BABYLON

Cinéma inferno

« Elle : pardonnez-moi, ne seriez-vous pas Dick Powell ?
Lui : si, c’est bien moi.
Elle : Je me demandais si vous me… Je pensais que peut-être (sanglots)
Lui : Allons, allons… Que se passe-t-il ?
Elle : Oh, vous ne comprendriez pas. Hollywood vous a toujours souri !
Lui : Qu’entendez-vous par là ? (…) »

Babylone, capitale antique de la Mésopotamie, symbole de la démesure qui aboutit à son effondrement. On a longtemps prédit le même sort à la Mecque du cinéma, grand parc d’attraction de l’industrie du septième art dont les quatre dernières lettres ont depuis belle lurette dégringolé des hauteurs d’Hollywood. Après avoir chanté les louanges et les désillusions du « La La Land », Damien Chazelle entend dévoiler les fondations de cette nouvelle « Babylon » noyée dans un film fleuve qui, à vouloir trop embrasser, bien mal étreint son art chéri. Lire la suite

SE7EN

Meet John Doe

« Or, voici quel a été le crime de Sodome, ta sœur : l’orgueil d’être bien repue et d’avoir toutes ses aises s’est trouvé en elle et en ses filles, et elle n’a pas soutenu la main du pauvre et du nécessiteux. Elles ont été hautaines, elles ont commis des abominations devant moi, et je les ai supprimées quand j’ai vu cela. »

Le Livre d’Ezechiel, chapitre 16, verset 49.

« Oh mon dieu ! Mais qu’est-ce qu’on a fait ? Qu’est-ce qui se passe ? » Brad Pitt se souvient de sa réaction après les premières projections-test de « Seven », s’adressant à son réalisateur David Fincher. Des films noirs, des scènes de crime, des assassins à l’imagination tordue, on en a pourtant croisé bon nombre sur les écrans de la Fox. Mais il faut bien avouer que celui imaginé par le scénariste Andrew Kevin Walker dépasse en perversité et en abomination tout ce qui a pu être montré jusqu’ici. Il pousse les portes d’un véritable cabinet de curiosités dans lequel s’exposent avec une troublante obscénité toutes les douleurs du vice. Lire la suite

AD ASTRA

L’aventurier de l’arche perdue

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« Il faut pouvoir saisir plus qu’on ne peut étreindre. Sinon, pourquoi le ciel ? »

Robert Browning, Men and Women, 1855.

S’élever, c’est aussi dépasser les limites. Depuis quelques années maintenant, il est venu à James Gray des envies d’ailleurs, d’inconnu, de cités perdues. Des berges de sa métropole d’origine, là où la nuit lui appartient lorsque la Liberté éclaire le Monde, il est parti explorer le cœur des ténèbres amazoniennes. Depuis, la jungle a brûlé, à cause de la folie des hommes, ces « dévoreurs de mondes ». Alors il a choisi de porter son regard plus loin encore, « Ad Astra », là où tout a commencé, et là où tout finit. Suivant la route tracée par Kubrick un demi-siècle auparavant, il s’élance vers les étoiles à travers les difficultés, prenant le risque de s’égarer. Can your hear me Major Gray ? Lire la suite

Once upon a time in… HOLLYWOOD

La ballade de Dalton

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« Pourtant, parfois, quand pluies et vents violents ont lavé les cieux, le bleu d’Egypte réapparaît au-dessus d’une plaine aux palmiers et aux tons espagnols éternels, comme l’île cythéréenne de Catalina posée à l’horizon sur son ruban bleu, les plateaux de tournage massifs et obsolètes tels des mastabas secrets se dessinant plus bas, et il nous est alors possible d’imaginer ce qui attira ici ces hommes ambitieux et téméraires, il fut un temps. »

Kenneth Anger, Hollywood Babylone, 1975

« Hollywood : une plantation d’orangers où se promènent des acteurs au chômage. »

Groucho Marx

Le 9 août 1969, au 10050 Cielo Drive à Benedict Canyon, un morceau du rêve hollywoodien s’est dilué dans le sang et les cris d’horreur. La mort de Sharon Tate et de ses invités présents ce soir-là a sonné le glas de l’été sans fin, a coupé l’herbe sous le pied des illusions hippies. Quentin Tarantino n’avait alors que 6 ans, mais il ne fait aucun doute que l’évènement a marqué sa jeune existence, alors même qu’il vivait à peine à trente minutes du lieu du drame. Un demi-siècle après, cet irréductible nostalgique remonte sur la colline, installe sa caméra à proximité des faits, pour nous conter le bon vieux temps des studios de cinéma, du swinging Los Angeles et des néons sur les boulevards. « Once upon a time in… Hollywood. »

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