En ver et contre tous
« Dieu a créé Arrakis pour éprouver les fidèles. »
Extrait de La Sagesse de Muad’Dib, par la princesse Irulan.
Pendant très longtemps, l’évocation du film « Dune », adapté du roman-monde de Frank Herbert, renvoyait exclusivement à la part la moins personnelle de l’œuvre de David Lynch. Sous l’emprise du magnat italien Dino de Laurentiis qui comptait bien profiter de l’aspiration provoquée par le succès colossal de la saga Star Wars, le film s’est d’abord abîmé sur les récifs du box-office, avant d’être totalement renié par son metteur en scène à l’occasion d’une diffusion en version longue pour la télévision. Depuis, « Dune » est devenu la chose du réalisateur canadien Denis Villeneuve, une adaptation bipartite qui pourrait bien devenir, loin devant « la Guerre des Etoiles », la plus convaincante boussole space-opératique que le cinéma ait produit. La plupart des spectateurs ignorent en revanche que ces films font suite à un projet pharaonique entamé au mitan des années soixante-dix par l’artiste surréaliste chilien Alejandro Jodorowsky et abandonné à la fin de cette même décennie faute de studio pour le financer. « Dune existe dans ce monde en tant que rêve » nous dit Jodorowsky. Il existe également sous la forme d’un passionnant documentaire de Frank Pavich intitulé explicitement « Jodorowsky’ Dune ». Lire la suite