait Bernard Werber dans son Best-seller sur « les Fourmis ». En effet, on change d’échelle dans ce film, d’abord sur le plan des enjeux qui peuvent paraitre bien futiles au regard de ceux qui mobilisent le reste des Avengers à l’autre bout du pays. Le tandem insectoïde va ici partir à la recherche de la guêpe « mère » (Michelle Pfeiffer, sans doute elle-aussi très heureuse de se revoir aussi belle qu’au temps où elle miaulait en Catwoman), perdue dans l’univers subatomique depuis une trentaine d’années suite à un acte de bravoure qui sauva l’humanité.

« Nous avons essayé d’aborder ces changements d’échelle et tout ce qui avait été créé pour le premier film de manière encore plus ludique. » confie Peyton Reed qui s’amuse comme un gosse à faire de notre environnement un vaste terrain de jeu rempli d’accessoires miniatures et de figur(in)es imposées. On passera sur les péripéties diverses et variées qui n’ont que peu d’intérêt sur l’issue du scénario, tout comme sur les antagonistes qui se partagent entre malfrats guignolesques (dans la veine de ceux qui s’en prenaient jadis au gamin qui avait raté l’avion), flics à la ramasse et Fantôme de laboratoire permettant à Laurence Fishburne de croquer à son tour une part du Marvelverse.

« Ant-man et la guêpe », c’est d’abord une affaire de famille dont le noyau est à chercher jusque dans la dimension quantique. C’est l’histoire d’une réunion, d’une cohésion élémentaire qui lie les êtres entre eux, défiant s’il le faut les lois du temps et de l’espace. Lorsque la belle-mère entre en phase avec le gendre et que toute la famille se prend la main, le courant passe naturellement, et l’espiègle réalisateur d’en faire un moment irrésistible. Se prendre en main, c’est aussi ce que font de plus en plus les femmes des scénarii Marvel. Car ici c’est bien l’héroïne à taille de guêpe qui est la reine du spectacle, là où le petit homme-fourmi fait souvent figure de gaffeur de service.

Ant-man reste néanmoins la cheville ouvrière de cette fourmilière agitée qui, entre la farouche combattante qui tient de sa mère, le vieux savant toujours amoureux et la petite fille aux ressources prometteuses, donne le change en matière de grand spectacle. Peyton Reed parvient à lier l’ensemble sur le ton de la blague, et si les vannes à la chaîne ont parfois l’air de puiser dans le registre navrant des « Gardiens de la Galaxie », le second degré revendiqué et affiché est toujours plus recevable que la vulgarité assumée par l’insolent trublion en lycra rouge du studio d’en face. Divertissant sans être renversant, « Ant-man et la guêpe » fait office de film transitionnel volatile, pas toujours drôle mais pas trop bête non plus.

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29 réflexions sur “ANT-MAN et la GUEPE

  1. Agréablement surpris. On retrouve quand même des aspects dignes de Wright (le passage du sérum qui n’est pas de vérité), mais dans l’ensemble Peyton Reed fait un peu ce qu’il veut. On reste avec Ant Man et ses potes et là aussi c’est quelque chose d’agréable d’autant que visuellement le cru n’est pas dégueu (et curieusement plus lisible qu’Infinity War).

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    • J’avoue que le gag du sérum ne m’a esquissé qu’un maigre sourire. J’étais beaucoup plus amusé quand Janet parlé à Hank par la voix de Scott (hommage à Behind the Cadelabra?)
      Film plaisant, dans la veine du premier mais sans le charme de la découverte. Manque un bon méchant quand même,non ?

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  2. Belle mère et gendre comme tu y vas. L’affaire n’est pas conclue il me semble. A part des regards énamourés et un petit bisou c’est encore bien chaste entre les 2 bestioles.
    Le gag du serum n’est absolument pas drôle… trop lourd à digérer mais pour le reste je me suis bien amusée. J’avais été plus sévère pour le 1er.
    Le couple de vieux est néanmoins mille fois plus sexy que le jeune. Entre l’air con de Rudd et l’air en plastique de Lilly… s’ils se reproduisent ça va pas être jobard. Quoique la chirurgie esthétique ne soit pas génétiquement ou subquantiquement transmissible…
    P.S. : je ne comprends pas, c’est Spider que tu trouves vulgaire ?

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    • On est à deux atomes (crochus) de l’union sacrée tout de même ! 😉
      Bref, moi non plus je n’ai pas tellement trouvé cette blague à base de sérum de vérité très amusante, ni même le running gag sur le tour de passe-passe avec les cartes. Mais bon, ça passe au milieu du reste.
      Le type en rouge, ce n’est pas Spidey qui, lui, est vraiment drôle et désormais rentré à la maison (tu as vu « Homecoming » ?) Je parlais plutôt du guignol qui fait des moulinets avec ses sabres en balançant gros mots et vannes qui ne dépassent pas les 10 ans d’âge mental. Rien que d’y penser, il me file des boutons celui-là.

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  3. Oui mais tant que c’est pas consommé…

    J’ai préféré les tours de cartes au serum…
    Ce qui m’amuse aussi (mais c’est très couillon), c’est de voir Ant, son ex et son nouveau mari qui se font des hugs à chaque fois qu’ils se voient 🙂

    Oh la la je suis allée vérifier. Je m’y perds dans tous ces films. Donc, oui je l’ai vu le HomeComing avec le tout choupinou Tom Holland. Aucun souvenir d’un bouffon qui mouline des bras.
    Je parle d’un « twist » en plein milieu du film et j’ai oublié aussi. Tu peux me rafraîchir ?

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    • Je ne sais pas si tu as vu le film qui lui est consacré (dire qu’ils ont osé même en faire un deuxième, beurk).
      Un indice : Ryan Reynolds à le rôle principal mais il n’est pas habillé en vert.
      Franchement si tu ne vois toujours pas de quel affreux jojo je parle… 😔

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  4. Ah cette couille molle de Ryan Reynolds (oui il n’en a qu’une)? Mais il n’est pas dans Home Coming ??? J’y comprends rien à tous ces mecs en lycra.
    Désolée je suis aussi vulgaire que DeadPool mais comme tu viens de m’énerver, CHEZ MOI en plus, j’ai le droit. Merde alors putain !

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