BABYLON

Cinéma inferno

« Elle : pardonnez-moi, ne seriez-vous pas Dick Powell ?
Lui : si, c’est bien moi.
Elle : Je me demandais si vous me… Je pensais que peut-être (sanglots)
Lui : Allons, allons… Que se passe-t-il ?
Elle : Oh, vous ne comprendriez pas. Hollywood vous a toujours souri !
Lui : Qu’entendez-vous par là ? (…) »

Babylone, capitale antique de la Mésopotamie, symbole de la démesure qui aboutit à son effondrement. On a longtemps prédit le même sort à la Mecque du cinéma, grand parc d’attraction de l’industrie du septième art dont les quatre dernières lettres ont depuis belle lurette dégringolé des hauteurs d’Hollywood. Après avoir chanté les louanges et les désillusions du « La La Land », Damien Chazelle entend dévoiler les fondations de cette nouvelle « Babylon » noyée dans un film fleuve qui, à vouloir trop embrasser, bien mal étreint son art chéri.

Eléphantasque. C’est le sentiment qui ressort de cette fresque pachydermique qui cherche à en mettre plein la vue. Comme conscient de l’effet que va produire son film de trois heures, il nous en offre la métaphore dans la séquence pré-générique. Manuel Torres (incarné par le brave Diego Calva qui ne sait pas encore dans quelle galère il vient de se fourrer) doit convoyer un éléphant qui fera sensation durant la fête organisée par Don Wallach (Jeff Garlin, aux faux-airs de Harvey Weinstein) dans sa villa baroque dominant la vallée californienne. Le camion dégotté près des cultures d’orangers aura bien de la peine à gravir la route pentue qui mène jusqu’aux festivités : la corde qui tracte vers le sommet le pesant chargement finira par céder, laissant un animal en stress et le véhicule en roue libre. C’est un peu le sentiment que le film procure dans la scène qui suit, qui nous emporte en un vertigineux travelling dans une bacchanale ahurissante, à faire pâlir de ridicule les orgies phénoménales que Tinto Brass avait filmées pour son « Caligula ».

Dans ce chaudron de chair, d’alcool et de swing musical, Chazelle jette immédiatement les quatre ingrédients principaux de son scénario à savoir l’immigré mexicain qui rêve d’une place sur un plateau, une aspirante It-girl prête à livrer son corps à la célébrité, un playboy finissant du cinéma muet et un trompettiste black parce que chez Damien Chazelle un orchestre de jazz ne traîne jamais bien loin. « Avec Justin Hurwitz, le compositeur de « Babylon », on a beaucoup discuté de la place que la musique allait prendre dans le film, de la façon dont je voulais qu’on ‘voie’ la musique, qu’elle ne disparaisse pas dans l’image » explique le réalisateur dans Cinéma Teaser. Chazelle ne lâche donc pas la main de son orfèvre des partitions, celui qui aura contribué quasiment à part égale au succès de « Whiplash » et surtout de « La La Land ». Dans leur collaboration suivante, Chazelle avait voulu viser plus sobre, suivant les pas assourdis d’un « First Man » au profil bas. Toutefois, le succès ne fut pas aussi fracassant, et c’est comme si tout à coup Chazelle explosait, tel un boulet de canon dans l’œil de la Lune, éperdument convaincu qu’en allant à « Babylon » il pourrait retrouver la barraca.

Alors il fait du bruit, il monte le son, il éclabousse l’écran de plans virtuoses mais totalement vides de sens. Chazelle absorbe plus de cent ans de cinéma et en fait une indigestion : on y boit, on se drogue et on jure beaucoup, on pisse, on défèque, on se masturbe, on pique sa crise et on transpire jusqu’à en crever, et puis on vomit sur les beaux tapis pour le plaisir de tout salir. Le gros souci, c’est que dans ces années folles qui sautent de Sodome en Gomorrhe, les personnages se perdent, et l’histoire avec eux. Chazelle, en bon musicien qu’il revendique être, rêve pourtant d’un film choral, aspire à la fusion de Robert Altman et de Martin Scorsese. Il rêve de rejouer « The Player » dans une fresque aussi dantesque et décadente que l’est « le Loup de Wall Street ». Malheureusement, il se prend vite les pieds dans le vomi, puis s’abîme dans les caves du film d’horreur en ramassant pour quelques scènes grotesques le pauvre Tobey Maguire qui a voulu croire dans ce projet.

Il y avait pourtant à dire en effet sur cette période d’essor d’un art inscrit sur pellicule inflammable. Kenneth Anger en a raconté les riches heures et les potins dans son fameux « Hollywood Babylon » que Damien Chazelle reconnaît avoir sur sa table de chevet. Il y puise ses silhouettes fictives, ses ombres de stars fantasmées, des portraits déjà vus. Margot Robbie en fait des caisses et devient proprement insupportable sous la crinière échevelée d’une Nellie LaRoy sans filtre et sans pudeur, sorte de mélange improbable de Clara Bow et de Constance Bennett qui danserait sur les tables comme Brigitte Bardot. John Gilbert devient Jack Conrad sous les traits de Brad Pitt, mais mieux vaut revoir « The Artist » pour trouver portrait plus drôle et plus savoureux. Le phénomène Lady Fay Zu rejoue, grâce à Li Jun Li, l’énigme Anna May Wong, la beauté asiatique qui fit souffler un vent exotique dans les studios et sur laquelle Chazelle tente de plaquer l’élégance androgyne de Marlene Dietrich. On verra même Spike Jonze prendre l’accent germanique pour faire un ersatz de Von Stroheim le temps d’une reconstitution de tournage pharaonique. Et puis il y a Sidney Palmer, trompettiste noir qui emprunte sa virtuosité à Louis Armstrong, interprété par Jovan Adepo qui sera le seul à s’extirper dignement de cette débâcle éreintante.

« Babylon » se veut une chronique acide de leurs ambitions contrariées – thème chazellien par excellence – qu’il veut ici désabusée jusqu’à plus soif. En sortant du silence, le cinéma muet aura fait le vide, obligeant les exubérances d’antan à obéir au diktat de la bienséance et du preneur de son. Rien de neuf sous le soleil de Bel Air, d’autant que le film en brasse beaucoup. Les quelques idées forces se dissolvent en des arcs narratifs sans véritable amarre critique (à part peut-être cette tirade d’Elinor, la chroniqueuse mondaine confiée à Jean Smart), où l’émotion semble sans cesse chercher sa place sans vraiment la trouver. Les points d’intérêt ne surnagent qu’à de brefs endroits du script, notamment dans la relation trop esquissée qu’entretient Jack Conrad avec son producteur George Munn, ou bien chez un personnage de réalisatrice que Chazelle ne juge pourtant pas nécessaire de développer, préférant se gaver de l’abjection du marigot crocodilien dans lequel ils baignent. « Bien sûr que « Babylon », c’est trop, dit encore Damien Chazelle. Comme un repas complet qu’on voudrait servir à table. » Mais trois heures de ce manège qui virevolte jusque dans un épilogue clipesque en hommage à la magie du ciné et aux films que l’on chante sous la pluie finit de faire regretter le voyage en « Oh la la land ».

« (…) Elle : Oh, c’est une vieille histoire vous savez… Il y avait un concours de beauté à Little Rock. Je suis arrivée première. Alors je suis venue à Hollywood pour devenir célèbre. Au lieu de ça, me voilà sur Hollywood Boulevard à deux heures du matin. Et je n’ai nulle part où aller. (sanglots)
Lui : Oh, pauvre enfant. Pourquoi ne pas rentrer chez vous ? Si je peux faire quoi que ce soit… »

Extrait d’une séquence coupée de la comédie musicale « Moulin Rouge » (1934) de Sidney Lanfield.

67 réflexions sur “BABYLON

  1. A review that I read with great interest. This is a film that interests me but that I have read mixed reviews of. Your review has been very comprehensive, speaking of a perhaps too baroque work that wants to talk about many things, wants to talk about a decadent place, but risks getting lost too many times. I admit I’m still interested in seeing this film, sooner or later I will.

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    • I must admit this is a big disappointment for me. I usually like Chazelle’s work and how he handles the problematic question of ambition, especially in the Hollywood place. I think here, he missed his goal, totally lost or mesmerized by the decadence atmosphere of silent movies era, forgetting the subtility in the orgies. And Robbie’s character is too much a cliché here, I can’t stand.
      But it was an ambitious project, probably too ambitious and the massive crash in box-office could be a death sentence for future author’s big intentions. And that’s not good too.

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    • Si la musique est très présente, le côté comédie musicale qui t’avait peut être gêné dans « La La Land » est beaucoup moins marquant dans « Babylon ». C’est peut être d’ailleurs un regret pour ma part car cela aurait pu alléger ce climat de crise de nerf permanente qui, sur trois heures, m’a furieusement agacé.

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  2. L’hommage clipesque m’a mis les larmes aux yeux à moi.
    Et j’ai aimé que Chazelle casse un peu l’image proprette du cinéma des origines de cinémathèque comme si tout avait été sage et bien rangé. J’ai aimé ce bordel même si j’ai détesté le caca vomi crachats. Dans mon souvenir, ya pas de prouts.
    C’est souvent très bien interprété et la musique fait décoller. Certains personnages sont vraiment forts et parviennent à exister. D’autres sont délaissés, comme celui de la réalisatrice, je suis d’accord mais elle est quand même très présente.
    Je suis d’accord, Margot est exaspérante dès son arrivée, mais pour avoir fréquenté (contre mon gré) un cocaïnomane, elle réussit parfaitement à rendre les effets de cette poudre. Ces gens au pif explosé sont constamment en surchauffe, hystériques, survoltés, suant, fatigants, incapables de penser, au discours lénifiant et nombriliste… et pendant les descentes, c’est la déprime totale. Par contre le film ne montre pas la d’échéance physique que la coke à cette dose provoque.
    Bref, je comprends qu’on aime pas. J’ai choisi de me laisser emporter malgré mes réserves.

    se prend vite les pied
    Les quelques idées forces

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    • Ce montage final en forme de trip psychédélique façon « 2001 », qui tente de revisiter à vitesse grand V tout le cinéma de Méliès à « Avatar » est d’un didactisme à faire peur. Le dernier qui m’a fait ça c’est Stallone qui revisitait tous ses Rambo à la fin de « Last Blood ».
      Franchement, c’est pas la meilleure idée du film, comme de nous ramener une fois de plus à la fête… Bref, comme tu l’écris, il y a quand même des petits points d’intérêt. On en a déjà parlé mais je crois que si le film avait été davantage resserré sur Jack Conrad (Brad), le film aurait eu plus de tenue. Le problème est que Chazelle se prend un peu vite pour Scorsese ou Altman, voire pour Demy et ses destins croisés, et je trouve que ça ne fonctionne pas. Sa mise en scène est sans cesse prise dans la tourmente, et ses choix trop insistants ou démonstratifs (cette répétition de scènes de tournage lors du passage au parlant et qui finit par la crise de nerf de l’assistant, j’en pouvais plus).
      La déchéance physique, on va dire qu’on la voit sur le visage de Tobey Maguire.

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      • J’aime bien qu’on revisite le cinéma moi. ça m’éblouit.
        La scène exécrable, prévisible, inutile et interminable est pour moi celle où Margot est censée avoir été transformée en princesse (il suffit de voir son horrible robe chiffon et son allure pour savoir que non) avec les quelques personnes qui l’entourent et la toisent de leur mépris. Je ne pensais pas qu’elle avait autant de réserve dans son estomac Margotte mais cette scène est détestable et on sait dès qu’elle monte l’escalier que ça va partir en sucette. Pourquoi dure-t-elle un quart d’heure ???
        Il y aurait eu besoin de quelques coups de ciseaux pour faire un film d’une heure de moins, je suis d’accord. Notamment aussi dans la scène où Margot ne se positionne pas toujours au bon endroit pour lâcher sa valise. Mais les nouveautés imposées par le parlant sont très intéressantes dans cette scène.

        Mais pour la scène des tournages dans le désert au soleil couchant, le bric à brac artisanal, tous les techniciens et matériels au milieu des figurants, le beau personnage de Brad, si aimable avec le petit personnel, ses mariages, même la scène d’orgie du début, TOUTES les scènes musicales et j’en passe.
        Je pense que ce film aura ses adeptes et ses contradicteurs et que ce sera so hype d’être de l’une ou l’autre des confréries.

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        • Un film qui divise et qui fait débat est toujours un film intéressant.
          Ceci dit, je constate que tu lui trouves pas mal de points négatifs, qui rejoignent d’ailleurs quelques-uns des miens (la scène du tournage avec le son).
          Dans ce cas, je vais aussi lui trouver quelques bonnes choses : tu parles des techniciens… eh bien en effet, il y a ce plan formidable du tournage du peplum où on voit tous les technicos qui attendent, qui bâillent, qui s’affairent,… et puis il y a cet orchestre en plein air qui nous rappelle que certains réalisateurs voulaient à l’époque que les acteurs aient la musique d’ambiance sur le plateau pour s’imprégner de l’humeur de la scène, ce que fera plus tard Sergio Leone, autre grosse influence de Chazelle sur « Babylon », les gros plans sur les yeux, etc… Bref « Babylon » c’est bien, mais par petits bouts, mais ce grand « fourzitout » de cinéma me donne un peu la g…

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  3. Bonjour Prince. Je vois que tu n’as pas trop aimé ce film de Chazelle et tes arguments sont convaincants. J’avais pour ma part aimé assez moyennement « la la land » qui est paraît-il son meilleur film donc je préfère m’abstenir avec ce réalisateur. Merci en tout cas de cette chronique fort bien écrite ! Bonne journée !

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    • Bonjour Marie-Anne,
      Grande déception en ce qui me concerne. J’avais beaucoup aimé « La La Land », donc je ne suis peut-être pas ici sur les mêmes attentes que toi, mais je pense toutefois, objectivement, que ce film pourrait bien te décevoir autant sinon plus. J’imagine que les éléments que j’évoque dans mon texte ont achevé de t’en éloigner.

      Par contre, je pense que tu peux peut-être te réconcilier avec Chazelle en voyant son magnifique « First Man », un très beau biopic intime qui n’a pas que pour vocation de retracer un épisode célèbre de la conquête spatiale, mais bien davantage de faire le lien entre un père et sa fille malade.

      FIRST MAN : le Premier Homme sur la Lune

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  4. Tes mots continuent de nourrir mon imaginaire autour de ce film, que nous avons réceptionné différemment.
    Je comprends parfaitement ta frustration autour des enjeux ambitieux de Chazelle. Ce trop-plein déborde d’entrée de jeu et pas forcément avec les arguments les plus pertinents. La désillusion est sans doute trop conforme à son approche, « Babylon » n’en reste pas moins un spectacle formidable dans sa première partie, où le grotesque triomphe selon moi. Ce qui n’est pas le cas concernant l’aparté, mimé par Tobey Maguire, pointant du doigt et illustrant ainsi les ténèbres et la noirceur du divertissement de manière assez embarrassante.

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    • C’est surtout que j’ai dû mal à me dire qu’il fallait trois heures pour raconter tout cela. Sans doute que oui car Chazelle veut à la fois se faire témoin du changement de paradigme avec la révolution du parlant et en même temps montrer les coulisses de l’industrie, les arrière-cuisines où on passe de la débauche totale au pince-fesse bien comme il faut. Sur le principe je suis d’accord, mais son obsession à vouloir entremêler tout cela (auquel il ajoute l’indispensable romance contrariée ou fantasmée) aboutit à cette hystérie permanente de la mise en scène qui m’a poussé dehors dès le départ. Tu évoques d’ailleurs cette séquence faramineuse de la fête chez Don Wallach, dans laquelle on sent qu’il veut glisser les anecdotes croustillantes lues chez Kenneth Anger ou ailleurs (l’affaire Arbuckle ici illustrée ne sert pas à grand chose dans le scénario franchement, sinon à faire mousser le petit Mexicain), peut-être arrive-t-elle trop tôt, et surtout elle est too much ! Comme le reste du film, c’est bien là le souci, qui se perd dans les anecdotes (ou bien il aurait fallu placer le film sous le point de vue de Elinor, la Louella du film). Chazelle s’est laissé bouffer par son sujet selon moi.

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  5. Du grand cinéma, audacieux et flamboyant… Mais pas un chef d’oeuvre, la faute à quelques passages où le mauvais goûts plus ou moins gratuits gâchent un peu le repas (!) mais ça reste si fou si dense sans compter un récit passionnant (origine du Code Hays en parallèle du passage Muet-Parlant)… Du vrai grand cinéma malgré les maladresses

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    • De grosses maladresses, et le flamboyant devient vit du flamby : ça se délite et ça s’affaisse (comme le camion trop lourd qui redescend la pente). Et la bouse de l’éléphant, franchement, c’était très mal parti.
      Le passage du muet au parlant est un nouveau médiocre remake de ce que « singin’ in the rain » chantait si bien. D’ailleurs Chazelle a tellement d’admiration pour ce film qu’il ne sait vraiment par quel bout le prendre, sinon de glisser des allusions tout au long du film en guise de jeu de piste. Code Hays pas mentionné, ni aucune allusion à la censure dans « Babylon ». C’était peut-être prévu dans la version de 4 heures ?
      Je crois qu’à un moment, il faut savoir faire des choix quand on écrit un scénario, ce que Chazelle n’a visiblement pas su faire.

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        • Le code s’applique surtout au contenu des films, ce que « Babylon » n’aborde pas. Ce sont les mœurs qui changent (et encore, ce n’est pas vrai pour tous car le livre de Kenneth Anger évoque d’autres scandales dans les années 30). Bref, c’est un détail, mais ça n’apporte rien au film.

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  6. Un retour de ta part que j’attendais avec beaucoup d’intérêt. Chazelle, je n’ai vu aucun de ses films (j’ai honte 😂) mais la bande annonce m’a plu. Il y a un petit côté Paul Thomas Anderson, réalisateur lui aussi assez fou. Je dis ça parce qu’il faut l’être un peu pour trouver un studio investissant autant d’argent dans un film de 3h pas si accessible que ça. Je sens ta déception. Ta chronique est extrêmement libre et sincère comme à chaque fois. C’est ce qui rend tes avis si précieux. Au final, je pensais allez le voir et bien je vais attendre la sortie Blu-ray… Passe une excellente soirée 😊🌞

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    • Aucune honte à ne pas avoir vu de film de Chazelle. Au contraire, ça te laisse l’opportunité de découvrir de très beaux films… Celui-ci mis à part, de mon point de vue. C’est vrai que Chazelle dans « Babylon » lorgne aussi sur PTA (qui lui-même prend sa source chez Scorsese, tout se rejoint), mais se montre nettement moins talentueux. La fin de « Babylon » peut rappeler « Boogie Nights », un film que je le reverrais bien tiens d’ailleurs. Tu viens de me donner une idée 😉

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  7. Voilà ce que c’est que de refiler une palme d’or à l’aimable plaisanterie pipi-caca-vomi de Ruben O. Maintenant tous les tacherons s’imaginent que c’est in… je m’attendais presque à voir apparaitre Jim Carrey du fin fond du fondement du pauvre pachyderme…
    First Man est le seul film que je supporte (et pas seulement parce qu’il y a Ryan G… quoique ^^).
    En ce qui concerne les turpitudes de Hollywood, je te conseille, si tu ne les as pas déjà vus, Le jour du fléau de Schlesinger avec Karen Black, poupée cassée, nettement plus émouvante que la Margot qui était plus sobre (ha ha) dans Harley Quinn et Gros plan de John Byrum avec l’excellent Richard Dreyfus (mais où s’est-il perdu celui-ci ?!) dans le rôle d’un réal hype trop tôt déchu.(malheureusement je crains que ça n’arrive pas de sitôt à Chazelle #help). Comme par hasard, deux films qui n’ont pas rencontré un succès fou, et pour cause, ils ne flattent pas bassement la bête.

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  8. Hello Florent. Ca me gratouille beaucoup de peur, ça me chatouille un peu d’envie. Et pas seulement la durée que j’aurais à la rigueur gérée et digérée. Ta note est très claire, et très imagée (éléphantasque, excellent). Alors la vraie Anna May Wong, le vrai Stroheim, je crois que je vais aller les saluer. Et revoir par exemple Les ensorcelés. Pour la musique le punch de Whiplash et la grace de La La Land, c’était bien. Bonne suite l’ami.
    PS. Replay Ida Lupino, vu deux des quatre jusqu’à présent, remarquables. Clin d’oeil, ils durent 1h06 et 1h08.🎬

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    • J’aimerais bien découvrir « Folies de femmes » de Stroheim, qui lui valut un combat acharné avec Thalberg justement. De lui, comme réalisateur, je n’ai dû voir que « Greed ». Film incroyable malgré le passage des censeurs.
      J’ai voulu me commander « What Price Hollywood ? » avec Constance Bennett, mais les prix sont juste ahurissant pour cette petite édition RKO.
      J’ai bien noté la diffusion des Lupino sur Arte. Je me suis arrangé pour les récupérer déjà. Pas encore visionnés (sauf « le voyage de la peur » que j’ai déjà en dvd depuis très longtemps). Très envie de découvrir « Bigamie » par exemple. Manque je crois « Outrage » dans la programmation.
      Bon week end ensoleillé cher Claude.

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  9. Je l’ai vu et personnellement j’ai eu l’impression d’assister à un grand film, même si je suis d’accord qu’il a des défauts. J’ai vraiment adoré la première partie, c’était vraiment incroyable.
    La seconde moins, mais elle montre le « fall », pour finir qu’il y ait une telle différence dans le rythme se comprend.
    J’ai aussi trouvé très amusant qu’on y trouve 2 des acteurs de Once upon a time qui parle aussi d’une période de transition du cinéma et je ne sais pas si c’était un clin d’œil ou du total hasard mais dans les deux films on voit le personnage joué par Margot Robbie aller voir le film dans lequel elle joue dans une salle de ciné.

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    • Je n’ai pas tellement senti de rupture de rythme justement entre la première et la seconde moitié, cela m’aurait peut-être d’ailleurs davantage convenu si cela avait été le cas. C’est vrai que le rapprochement avec le film de Tarantino fait immédiatement sens en présence de Brad Pitt et Margot Robbie. Elle se voit sur l’écran comme dans « once upon a time… » à ceci près que cette fois c’est bien le personnage fictif qu’elle incarne qui est à l’écran alors que Tarantino la mettait en face de l’image de la réelle Sharon Tate ce qui rendait le miroir des images bien plus fascinant à mon sens.
      Après, tant mieux si Chazelle est parvenu à toucher une partie du public et je regrette bien de ne pas en faire partie au regard de mon admiration pour son travail sur ses films précédents.

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  10. Eh bien, ce film est sorti chez moi et je me tâtais pour aller le voir écartelé que j’étais entre la référence au livre d’Anger (qui est génial) et le même casting que celui du dernier Tarantino (que je déteste).

    Disons que ton post a fait plus pencher la balance du côté « je ferais bien d’utiliser mon précieux temps pour l’intégrale Kurosawa » qui passe en ce moment. Il faudra que je découvre un jour Chazelle dont je n’ai vu aucun film.

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    • Kurosawa sans hésiter. C’est vrai que le bouquin d’Anger est formidable (même si, à certains endroits plus ou moins fantasmé) et j’aurais bien aimé retrouver ce côté sulfureux et potins sur l’écran. Chazelle reconnaît s’en être inspiré (ainsi que des écrits de Kevin Brownlow) mais s’est fixé sur un film choral et plusieurs lignes narratives à la manière d’un Altman ou d’un Demy (auquel il rendait un bel hommage dans « La La Land »), une fresque d’ampleur façon Leone ou Scorsese. Rien de tout cela ne fonctionne à mes yeux. Seules surnagent quelques interprétations, des idées ici et là mais sur trois heures, j’en ai retiré plus de mécontentement que de satisfaction.
      Mais ce n’est que mon avis.

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  11. I found it totally absorbing. From other reviews I came expecting to hate it. Not a masterpiece but very good nonetheless, with an energy that Hollywood at that time spun upon. Virtually everyone in Hollywood came from poverty, it was a place where career/financial dreams were made and one where dissipation was almost an art form. The moneyed elite hated these nouveau riche numbskulls who made millions from their faces and no industrialist would fawn upon these movie stars – with the possible exception of Garbo – as they later did over Bogart, Tracy, both Hepburns, Wayne. Unbridled, yes, but in essence also truthful.

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  12. Me suis emmerdé pendant 3h. 😦 Pour parler du passage du muet au parlant, mieux vaut revoir le magique Chantons sous la pluie, que Chazelle cite d’ailleurs jusqu’à plus soif avec la finesse d’un buldozer. Ici c’est la virtuosité au service du vide… Consternant.

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  13. Je sors à l’instant de la dernière séance dans ma salle préférée, après avoir attendu volontairement toutes les critiques à ce sujet. Bon. Mis à part la merde et le vomit, quelques longueurs, quelques séquences de trop…j’ai adoré. Mais je ne suis pas objective. Je crois que pour aimer ce film, il faut être dingue des USA, du cinéma hollywoodien, et du jazz ! Tout est démesuré, exagéré, dérangeant. Mais on sent vraiment l’amour pour le cinéma de Damien Chazelle, jusqu’à l’excès. J’avais eu une larme de fin pour La la land (mon côté fleur bleue), idem pour Babylon, pour la passion jusqu’à la mort.

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    • Le film a ses fans, mais je n’arrive pas à me résoudre à l’aimer. A la rigueur pour le personnage joué par Brad Pitt.
      Une larme pour « Lala Land » oui, mais pour « Babylon », un fond d’agacement mêlé d’une grande déception. L’amour pour le cinéma ici déborde tant qu’il dégouline, devient grossier, balourd. L’amour/haine du jazz est autrement plus éclatant dans « Whiplash », l’amour et les désillusions du cinéma bien plus poignantes dans « Lala Land », la solitude et la tristesse sidérale d’un homme qui a perdu son enfant tellement plus bouleversants dans « First Man ».
      A la rigueur, « Babylon » donne envie de relire Anger ou de plonger dans les romans de Fitzgerald.

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  14. Alors pour ce film je suis partagé. La mise en scène est phénoménale, le scénario complètement fou. On peut se réjouir qu’un studio puisse mettre cent millions de dollars dans un projet aussi « casse gueule ». J’ai été déçu, je trouve le film beaucoup trop long et l’interprétation de Brad Pitt m’a décontenancé. Où est passé la flamme au cœur d’un acteur pourtant si talentueux. Le botox fige ses expressions, c’est dommage.

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    • Tiens, c’est curieux, notre mécontentement ne se situe pas au même endroit. A mes yeux Brad Pitt est peut-être un des rares personnages à sauver de ce film (avec le trompettiste, mais qui ne semble hélas être là que pour la caution ethnique et jazzy).
      J’ai bien peur que Chazelle ne se soit laissé dévorer par son amour du septième, déchiré entre attraction et répulsion et phagocyté par la démesure du projet. Il est devient, comme sa métaphore initiale, pachydermique.
      Mais Chazelle a du talent, et je ne doute pas qu’il saura rebondir vers un autre projet.

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  15. Je suis moins pessimiste que toi. Les acteurs sont selon moi un vrai plus au film, car sans le jeu de Diego Calva et de Brad Pitt tout serait tombé en ruines. Mais il est vrai que, si je suis ressortie de la salle plutôt contente de mon visionnage, plus le temps passe plus je suis perplexe (l’aspect vomitif n’aide pas). Si vous avez trois heures à perdre je pense juste qu’il y a mieux à faire ! (The Fabelmans peut-être ? Elvis ? Une balade😂?)

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    • « The Fabelmans », assurément ! Ou bien « Singing in the rain » 😉
      Je suis peut-être un peu dur avec Diego Calva. Et je ne blâme nullement Brad pour ce rôle auquel il parvient à procurer un peu d’humanité. Là où je ne peux vraiment pas, c’est la partition de Margot Robbie. Et pourtant, c’est une actrice que j’avais bien aimé dans « Once upon a time… » et « Le Loup de Wall Street ».

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  16. Eh bien j’aurais dû te lire avant de le regarder, ce que je n’ai pas fait pour préserver un peu de suspense, me promettant de passer ici une fois le film vu. Nous avons donc à peu près le même avis puisque j’en suis ressortie écœurée et très déçue, surtout ayant tant aimé Whiplash et Lalaland…

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