Le sens de l’innocence
« Je suis né de l’ombre, je suis né dans l’ombre et mon désir fut longtemps qu’on ne m’arrache pas à l’ombre où je suis. »
Pierre Goldman, Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France, 1975.
Au hasard des allées de pavés encombrées et étroites de la quatrième division du cimetière du Père Lachaise, on peut tomber, tout à fait par hasard, nez à nez avec la sépulture de Pierre Goldman. Une tombe simple, froide, apparemment oubliée, comme il en existe des milliers dans cette vaste nécropole. Et pourtant. Ils étaient dix mille paraît-il à son enterrement. Alors que son petit frère Jean-Jacques n’est pas encore la coqueluche des plateaux de « Champs-Elysées », le nom de Goldman enflamme le monde médiatique à l’occasion d’un premier procès retentissant en 1974, puis lors de sa révision en 1976. Avec l’aide de sa co-scénariste Nathalie Herzberg, et le conseil de deux avocats de l’époque (les maîtres Chouraqui et Kiejman, décédé huit jours avant la première du film à Cannes), le cinéaste Cédric Kahn exhume « le Procès Goldman » car il semble encore avoir beaucoup à dire sur notre époque. Lire la suite